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Zimbabwe

Tsvangirai appelle l'Afrique à l'aide

par  RFI

Article publié le 25/06/2008 Dernière mise à jour le 26/06/2008 à 07:36 TU

Morgan Tsvangirai a donné une conférence de presse, mercredi, devant son domicile à Harare, après être sorti brièvement de l’ambassade des Pays-Bas où il est réfugié depuis dimanche. Il a fait ainsi sa première apparition publique depuis qu’il s’est retiré de la course à la présidentielle, à la suite des violences du régime du président Robert Mugabe (84 ans et au pouvoir depuis 1980) contre les partisans de l’opposition. Le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a notamment appelé l’Afrique à agir pour assurer une période de transition au Zimbabwe, demandant le déploiement de troupes de maintien de la paix. Morgan Tsvangirai (56 ans), qui est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle le 29 mars, refuse de participer au second tour prévu pour vendredi prochain. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a demandé le report de ce second tour.

Le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai a donné une conférence de presse, à son domicile, le 25 juin 2008.(Photo : Reuters)

Le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai a donné une conférence de presse, à son domicile, le 25 juin 2008.
(Photo : Reuters)

Le leader de l’opposition zimbabwéenne a tenu à préciser qu’il ne demandait pas une intervention militaire dans son pays, une hypothèse qui avait d’ailleurs été exclue mercredi matin par le ministre sud-africain des Affaires étrangères Aziz Pahad. Selon Morgan Tsvangirai, « la solution d'une force de maintien de la paix n'est qu'une proposition. Parce que sinon comment faites-vous quand vous n'êtes pas armé et que les gens sont brutalisés par l'armée ? La seule demande que nous puissions faire, c'est que les Nations unies examinent cette solution. Parce que nous sommes dans une situation désespérée, surtout dans les campagnes où les Zimbabwéens sont violentés et forcés à assister à des rassemblements du pouvoir ».

Morgan Tsvangirai : ce n'est plus une élection, c'est une guerre.

«  Comment puis-je continuer quant on me traite comme un criminel ? Comment puis-je affronter Mugabé alors que je ne peux pas me déplacer dans le pays... Ce n'est plus une élection, c'est une guerre... »

Morgan Tsvangirai a ajouté que « certains ont mal compris et ont pensé que notre demande d'une force de maintien de la paix était une demande d'intervention militaire. Non, ce n'est pas cela. Nous disons juste que nous avons besoin de la paix dans ce pays. Et si vous pouvez vous armer et nous aider à restaurer la paix, alors faites-le ». Il a également précisé que « dans tous les cas, nous ne voulons rien avoir à faire avec le gouvernement qui se formera après le second tour de cette soi-disant élection. Parce que la ZANU-PF essaie de forcer les gens à accepter ce nouveau vote. Ce qui est contraire à leur volonté ».

Appel à l’Union africaine

Morgan Tsvangirai a fait un appel à l’action aux dirigeants des 53 pays membres de l’Union africaine (UA) qui vont participer au sommet de Charm el-Cheikh le 30 juin et le 1er juillet prochains : « Je veux dire aux chefs d'Etats africains qui seront ce week-end en Egypte, que leur réunion ne peut ni constituer un effort de médiation, ni une poursuite des pourparlers, largement infructueux depuis plusieurs années. Le temps de l'action est venu. Les gens et le pays ne peuvent plus attendre. Nous devons faire preuve de leadership en Afrique ».

Morgan Tsvangirai : le temps de l'action

«Le temps de l'action est venu. Les gens et le pays ne peuvent plus attendre !...»

Il a également tenu à souligner que « le problème zimbabwéen est un problème africain » et qu’il requiert donc « une solution africaine ». Il a ainsi demandé à l'Union africaine et à la SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe), de mener « une initiative large, soutenue par les Nations unies, afin de mettre en place un processus de transition. Nous proposons à l'équipe de facilitateurs de l'Union africaine, de déterminer une période de transition, qui prenne en compte la volonté du peuple zimbabwéen, telle qu'elle a été exprimée au premier tour de la présidentielle ».

