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Pétrole

Des avancées avant la conférence de Jeddah

par Myriam Berber

Article publié le 20/06/2008 Dernière mise à jour le 20/06/2008 à 16:09 TU

Peu avant la réunion de Jeddah, dimanche en Arabie Saoudite, pays producteurs et consommateurs de pétrole, donnent des gages de bonne volonté. Si l’Union européenne a décidé de se donner quelques mois de réflexion, la Chine, deuxième consommateur mondial derrière les Etats-Unis, a d’ores et déjà annoncé une réduction des subventions qui maintenaient ses prix artificiellement bas. L’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, a annoncé une importante augmentation de sa production.
La ville de Jeddah en Arabie Saoudite.(Photo : AFP)

La ville de Jeddah en Arabie Saoudite.
(Photo : AFP)


Les dirigeants européens sont divisés sur les moyens à adopter pour limiter les effets de la flambée du prix du pétrole. Au sommet de Bruxelles, la proposition de Nicolas Sarkozy de plafonner la TVA pour alléger la facture des consommateurs a été rejetée par plusieurs responsables européens, Allemagne en tête. La chancelière Angela Merkel a rappelé, jeudi 19 juin 2008, l’accord unanime passé par les ministres des Finances de l’UE, en 2005 à Manchester, par lequel ils s’interdisent de faire appel à des mesures interventionnistes en matière de fiscalité. Beaucoup de pays estiment que cela risque de perturber la concurrence et d’envoyer un mauvais signal aux producteurs.

D’autres pistes ont donc été évoquées comme notamment l’idée d’une taxe « Robin des Bois » sur les profits des compagnies pétrolières, adoptée cette semaine par le gouvernement italien. Ou encore celle d’une taxation sur les mouvements spéculatifs, une solution prônée par l’Autriche. Des mesures ciblées ont également été proposées pour les catégories sociales les plus défavorisées, comme l’octroi de « primes à la cuve » pour le chauffage ou la distribution de denrées alimentaires aux plus nécessiteux. Au final, les Etats membres ont décidé de ne rien décider. Ils ont confié au président de la Commission, José Manuel Barroso, le soin d’étudier les différentes propositions pour lutter contre la hausse du prix de l’essence. La Commission européenne devra maintenant rendre un rapport en octobre prochain, pour le premier Conseil sous présidence française.  

Réduction des aides publiques pour le carburant

En attendant, les Vingt-Sept demandent aux pays producteurs d'augmenter leur production. Et aux pays consommateurs de tout faire pour limiter la demande. Et justement, la Chine qui maintenait jusqu’à présent le pétrole à des prix artificiellement bas a annoncé jeudi une hausse d’environ 18% des prix de l’essence et du diesel à la pompe. Cette hausse, contraire à la politique chinoise de lutte contre l'inflation, devrait sérieusement freiner la demande intérieure galopante. Par ce geste, Pékin allège également ses dépenses publiques. La Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole derrière les Etats-Unis, subventionne massivement la vente de carburants et dépense une part très importante de son budget à maintenir l'essence à un prix artificiellement bas. En 2007, le coût des subventions a représenté entre 1 et 2% de son PIB. Ces dernières semaines, plusieurs pays d’Asie, l’Indonésie, la Malaisie et l’Inde ont également revu leur politique de subventions à l’essence.

Les pays consommateurs ne sont pas les seuls à fournir des gages de leur bonne volonté. Du côté de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), il semble également que la donne ait changé. Suite à la demande de la communauté internationale, l’Arabie Saoudite qui accueille dimanche à Jeddah une conférence entre producteurs et consommateurs, a annoncé une augmentation de sa production. L’Opep, qui représente 40% de l’offre mondiale du pétrole, a fait un geste malgré le fait que ses membres imputent régulièrement cette hausse des prix à la spéculation et à la sous-évaluation du dollar. En effet, plus le dollar est faible, moins le pétrole libellé dans cette devise coûte cher aux investisseurs.

Une mesure pour calmer le marché

Cette nouvelle hausse avoisinerait les 200 000 barils par jour à partir de juillet. Elle va porter la production de pétrole du royaume wahhabite de 9,45 millions de barils par jour actuellement, à 9,65 millions, le plus fort niveau depuis août 1981. En deux mois, l’Arabie Saoudite a donc décidé de fournir au marché un demi-million de barils supplémentaires par jour. En mai, Riyad avait déjà annoncé une hausse de production de 300 000 barils, à l’issue d’une visite du président américain George W. Bush.

Qu’en est-il des autres membres du cartel ? Le Koweït a promis de soutenir toute mesure pour calmer le marché maris l’Iran s’est dit opposé à toute augmentation unilatérale de la production de l’Arabie Saoudite en dehors d’un consensus du cartel. Outre Téhéran, la Libye et le Venezuela sont également partisans d’une stabilisation de la production. Autre partisan de cette ligne dure : le ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil, également président en exercice de l’Opep, qui a exclu toute hausse de production. « Demander aux pays producteurs de pétrole d’augmenter leur offre est illogique et irrationnel », a déclaré, vendredi 20 juin 2008, Chakib Khelil à l’agence Algérie Presse Service. Avant de préciser qu’il était invité à la réunion de Jeddah en tant que ministre algérien et non pas en sa qualité de président de l’Opep.