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Guinée

De la colère à la mutinerie

par  RFI

Article publié le 30/05/2008 Dernière mise à jour le 30/05/2008 à 09:26 TU

Le drapeau de la République de Guinée Conakry.(Source : Wikipedia)

Le drapeau de la République de Guinée Conakry.
(Source : Wikipedia)

Les positions se durcissent à Conakry et à Kindia, ville de garnison à 130 km de la capitale. Les soldats mutins qui réclamaient d'abord le paiement de leurs arriérés de soldes demandent désormais la mise à la retraite de tous les généraux de l'armée, piliers du régime, à qui ils reprochent leur manque de solidarité, entre autres. Pour la première fois depuis le début de leur mouvement lundi, soldats loyalistes et mutins ont échangé des tirs.

Conakry retient son souffle, alors que le mouvement de colère des jeunes soldats s'est clairement transformé en mutinerie. Ces soldats ont en effet dévoilé ce jeudi une nouvelle revendication : la mise à la retraite de tous les généraux de l'armée guinéenne.

Les nouvelles revendications des mutins

« On demande le départ de tous les généraux parce qu'ils ont mal géré l'armée. Ils ont ont bouffé notre argent, diminué les salaires et augmenté le prix du sac de riz ».

écouter 01 min 02 sec

30/05/2008 par Laurent Correau

Pour l'heure, l'appel du chef d'état-major, le général Diarra Camarra, qui demande aux mutins de rentrer dans le rang, est resté lettre morte.

Les doléances des mutins

« Tous les généraux sont fautifs, ils nous ont trop manipulés. L'armée ne va pas bien par leur faute. Elle est à l'abandon. Figurez vous qu'un soldat avec 20 ans d'ancienneté n'a pas de quoi s'offrir un poulailler, tellement il est mal payé ».

écouter 00 min 35 sec

30/05/2008 par Carine Frenk

Pendant ce temps, le président Conté n'est pas resté inactif. Pour la première fois depuis le début de la crise, lundi dernier, les « bérets rouges », autrement dit la garde présidentielle, se sont déployés au pont du Huit novembre, à la jonction entre le centre ville et la banlieue. D'autre part des rangers auraient été acheminés en renfort.

Ce déploiement militaire a provoqué une réaction des jeunes mutins, qui dans l'après-midi sont allés au pont du Huit novembre. Un bref échange de tirs a eu lieu entre les mutins et la garde présidentielle mais l'incident n'a pas eu de suite.

Les autorités, qui ont cédé aux revendications pécuniaires des soldats, semblent excédées de voir le mouvement perdurer. Reste à savoir si d'une position de dialogue, on ne va pas passer dans les prochaines heures à une position de répression. A Conakry, beaucoup redoutent un affrontement entre mutins et loyalistes.

Une habitante de Conakry

« Plusieurs stations ont été attaquées, d'autres ont préféré fermer... Les gens doivent faire de longues distances à pied, le prix de l'essence au marché noir est inabordable...»

écouter 00 min 27 sec

30/05/2008 par Laurent Correau

Les premiers combats

Ce que tous les Guinéens redoutaient à Conakry depuis le début de la mutinerie militaire s’est donc produit hier : soldats loyalistes et mutins se sont affrontés, à l’intersection du quartier administratif où se trouve le palais présidentiel, et de la grande banlieue de Conakry. A cet endroit stratégique, les mutins ont affronté à coups de fusils la garde présidentielle, faisant une dizaine de blessés.

Des  affrontements brefs mais redoutés de la population, qui assiste ainsi à un durcissement  des positions, malgré l’appel au calme, une heure plus tôt, du chef de l’état-major des armées, le général Camara. Un appel largement diffusé sur les médias d’Etat ; le général Camara invitait alors les soldats en  colère à mettre fin à leur  mouvement,  les exhortant « à penser aux conditions économiques de la nation et à la population dont nous avons la charge de défendre la vie et les acquis

Cet appel a eu  peu d’échos au sein de la troupe, qui a continué a tirer des salves la  nuit dernière, faisant au moins 4 blessés graves à Yimbaya, ici même à Conakry et à Kindia, ville de province et siège de la  première région militaire, selon des sources.

Dans cette ville, les mutins tiraient de façon discontinue et dans tous les sens quand la nuit est tombée.        

Avec notre correspondant à Conakry