Mesures immédiates

Le leader de l’opposition du Zimbabwe a rappelé qu’il avait remporté le scrutin, mais qu’il souhaite maintenir une position magnanime. Selon Morgan Tsvangirai, « un dialogue sincère et honnête envers les Zimbabwéens est le seul chemin qui s'offre à nous. La base de tout accord doit reconnaître les principes fondamentaux de la démocratie et donc respecter le droit des personnes à choisir leurs propres leaders.

Donc la conclusion d'un accord négocié qui permettrait de lancer un rétablissement national, une reconstruction économique et une relance de l'aide humanitaire, serait dans le plus grand intérêt de ce pays ».

Selon Morgan Tsvangirai, quatre mesures doivent être prises immédiatement, pour faire face à la crise politique, sociale et économique dans son pays : « d'abord la violence doit cesser. Pour cela, il faut que les vétérans de guerre et les groupes de jeunes miliciens rentrent chez eux et soient réintégrés dans la société. Les barrages routiers doivent aussi être levés. Ensuite, l'assistance humanitaire doit être absolument autorisée et reprendre rapidement. Nos compatriotes meurent de faim, ils sont victimes de maladies, et ont besoin d'aide tout de suite. Par ailleurs, les sénateurs et parlementaires élus doivent se réunir et commencer leur travail. Enfin, il faut que tous les prisonniers politiques soient libérés immédiatement. En particulier Tendai Biti, le secrétaire général du MDC, ainsi qu'environ 2000 autres personnes jetées en prison depuis les trois dernières semaines ».

La SADC demande le report du second tour

Les déclarations de Morgan Tsvangirai ont été en quelque sorte confortées, quelques heures après, par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui a appelé au report du second tour de l’élection présidentielle au Zimbabwe. A la suite d’une réunion extraordinaire au Swaziland de la commission de défense de cette organisation régionale qui réunit 14 Etats, le secrétaire général de la SADC Tomaz Salomao a demandé que le Zimbabwe examine l’idée de « reporter le vote à un autre jour ». Selon le communiqué qui a été rendu public à Mbabane, « la situation politique ne semble pas permettre la tenue d’un second tour de l’élection qui soit libre et équitable. Organiser l’élection dans un tel environnement sape la crédibilité et la légitimité du résultat ».

Encore des pressions et des condamnations

Aux Etats-Unis, George Bush a qualifié hier « d'imposture » le second tour, et a appelé l'Union africaine à augmenter la pression sur le régime d'Hararé. Pour Barack Obama, « Mugabe a commis des violences extraordinaires contre son propre peuple (..) le processus électoral est devenu une imposture complète et absolue... Quel que soit le résultat, je ne crois pas que Mugabe pourra revendiquer la moindre légitimité en tant que dirigeant démocratiquement élu », a affirmé le candidat démocrate à la présidentielle devant des journalistes à Chicago.

De son côté, Nelson Mandela, en visite à Londres, a dénoncé la « tragique défaillance de la direction » du Zimbabwe.

A écouter

Nelson Mandela sort de son silence et évoque à Londres la «tragique défaillance de la direction du Zimbabwe»

« L'ancien président sud-africain parlait devant 500 personnes dont le Premier ministre britannique Gordon Brown... Ses propos vont résonner dans le monde entier...»

26/06/2008 par Adrien Moss

Aux Etats-Unis, Barack Obama apporte son soutien à Morgan Tsvangirai

« Le candidat démocrate s'en est pris plus particulièrement à l'Afrique du Sud qui doit condamner plus vigoureusement ce qui se passe au Zimbabwe... Il s'est entretenu au téléphone avec Morgan Tsvangirai, qu'il assure de son soutien et de son admiration... »

26/06/2008 par Donaig Le Du

Tomaz Augusto Salomao

Secrétaire général de la Commission de sécurité de la SADC

« La situation ne semble pas permettre la tenue d'un scrutin libre et équitable... »

26/06/2008 par David Thomson