Article publié le 23/05/2008 Dernière mise à jour le 23/05/2008 à 19:35 TU
Les organisations humanitaires réagissent avec beaucoup de prudence à l'annonce de la junte birmane, ce vendredi, selon laquelle les travailleurs humanitaires vont pouvoir entrer dans le pays. Le général Tan Shwe l'a assuré au Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, au cours d'entretiens qui ont duré plus de deux heures. Le cyclone du 3 mai a fait au moins 133 000 morts et disparus, selon un bilan officiel. Dimanche, les Nations unies et l'ASEAN organisent à Rangoon, une conférence dont le but sera de recueillir des fonds pour aider à la reconstruction.

Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon (à gauche) avec le généralissime Than Shwe, le numéro un birman.
(Photo : Reuters)
Ce serait en effet un revirement complet dans la stratégie de la junte, tant du point de vue de la communication que de la mise en œuvre des secours. Sur ce dernier point, le régime consentirait à déléguer une partie de ce qu'il considérait jusque-là comme relevant de sa seule souveraineté. Ce geste paraît le plus incroyable surtout après trois semaines de bras de fer.
Quant au signal adressé par la junte, c'est une évolution radicale. Plutôt que de s'enfermer dans une obstination cynique, elle s'offrirait les habits nouveaux d'une dictature à visage humain, finalement.
Reste que, dans ce genre de situation, dans un tel contexte politique, il faut juger sur pièce. Ce samedi, on vote sur la réforme constitutionnelle dans les régions dévastées. C'est un rendez-vous important pour les généraux. De même que dimanche, se tient à Rangoon la conférence des donateurs. La junte a donc besoin d'un peu de temps (encore) sans être assaillie par une communauté internationale scandalisée par son attitude.
C'est donc aux actes qu'il faudra mesurer la sincérité des militaires birmans. Aujourd'hui, à Naypyidaw, il est fort possible que le général Than Shwe vienne de payer à M. Ban Ki-moon le prix d'un peu de tranquillité.
A écouter
Sur l'acheminement de l'aide humanitaire
« Première possibilité : qu'une noria d'hélicoptères décharge les 1 500 tonnes de matériel de survie pour les amener au plus près des populations sinistrées... »
23/05/2008 par Christophe Boisbouvier
Le navire Le Mistral toujours bloqué au large de la Birmanie
« Notre bateau est toujours bloqué juste devant l'endroit où on aurait besoin de lui, là où ça va mal : le delta de l'Irrawaddy. »
23/05/2008 par Michel Paul
Directrice des opérations d'Action contre la faim en Birmanie
« Cette annonce ne garantit pas l'accès à la zone sinistrée. Le gouvernement birman met à peu près deux ou trois mois pour donner un accès, des visas aux travailleurs humanitaire. Alors va-t-il simplifier les procédures. »
23/05/2008 par Alain Renon
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