Article publié le 14/05/2008 Dernière mise à jour le 14/05/2008 à 04:19 TU
Funérailles d'un militant du Hezbollah à Beyrouth, le 13 mai 2008. Soixante-deux personnes ont été tuées depuis le 8 mai dans les affrontements entre combattants pro-gouvernementaux et pro-Hezbollah.
( Photo : AFP )
Avec l'un de nos correspondants à Beyrouth, Paul Khalifeh
C’est un Saad Hariri amer mais déterminé qui est intervenu en public mardi, pour la première fois depuis le début de la crise actuelle, le 8 mai. Le chef de la majorité parlementaire, dont les partisans ont été défaits face à ceux de l’opposition à Beyrouth, a été ferme : il ne négociera pas « avec un révolver à la tempe », et les succès militaires de l’opposition ne lui donneront aucun avantage politique.
« On nous demande « carrément » de nous soumettre, on veut que Beyrouth se couvre de drapeaux blancs, c’est impossible », a-t-il affirmé. « Ils n’obtiendront jamais ma signature sur un document qui consisterait à capituler face aux régimes iranien et syrien », a encore dit Saad Hariri.
Le chef de la majorité a accusé le Hezbollah et ses alliés d’avoir fomenté un coup d’Etat militaire au profit de Damas et de Téhéran. Il a fait état d’exactions et de perquisitions menées par des agents des services de renseignements syriens dans la capitale.
Sur le plan politique, Saad Hariri est resté assez vague. Il a affirmé que « tout dialogue doit commencer par la question de la sécurité dans les régions du Liban » - en allusion aux armes du Hezbollah.
Il est resté ambigu sur ses intentions concernant les deux décisions du gouvernement à l’origine de la crise : le démantèlement du réseau de télécommunications sécurisé du Hezbollah, et le limogeage du chef de service de sécurité de l’aéroport ; or leur règlement est la condition préalable posée par le Hezbollah avant tout règlement de la crise actuelle.
L'Arabie Saoudite met en garde l'Iran |
Saoud al-Fayçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères, a eu des mots très durs à l'égard des dirigeants iraniens. « L'éventuel soutien de Téhéran au coup d'Etat au Liban, entendez au Hezbollah libanais qui a engagé une épreuve de force avec le gouvernement libanais, affecterait, dit-il, les relations entre le monde arabe et l'Iran ». Saoud al-Fayçal a appelé toutes les parties régionales à respecter la souveraineté et l'indépendance du Liban et à arrêter de s'immiscer dans les affaires intérieures libanaises. A Téhéran, le président iranien lui-même a déclaré préférer ne pas répondre à l'avertissement saoudien, « par respect, a-t-il dit, pour le roi d'Arabie Saoudite Abdallah. Cette déclaration a sans doute été prononcée sous le coup de la colère, nous attendrons que cette colère s'appaise, nous nous exprimerons ensuite », a poursuivi le président iranien, en ajoutant que le point de vue du ministre saoudien n'était pas nécessairement le point de vue du roi. Ryad, dès le début de la crise libanaise, avait entrepris une médiation, sans succès. L'Arabie, sunnite, n'a jamais fait mystère de son soutien aux adversaires libanais du Hezbollah, le parti chiite. La Ligue arabe a dépêché à Beyrouth une équipe de médiateurs, dans laquelle ne figure à présent d'ailleurs aucun Saoudien, le Hezbollah libanais estimant que Ryad a fait cause commune avec le gouvernement Siniora, qui refuse d'acccéder au demandes de l'opposition libanaise. |
A écouter
Les Libanais ont la capacité à s'adapter aux circonstances difficiles, c'est leur nature. C'est un peu les bien faits d'une longue guerre jadis, qui les aide à devenir plus forts et plus résistants.
14/05/2008 par Diane Galliot
A lire