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RD Congo

Les rebelles nkundistes approchent de Goma, la Monuc impuissante

par  RFI

Article publié le 27/10/2008 Dernière mise à jour le 28/10/2008 à 06:18 TU

Près de 20 000 civils ont fui lundi les combats entre la rébellion congolaise de Laurent Nkunda et l'armée dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Les rebelles, qui ont lancé une offensive durant le week-end, se sont approchés ce lundi de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, provoquant un vent de panique dans la ville et la colère de la population qui a manifesté devant le siège de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc). Dans ce contexte, la démission du commandant de la Monuc pour « raisons personnelles » ne trompe personne.
Ces Congolais, qui fuient les violences, quittent le camp de déplacés de Kibumba, à 35 kilomètres au nord de Goma, le 27 octobre 2008. (Photo : AFP)

Ces Congolais, qui fuient les violences, quittent le camp de déplacés de Kibumba, à 35 kilomètres au nord de Goma, le 27 octobre 2008.
(Photo : AFP)


Après
avoir pris dimanche le contrôle de la base militaire de Rumangabo, au nord de Goma, les rebelles de Laurent Nkunda ont progressé lundi en direction de Goma. Ils ont attaqué notamment le village de Kibumba, à une trentaine de kilomètres de la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Du coup, des troubles ont éclaté à Goma lundi matin, accompagnés d'un vent de panique.

Roger Rachidy Tumbula

Maire de Goma

« La population a pensé, à tort, que la Monuc ne l'assiste pas. »

27/10/2008 par Juliette Rengeval


Des Casques bleus ont dû tirer en l'air pour disperser les manifestants devant le siège de la Monuc à Goma.

Sylvie Van Den Wildenberg

La porte-parole de la Monuc à Goma

« Il y a des gens qui ont une tendance à jeter le blâme sur la Monuc pour tous les maux qui se passent dans cette province. »

27/10/2008 par Juliette Rengeval

Pendant ce temps à New York, l'ONU annonçait la démission du commandant des Casques bleus de la Monuc, le général espagnol Vicente Diaz de Villegas, officiellement pour des « raisons personnelles ». Nommé il y a deux mois, le général Vicente Diaz de Villegas avait pris ses fonctions depuis seulement trois semaines. De source diplomatique, on indique cependant que le général Diaz estime que la Monuc n'a pas les moyens de faire face à sa tâche, alors qu'elle est confrontée à une nette détérioration de la situation dans l'est de la RDC. 

L'ONU préoccupée par les attaques des rebelles : le Conseil de sécurité se réunit ce mardi

« Depuis plusieurs semaines, l'ONU demande au Conseil de sécurité de muscler sa mission. Jusqu'ici le Conseil a toujours refusé, mais la situation change tous les jours

28/10/2008 par Philippe Bolopion

 

La terrible impuissance de la Monuc

Si l'ONU à New York n'a guère semblé ces derniers mois prendre la mesure de la situation à l'est du Congo, la démission du commandant des forces de la Monuc va peut-être provoquer un électrochoc .Cette démission du Général Diaz de Villegas, trois semaines seulement après son arrivée à Kinshsa, tire la sonnette d'alarme.

La Monuc est aujourd'hui totalement paralysée et la question que beaucoup de monde se pose, c'est - à quoi sert la mission onusienne, puisqu'elle se révèle incapable de remplir son mandat de protection des populations, prise entre l'enclume et le marteau. Le gouvernement congolais dont l'armée subit de lourdes défaites voudrait qu'elle se batte contre la rébellion du CNDP. Les rebelles de Laurent Nkunda, eux, jugent qu'elle a perdu sa neutralité et la considèrent désormais comme un ennemi. Casques bleus et personnels civils sont également pris pour cible par des manifestants manipulés mais légitimement excédés.

Le Général démissionnaire a visiblement estimé qu'en l'état, la Monuc ne disposait ni d'un format militaire suffisant, ni d'un cadrage clair pour imposer un règlement politique de cette nouvelle crise. Après les élections de 2006, la communauté internationale s'est désinvestie, considérant qu'elle avait réussi la pacification du Congo. La Monuc a pâti de cette erreur de jugement. Deux ans plus tard, la guerre fait rage et plus d'un million de Congolais sont déplacés dans le nord Kivu. Leurs souffrances laisseront-elles la communauté internationale résignée et impassible ?