Revue de presse Afrique
C’est une victoire pour la liberté de la presse en Afrique. Moussa Kaka est donc sorti libre hier de la prison de Niamey après un an et 17 jours passés derrière les barreaux. Et la photo de notre correspondant au Niger, souriant, ému, étreint par ses proches, est reprise dans de nombreux journaux et sites d’informations du continent.
Orgueil et audace !
Certains s’attardent sur la nouvelle avec émotion et parfois avec une certaine emphase, à l’instar de Guinée Conakry Infos : Moussa Kaka « a su donner à chacun de nous un peu de cette ferveur digne, beaucoup de cet orgueil et de cette audace, que confère la culture de la vérité dans la collecte de l’information partout. Au risque de sa liberté, au risque de sa vie. (…) Depuis son arrestation le 20 septembre 2007 (…), poursuit Guinée Conakry Infos, le nom de Moussa Kaka a partout retenti pour revenir en écho gifler nos consciences d’hommes libres. Surtout que pour rien au monde, il ne retourne dans ce trou noir de l’injustice. »
« Bouffée d’oxygène pour Moussa Kaka », titre L’Observateur au Burkina Faso. « Ouf de soulagement pour lui, sa famille, ses enfants et tous les défenseurs du ‘prisonnier politique’, comme il s’était qualifié lui-même. C’est donc une bouffée d’oxygène pour le journaliste nigérien, s’exclame L’Observateur, pour qui connaît les conditions de détention exécrables dans les prisons africaines. Mais, les misères du journaliste sont seulement différées, remarque le journal. Car le dossier est renvoyé au Tribunal correctionnel et Moussa Kaka va devoir comparaître plus tard, à moins qu’il ne bénéficie de la grâce présidentielle. »
Vers une liberté définitive ?
« Grand bol d’air pour Moussa Kaka », renchérit Le Pays, toujours au Burkina. Son «crime» vient d’être requalifié et hier ses geôliers lui ont ouvert les portes et l’ont poussé vers les rivages de la liberté. Un acte qui porte certes l’estampille du provisoire, mais qui est tout de même encourageant pour la suite des événements. » Et Le Pays se veut optimiste : « continuer à enquiquiner Moussa Kaka est une opération contre-productive pour le gouvernement nigérien qui a déjà perdu beaucoup de plumes en termes d’image. (…) En Afrique, la place d’un journaliste ne se trouve pas en prison, poursuit le journal, mais sur le champ de la bataille du développement et de la construction de la démocratie. Le président nigérien peut toujours revenir dans le cœur de tous ceux et celles qui se sont battus, chacun à sa manière, pour que Moussa Kaka puisse à nouveau vivre parmi les hommes. La seule condition, s’exclame Le Pays, c’est que le désormais célèbre journaliste ne retourne plus derrière les barreaux oxydés de la grande prison insalubre de Niamey. »
Cette libération est « le triomphe de la raison », affirme de son côté Sidwaya, autre quotidien burkinabè. « Même si la liberté dont jouit Moussa Kaka depuis hier mardi n’est que provisoire, force est de reconnaître qu’elle apporte un bol d’air frais à la démocratie nigérienne qui traînait ce dossier comme un boulet. (…) La liberté d’opinion est en effet, avec la justice, poursuit Sidwaya, fondatrice de tout système démocratique et le régime Tanja l’a vérifié avec la volée de bois vert qui s’est abattue sur lui depuis l’arrestation du journaliste. »
« Le Niger a lavé son linge sale »
Dans Fraternité Matin en Côte d’Ivoire, longue interview d’Alfred Dan Moussa, le président de l’UPF, l’Union de la Presse Francophone : « Je voudrais, bien entendu, saluer cette décision de mise en liberté provisoire, déclare-t-il. Mais je souhaite qu’elle se transforme en une mise en liberté définitive. (…) Aujourd’hui, on peut dire, poursuit Alfred Dan Moussa, que le Niger a lavé son linge sale et l’a rendu blanc en libérant le journaliste. Il faut souhaiter que ce linge reste blanc. Et qu’au Niger, la maison de la presse qui avait été fermée soit rouverte. Il faut espérer que les radios et les télévisions, au Niger, puissent continuer à émettre. Ce, non seulement au Niger, mais dans tout l’espace francophone. Il est bon que la liberté de la presse soit réelle. »
Voilà pour les propos, donc, d’Alfred Dan Moussa.
Pour ce qui est de la maison de la presse qu’il vient d’évoquer, rappelons que les organisations de presse du Niger ont inauguré il y a une dizaine de jours à Niamey, leur propre maison de la presse, qu’ils veulent indépendante. Celle que les autorités avaient mise à leur disposition avait été fermée fin juin, rappelons-le.
La libération de Moussa, donc, ainsi que la réouverture de cette maison de la presse à Niamey : autant de signes de décrispation.
par Frédéric Couteau
[08/10/2008]
Les précédentes revues de presse Afrique
[05/11/2009]
[04/11/2009]
[03/11/2009]
[02/11/2009]
[30/10/2009]
Les autres revues de presse