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Nucléaire iranien

Washington change de stratégie

Article publié le 19/07/2008 Dernière mise à jour le 19/07/2008 à 12:51 TU

Le sous-secrétaire d'Etat William Burns sera présent à Genève pour des discussions avec le négociateur iranien sur le dossier nucléaire.(Photo : AFP)

Le sous-secrétaire d'Etat William Burns sera présent à Genève pour des discussions avec le négociateur iranien sur le dossier nucléaire.
(Photo : AFP)

Les représentants des pays impliqués dans le dossier nucléaire iranien s'apprêtent à sonder ce samedi à Genève, en Suisse, la volonté réelle de Téhéran de négocier une issue à la crise ouverte il y a six ans, et à entendre la réponse du négociateur iranien, Saïd Jalili à une offre de coopération occidentale présentée à la mi-juin par le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, de la part du groupe des six pays (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) qui tentent, jusqu'à présent sans succès, de convaincre l'Iran de renoncer aux activités d'enrichissement d'uranium qui pourraient lui permettre d'accéder à la bombe nucléaire. La présence du numéro trois du département d’Etat américain, William Burns à cette réunion est une première. Les Etats-Unis se refusaient jusqu'à présent à tout contact direct ou indirect avec Téhéran.
Officiellement, William Burns ne vient pas négocier à Genève. Mais sa seule présence marque un tournant  tactique de l'administration Bush vis-à-vis de l'Iran qu'elle menaçait jusqu'ici régulièrement de bombarder, refusant tout contact direct ou indirect tant que Téhéran ne suspendrait pas ses activités d'enrichissement d'uranium.

Un préalable irrecevable pour le régime islamiste qui avait choisi de son côté de répliquer aux premières salves de sanctions internationales en annonçant la mise en route d'un train de centrifugeuses. Une provocation pour Israël et les Etats-Unis en particulier, qui prêtent à l'Iran des intentions militaires cachées derrière la souveraineté nucléaire civile qu'il revendique.

Finalement c'est d'une administration Bush sur le départ qu'est venu le signal tant attendu par Téhéran. Pour l'Iran en effet, le dossier ne peut pas être traité sans les Etats-Unis.

Téhéran se félicite aujourd'hui d'une nouvelle approche positive. Saïd Jalili a même parlé de « similarités » entre les positions iranienne et occidentale. Genève sera donc le théâtre du revirement américain avec un Willam Burns dans le rôle du sphinx. Chacun à leur manière, Américains et Iraniens pourront trouver matière à gagner du temps, à défaut de s'entendre sur un nouvel agenda diplomatique.

En Iran, les journaux approuvent la nouvelle donne


Avec notre correspondant à Téhéran
, Siavosh Ghazi

La presse iranienne salue dans son ensemble la présence de William Burns aux négociations de Genève. « La réunion de Genève est importante en premier lieu parce que les Etats-Unis participent à une réunion alors qu’ils sont conscients que pour l’Iran la suspension de l’enrichissement d’uranium est une ligne rouge », affirme le quotidien réformateur Etemad.

Pour le quotidien, « cette rencontre au plus niveau entre Washington et Téhéran depuis trente ans a brisé le tabou des discussions entre l’Iran et les Etats-Unis ».

D’autres journaux modérés mettent également l’accent sur « la nouvelle page entre l’Iran et les Etats-Unis ».

Pour leur part, les journaux conservateurs voient dans la présence du diplomate américain « un signe de la faiblesse des Etats-Unis. La présence de Burns aux discussions de Genève est le résultat d’un besoin de la politique étrangère des Américains », affirme le quotidien conservateur Kayhan.

Le quotidien Jomhouri Eslami estime pour sa part que « cette présence est le signe d’un affaiblissement des Etats-Unis dans le monde ». Pour le quotidien conservateur Ressalat, « la présence de Burns montre que les Américains ont découvert qu’il n’y avait pas d’autres voies que de négocier avec l’Iran et d’accepter l’existence de la République islamique ».