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Kosovo

L’Otan lance une nouvelle force de sécurité

Article publié le 13/06/2008 Dernière mise à jour le 13/06/2008 à 02:39 TU

La Russie demande le départ du chef de la mission de l'ONU au Kosovo. Moscou digère apparemment assez mal les changements à venir concernant le rôle de la Minuk et de l'Otan sur place : c'est la conséquence de la prochaine entrée en vigueur de la Constitution kosovare, une étape de plus dans l'établissement de la souveraineté de ce nouvel Etat indépendant. Une indépendance à laquelle les autorités serbes et la Russie restent opposées. De son côté, l'Otan a décidé d'appuyer le lancement d'une nouvelle force de sécurité au Kosovo, la KFS, qui sera multiethnique, sous contrôle civil, et équipée uniquement avec des armes légères.

Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a&nbsp;déclaré que&nbsp;l'Otan&nbsp;voulait «&nbsp;<em>aider le Kosovo à perfectionner ses nécessaires institutions démocratiques&nbsp;</em>».(Photo : Reuters)

Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a déclaré que l'Otan voulait « aider le Kosovo à perfectionner ses nécessaires institutions démocratiques ».
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à Bruxelles, Grégoire Lory

Désormais il faudra parler de la KSF, la Force de sécurité du Kosovo. Cette nouvelle unité de l’Otan sera bien sûr professionnelle, multiethnique et surtout elle sera uniquement équipée d’armes légères. Sous contrôle civil, cette formation aura pour mission de répondre aux situations d’urgence, de récupérer les explosifs et de protéger les civils et pour réussir ces objectifs, la KSF s’appuiera sur environ 2 500 personnes.

Finalement, cette force correspond aux propositions originelles faites par l’émissaire de l’ONU, pour un Kosovo indépendant et sous supervision internationale. Mais ce texte n’avait jamais été formellement adopté par les Nations unies pour cause de rejet par la Russie.

Cependant, l’arrivée de la KSF ne signifie pas la fin de la force déjà sur place, la KFOR. Ces 16 000 soldats resteront au Kosovo mais leur mission se limitera au contrôle des frontières et au recrutement des nouveaux soldats.

La décision de créer cette nouvelle force a été prise par les 26 pays membres de l’Alliance Atlantique. Les ministres de la Défense se sont penchés particulièrement sur la situation de l’ancienne province serbe. Ils répondent ainsi aux propos du secrétaire général de l’ONU de reconfigurer la présence internationale au Kosovo.

L'ONU est face à un dilemme


Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Le 17 février, le Kosovo a déclaré son indépendance, et annoncé que sa Constitution entrerait en vigueur le 15 juin. 42 pays ont reconnu le nouvel Etat, mais pas le Conseil de sécurité, où la Russie, alliée de la Serbie, bloque toute reconnaissance de l'émancipation kosovare.

Officiellement, la mission de l'ONU au Kosovo opère toujours sous la résolution 1244, qui reconnaît la souveraineté de la Serbie. Il n'est donc pas question pour Ban Ki-moon de fermer boutique, et de passer les clés à l'Union européenne. Moscou ne le lui pardonnerait pas.

Mais sauf à risquer des violences, le secrétaire général de l'ONU est forcé de prendre acte de la nouvelle réalité. A partir de dimanche, les autorités kosovares vont s'emparer des prérogatives de l'ONU, qu'il s'agisse de la police, de la délivrance de passeports, ou de la gestion des fonds publics.

L'ONU gardera une façade, mais pas grand-chose derrière. La Mission de l'Union européenne, l'Eulex, devrait, elle, prendre le relais dans le domaine de la justice, mais sous parapluie onusien. Et dans les zones à majorité serbe, où l'UE n'est pas la bienvenue, c'est toujours l'ONU qui exercera son autorité, pour éviter les risques de partition. C'est donc à un véritable numéro d'équilibriste que l'ONU se prépare.