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RD Congo

Pas de renforcement de la Monuc, alors que les rebelles s'approchent de Goma

Article publié le 29/10/2008 Dernière mise à jour le 29/10/2008 à 06:12 TU

Les rebelles du général dissident Laurent Nkunda ont annoncé mardi avoir pris les localités de Rutshuru et Kiwanja, à 60 et 70 km au nord de Goma, la capitale du Nord- Kivu. Le Conseil de sécurité réuni en urgence a condamné ces attaques mais sans décider de renforcer la Monuc, dépassée par les événements même si elle a réussi à disperser une offensive dans la zone de Kibumba, à 20 km de Goma. Le HCR s'attend à devoir secourir au moins 30 000 nouveaux déplacés dans la province. Le Commissaire européen chargé du développement et de l'aide humanitaire Louis Michel est attendu dans la journée en RDC.

En République démocratique du Congo, les combats reprennent dans la région de Goma. (Carte : Geoatlas)

En République démocratique du Congo, les combats reprennent dans la région de Goma.
(Carte : Geoatlas)

En ouvrant un second front, avec la prise de Rutshuru et de Kiwandja, situées respectivement à 60 et 70 km au nord de Goma, les rebelles du CNDP font monter la pression. Leur position la plus avancée se trouve à une vingtaine de kilomètres de Goma.

Laurent Nkunda va-t-il poursuivre sa progression pour prendre la capitale de la province du Nord- Kivu ? Difficile de connaître ses intentions, mais le général rebelle pourrait pousser son avantage, d'autant que l'afflux massif de populations civiles dans Goma ces derniers jours risque de paralyser la Monuc.

René Abandi

Porte-parole du CNDP, le mouvement de Laurent Nkunda

« Nous n'avons pas l'intention d'entrer en collision avec les forces de l'ONU. Nous pensons que la Monuc devrait jouer un rôle de facilitateur dans l'exécution des accords à venir avec le gouvernement de Kinshasa... »

29/10/2008 par Ghislaine Dupont

Le chef de la mission de l'ONU en RDC déclarait mardi soir qu'il ferait tout pour empêcher l'avancée des troupes du CNDP.

Alan Doss

Chef de la Monuc, représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en RDC

« Nous avons dû nous engager dans des actions de combat pour empêcher le CNDP dans certaines zones, et des éléments des troupes RDC sont parties sans nous prévenir... On demande des troupes supplémentaires pour faire face. On fera tout ce qu'il faut pour défendre Goma... »

29/10/2008 par Philippe Bolopion

Mais Alan Doss en a-t-il les moyens ? Défendre Goma, c'est prendre le risque d'un désastre humanitaire. Les populations déplacées se retrouveraient prises au piège dans les combats.

Pour l'instant les rebelles du CNDP jouent sur deux tableaux  : exercer une pression à la fois militaire mais également psychologique sur les forces armées congolaises, dont certains éléments selon des sources crédibles auraient déjà quitté Goma.

Le président congolais est-il prêt aujourd'hui à négocier directement avec la rébellion ? Hier, selon nos sources, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères et un conseiller du président Kabila, Augustin Katumba Mwenke, se sont rendus à Kigali. Selon nos informations, une rencontre pourrait avoir lieu entre Paul Kagame et Joseph Kabila.

Pendant ce temps, à New York : le Conseil de sécurité se dit inquiet, mais ne renforce pas les moyens de la Monuc

Même si Alan Doss, le chef de la Monuc, affirme que les casques bleus sont prêts à défendre la ville, ils ne peuvent guère compter sur les forces armées de la RDC, dont certaines unités ont quitté leurs positions. La Monuc doit aussi faire face à l'hostilité de la population, qui reproche aux casques bleus de mal les protéger.

C'est pourquoi les responsables onusiens avaient donc demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, qui 'est tenue ce mardi. Les 15 pays du Conseil ont unanimement soutenu la Monuc, et condamné les attaques rebelles. Mais pour l'instant, ils ne semblent pas prêts à envoyer sur place les renforts demandés par Alan Doss, qui voudrait des troupes plus musclées, et mieux équipées. L'ONU a déjà du mal à trouver des casques bleus pour le Darfour et le Tchad.

Dans ce contexte, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy, a relayé la demande du président de la RDC, Joseph Kabila, qui voudrait l'envoi d'une force multinationale. A condition qu'il y ait des pays volontaires, elle pourrait être assemblée sur le modèle de la force européenne Artémis, qui en 2003 avait stabilisé la situation en Ituri, dans le nord-est de la RDC, avant de passer le relai à l'ONU.

La France a condamné avec fermeté l'offensive des Nkundistes, et se déclare prudemment en faveur d'un renforcement de la Monuc. 

Frédéric Desagneaux

Porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères

« Notre appel s'adresse... en particulier au CNDP qui doit réintégrer le processus de paix... et aux autres groupes armés comme les FDLR et au gouvernement de RDC et du Rwanda (qui doivent) renforcer leur coopération pour ramener la paix... » 

29/10/2008 par Raphaël Reynes

 Une nouvelle catastrophe humanitaire

Ces Congolais, qui fuient les violences, quittent le camp de déplacés de Kibumba, à 35 kilomètres au nord de Goma, le 27 octobre 2008.  

		(Photo : AFP)
Ces Congolais, qui fuient les violences, quittent le camp de déplacés de Kibumba, à 35 kilomètres au nord de Goma, le 27 octobre 2008.
(Photo : AFP)

 La recrudescence des combats au Nord Kivu a jeté sur les routes des dizaines de milliers de civils en fuite, peut-être 200 000 de plus depuis fin août.

William Spindler

Porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés

« Les combats ont commencé en janvier et on est donc déjà sur place. Le problème c'est l'accès humanitaire quand il y a des combats, on doit réduire notre présence, et cela nous empêche de faire notre travail »

29/10/2008 par Mouna El Banna

 Une situation une nouvelle fois explosive pour le Commissaire européen Louis Michel, qui se rend sur place ce mercredi.

John Clancy

Porte-parole de Louis Michel, Commissaire européen chargé du développement et de l'aide humanitaire

« Cette visite doit permettre à Louis Michel de s'entretenir avec notamment le président Kabila sur la situation au Nord-Kivu... Son message est la cessation de la violence par toutes les parties... »

29/10/2008 par Grégoire Lory

 

(Avec la rédaction Afrique de RFI et notre correspondant à New York, Philippe Bolopion)