par Heike Schmidt
Article publié le 23/04/2008 Dernière mise à jour le 23/04/2008 à 17:00 TU
Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, lors de la conférence de presse sur le plan d'action de la commission énergie et climat, à Bruxelles le 23 janvier 2008.
(Photo : Reuters)
Environnement et économie – ce sont les deux sujets phares au menu de la visite d’une importante délégation européenne ces 24 et 25 avril en Chine. Mais après la répression des manifestations au Tibet, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et ses neuf commissaires n’échapperont pas à un troisième sujet, bien plus délicat – celui des droits de l’homme.
La visite, sous les regards attentifs des entrepreneurs européens implantés en Chine, s’annonce inconfortable pour José Manuel Barroso et ses collègues. Comment naviguer entre la défense des intérêts économiques d’une part et la défense des droits de l’homme de l’autre sans pour autant heurter les sensibilités des autorités chinoises ? Un brin embarrassé, un porte-parole de la Commission a souligné en début de semaine que M. Barroso soulèvera les questions des droits de l’Homme et de la liberté d’expression. Selon lui, « il est clair que les événements récents au Tibet offrent une raison supplémentaire d’en parler ».
Reste à savoir si Pékin se montre disposé à entendre les bons conseils venant de Bruxelles. Rien ne semble moins sûr, vu la polémique qui oppose la Chine à la France après le fiasco du passage de la flamme olympique à Paris et les menaces de plusieurs dirigeants européens de bouder la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Si l’on rajoute à cela le fait que l’Union européenne est loin de parler d’une seule voix dans ce dossier très sensible, les Chinois n’auront pas trop de mal à ignorer les appels à plus de souplesse et à un dialogue avec le Dalaï-Lama. Pékin pourrait très bien jouer sur ce manque de cohésion des Européens, sachant pertinemment que beaucoup de pays refusent de critiquer la Chine compte tenu des intérêts économiques en jeu.
La Chine : partenaire stratégique de l’Union européenne
Avant même l’arrivée de la délégation européenne, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Jiang Yu, a mis en garde ses hôtes: « En tant que partenaire stratégique de la Chine, l’Union européenne devrait nous comprendre totalement et nous soutenir sur des questions liées à notre intégrité territoriale, tout en faisant la part du vrai et du faux ».
« Eviter toute confrontation directe », c’est d’ailleurs l’objectif annoncé par le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, lui-même du voyage : « Nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes voués à travailler avec la Chine, à aider la Chine à réussir », a-t-il prévenu. En visite à Pékin, les dix émissaires européens comptent plaider pour une plus grande ouverture du marché chinois aux entreprises et investissements, souhait cher au patronat européen.
L’autre grand sujet de ce voyage en Chine est presque aussi délicat que l’économie et les droits de l’homme : l’environnement. La délégation bruxelloise veut exhorter son partenaire chinois à participer davantage aux efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’enjeu est de concilier la protection de l’environnement avec l’essor économique de la Chine ces dernières années. Avec une croissance moyenne de 10% depuis 1990, le géant chinois est devenu la quatrième puissance économique dans le monde. Différentes études ont démontré que la Chine a déjà remplacé les Etats-Unis à la première place des émetteurs de dioxyde de carbone (CO2).
Climat : L’Union européenne a besoin du soutien chinois
Pour l’heure, la Chine n’a pas fait preuve de sa volonté de contribuer – ensemble avec la communauté internationale – à la protection de l’environnement. Tout comme l’Inde, la Chine considère que ce sont d’abord et avant tout les pays développés qui doivent fournir le gros des efforts pour laisser les puissances émergentes rattraper leur retard économique. L’enjeu pour les commissaires européens est donc de taille, car si l’Union européenne n’obtient pas le soutien de la Chine, ses objectifs ambitieux pour réduire les gaz à effet de serre risquent d’être réduits à néant.
Il ne reste que peu de temps aux 27 pays membres de l’Union européenne pour convaincre les autorités chinoises. En 2009, la conférence des Nations unies sur le climat à Copenhague doit se mettre d’accord sur le traité qui succèdera au protocole de Kyoto.
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