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Finance

L'Asie n'échappe pas à la crise

Article publié le 16/09/2008 Dernière mise à jour le 16/09/2008 à 10:07 TU

La bourse de Shanghai est en baisse de 3,3%, dans le sillage des autres places mondiales, le 16 septembre 2008.(Photo : Reuters)

La bourse de Shanghai est en baisse de 3,3%, dans le sillage des autres places mondiales, le 16 septembre 2008.
(Photo : Reuters)

La chute de la banque américaine Lehman Brothers a entraîné les bourses du monde entier. La tendance se poursuit ce mardi à l'ouverture des bourses asiatiques : - 5% à Tokyo, - 5,5% à Séoul, -6,5% à Hong-Kong. La bourse de Shanghai résiste un peu mieux, en baisse de 3,3% à l'ouverture, mais n'échappe pas à la tendance générale malgré les mesures de soutien annoncées dès hier par le gouvernement chinois.

Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin

La Chine à pris les devants. Sans attendre la réaction des marchés financiers de Shanghai et Hong-Kong, le gouvernement a annoncé dès hier une série de mesures destinée à faire face à la crise.

Après plusieurs années de hausse des taux d’intérêt, pour contenir l’inflation et freiner un peu la croissance, la banque centrale a brutalement changé de cap ; elle a annoncé pour commencer une réduction des taux d’intérêt d’environ un quart de point. La première baisse depuis 2002, une mesure qui prend effet aujourd’hui.

Les responsables de la politique monétaire chinoise ont également annoncé une réduction du taux de réserve obligatoire des banques, avant la fin du mois. Ce qui aura également pour effet d’augmenter les capacités de crédit.

La Chine va également piocher dans ses énormes réserves pour financer des grands travaux notamment la reconstruction du Sichuan, mais aussi fournir des aides massives aux agriculteurs.

Des mesures destinées à soutenir l’activité, même si le taux de croissance sera encore supérieur à 10% cette année en Chine. Mais surtout à protéger les marchés financiers.

Depuis un an, la bourse de Shanghai a perdu environ la moitié de sa valeur. Un effondrement qui a déjà plongé de nombreux épargnants dans la détresse. L’objectif   aujourd’hui est avant tout d’éviter une nouvelle crise de confiance des investisseurs chinois.


Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Le Nikkei, la bible des milieux d’affaires japonaises, The Financial Times à la puissance dix, distribue dans les rues de Tokyo une édition spéciale avec à la une ce titre écrit en gros idéogrammes noirs « Krach boursier planétaire ».

La bourse de Tokyo baisse plus fortement que Wall Street. Hier, elle cède 5% de sa valeur comme la plupart des autres places financières en Asie.

C’est paradoxal, les banques japonaises sont en bonne santé. Elles n’ont pas cédé à la tentation des « subprimes », les crédits hypothécaires à risques et le montant des créances qu’elles détiennent sur Lehman Brothers ne dépassent pas le milliard de dollars.

Ca n’empêche pas Mizuho, Mitsubishi UFJ, les grandes banques japonaises de céder 10% de leur valeur aujourd’hui. La Banque du Japon injecte dix milliards d’euros dans le marché bancaire et devrait laisser son loyer de l’argent inchangé à 0,5%.

Le pire est peut-être encore à venir. Chris Wood de la banque CLSA à Hong Kong estime « qu’il y a encore mille milliards de dollars d’actifs toxiques à déprécier dans le monde ».

Mais les économies d’Asie devraient peu subir les effets de cette crise financière. Aujourd’hui, la Banque asiatique de développement mise sur une croissance de 7,5% cette année en Asie, de 7,2% l’an prochain.

Le choc des employés de Lehman Brothers à Londres

Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss

Pour les 4 500 employés londoniens de Lehman Brothers, c’est par un e-mail, leur annonçant que leur banque était en faillite, mais leur demandant quand-même de venir travailler, que ce lundi noir a commencé.

Ils sont venus jusqu’à Canary Wharf, la nouvelle city de l’est de Londres où était installée la banque américaine : « It’s over ! » (C’est fini !), leur a annoncé leur directeur. Il avait été nommé il y a seulement une semaine, pour diriger les opérations de Lehman Brothers en Europe.

Le liquidateur leur a dit qu’ils risquent de ne pas être payés à la fin de la semaine. On les a aussi prévenus qu’ils devraient rembourser s’ils utilisent désormais les cartes de crédits de la banque. Ceux qui, avaient encore de l’argent sur leur carte de cantine se sont précipités pour le dépenser en achetant des barres de chocolat et des paquets de café.

Les portables et les ordinateurs de poche maison ne marchaient plus. Dans le café, en bas de la tour, les recruteurs des autres banques ramassaient les curriculum vitæ.

L’histoire d’un jeune trader français a fait le bonheur des reporters. Il était arrivé le matin même de Paris pour prendre son premier emploi et se retrouver licencié avant même d’avoir mis un pied dans la banque qui venait de l’embaucher.