par RFI
Article publié le 25/08/2008 Dernière mise à jour le 25/08/2008 à 17:02 TU
Quasiment trois semaines après le coup d'Etat, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Abdallahi vit toujours en résidence surveillée, depuis le putsch du 6 août dernier. Aujourd'hui, son fils contre-attaque. Pour lui, il n’y a pas de doute, son père sera un jour rétabli dans ses fonctions. Pour Ahmed Abdallahi, « ce n'est qu'une question de semaines car la Mauritanie, ajoute-t-il, ne peut pas se passer de l'aide économique suspendue par les grandes puissances depuis le putsch ». Un retour à la légalité que demande le président de la Commission de l'Union africaine. Jean Ping est arrivé dimanche soir en Mauritanie afin de plaider pour la remise en liberté de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Le climat économique souffre-t-il justement de cette instabilité politique ? Qu'en pensent les investisseurs étrangers qui sont à Nouakchott ? Jusqu'ici, personne n'a plié bagage. Mais les derniers événements ne sont pas vraiment rassurants.
Le coup d’Etat du 6 août est le second qui touche le pays depuis 2005. Il s’ajoute aussi à une violente tentative de putsch qui avait eu lieu en 2003. Ce climat d’instabilité politique a-t-il une conséquence sur le secteur économique ? Qu’en pensent les investisseurs étrangers implantés à Nouakchott ? Pour l’instant personne n’a décidé de plier bagage. Mais les derniers événements ne rassurent pas ceux qui avaient misé sur la stabilité de la Mauritanie.
Ce qui gène le plus les investisseurs étrangers en Mauritanie aujourd’hui, c’est le manque de visibilité. La junte qui a pris le pouvoir le 6 août n’a toujours pas annoncé son agenda précis. Le nouveau gouvernement n’a pas encore été formé. Alors, les acteurs économiques se gardent bien de spéculer sur les mois à venir. Ce qui est sûr, c’est que le coup d’Etat arrive après six mois déjà de morosité économique.
Représentant de Dana Petroleum, deuxième investisseur pétrolier en Mauritanie
« Il y a eu, déjà depuis quelques mois, un ralentissement économique en général, à la suite de la crise politique. »
Comme la plupart des investisseurs, Diar qatari, une société publique du Qatar, préfère ne pas se prononcer sur la situation. Mais aucun retard des projets n’est signalé. Diar qatari, a prévu d’investir 400 millions de dollars dans un immense complexe touristique sur le littoral mauritanien. La première pierre devrait être posée cet automne. L’instabilité politique pourrait jouer sur ceux qui envisageaient de s’implanter dans le pays.
Une fondation sous enquête
Le Parlement mauritanien devra se réunir en session plénière, pour des débats prévus dans le cadre de la session extraordinaire, demandée par une majorité de députés et sénateurs favorables au coup d’Etat. Sept points sont à l’ordre du jour, tels que l’examen de la situation politique exceptionnelle que vit le pays, la nomination des membres de la Haute cour de Justice, et la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la fondation de l’ex-première dame. La Fondation KB, du nom de Khattou mint Boukhary, est notamment accusée, par les sénateurs, d’avoir bénéficié de fonds publics. Face à ces accusations la Fondation a décidé de riposter. Elle vient de mandater deux avocats qui demandent une enquête internationale sur la fondation, pour contrer celle du Sénat.
Le vice-président de la fondation KB, Ahmed Abdallahi, est le fils aîné du président déchu Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Il voit derrière cette demande de commission d’enquête sur la fondation - voulue par les sénateurs, et la nomination des membres de la Haute cour - une volonté de donner au coup d’Etat une apparence constitutionnelle.
Fils du président déchu et vice-président de la Fondation KB
« Nous n'avons rien à cacher et c'est dans cet esprit que nous voulons qu'il y ait une partie objective, désintéressée de la politique de la Mauritanie pour jeter la lumière sur la gestion de la fondation. »