Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Birmanie

Ban Ki-moon, émissaire humanitaire

par Alain Renon

Article publié le 22/05/2008 Dernière mise à jour le 22/05/2008 à 16:12 TU

 Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a rendu visite à des familles de déplacés suite au cyclone Nargis.(Photo : Reuters)

Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a rendu visite à des familles de déplacés suite au cyclone Nargis.
(Photo : Reuters)

Le premier des dix hélicoptères de l'ONU, autorisés par les autorités birmanes à participer aux opérations de secours des quelque 2,4 millions rescapés du cyclone Nargis, est arrivé jeudi 22 mai à Rangoon. Peu après le Secrétaire général des Nations unies. Le déplacement est exceptionnel, sans précédent depuis 1964 pour un patron de l'ONU, mais la tâche de Ban Ki-moon s'annonce délicate : obtenir un feu vert à une aide internationale massive, que la junte refuse depuis la catastrophe, le 2 mai.

A son arrivée à Rangoon, Ban Ki-moon s'est dit plutôt « confiant » dans la capacité de l'Organisation mondiale et de la Birmanie à surmonter la crise, autrement dit pour l'ONU à ouvrir vraiment les portes du pays à l'assistance humanitaire. Il s'est aussitôt appliqué à ne pas froisser les militaires, en exprimant l'espoir que les Birmans pourront eux-mêmes coordonner cette aide considérable. Une façon très diplomatique de présenter les équipes étrangères, y compris les militaires français et américains, qui stationnent au large du delta de l'Irrawady, comme des renforts prêts à épauler l'organisation birmane des secours et non à suppléer ses carences ou ses manquements humanitaires.

« Des signes d'assouplissement »

Le diplomate sud-coréen tentera d'en convaincre ce vendredi, le numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, qui le recevra dans sa nouvelle capitale, Naypyidaw, à près de 400 kilomètres au nord de Rangoon. Ce sera le premier contact direct entre les deux hommes, depuis le terrible cyclone, Than Shwe ayant refusé de répondre aux appels téléphoniques répétés de Ban Ki-moon dans les heures et les jours qui avaient suivi le cataclysme. Faut-il y voir l'un des « signes d'assouplissement », que le Secrétaire général de l'ONU a évoqués, devant des journalistes qui l'accompagnaient pendant son survol des zones sinistrées du sud-ouest du pays dans l'après-midi du jeudi 22 mai ? Ban Ki-moon n'a pas été plus explicite. Quelques heures plus tôt, il avait qualifié de « constructif » ses entretiens avec le Premier ministre birman, le général Thein Sein. Sans plus de détails.

Avant même d'arriver en Birmanie, le patron de l'ONU avait jugé utile de rappeler que sa mission était « exclusivement humanitaire ». C'est pour cette raison qu'aucun rendez-vous n'a été sollicité avec l'opposante  Aung San Suu Kyi, dont l'assignation à résidence devrait d'ailleurs être à nouveau prorogée, lundi 26 mai. C'est aussi pour éviter toute polémique que Ban Ki-moon a prévu de regagner Bangkok, vendredi soir, puis de revenir à Rangoon dimanche 25 mai pour une conférence commune avec l'Association des pays du sud-est asiatique (Asean) sur l'aide aux victimes de Nargis. Entretemps, samedi, les rescapés du delta sont en effet appelés, malgré leur dénuement et l'urgence humanitaire, à participer au référendum constitutionnel concocté par les militaires.