Inde / Pakistan

New Delhi réclame des mesures au Pakistan

Article publié le 02/12/2008 Dernière mise à jour le 02/12/2008 à 17:05 TU

Un enfant tient une bougie dans sa main en mémoire des victimes des attentats de Bombay.
(Photo : AFP)

Après les attentats de Bombay, qui ont fait 188 morts et plus de 300 blessés selon un nouveau bilan, l'Inde hausse le ton face au Pakistan en demandant l'extradition d'une vingtaine de personnes recherchées par la justice indienne. Le gouvernement de Karachi promet de coopérer s'il a des preuves de l'implication de ressortissants pakistanais. Les responsables indiens ont par ailleurs reconnu avoir été avertis à deux reprises par les services américains de la possibilité d'attentats à Bombay. C'est ce qu'affirme CNN qui, avec ABC, autre chaîne de télevision américaine, donne quelques détails sur les informations transmises à l'Inde.

Avec notre correspondant à New Delhi, Pierre Prakash

L’Inde a pour la première fois protesté de manière officielle auprès du Pakistan en convoquant son ambassadeur en poste à New Delhi, lundi soir. Au cours de l’entretien, les diplomates indiens lui ont tout d’abord confirmé que les auteurs des attentats étaient bien des ressortissants pakistanais, et surtout, ils lui ont remis un message à l’adresse d’Islamabad, message dans lequel les autorités indiennes réclament « une action énergique contre les éléments responsables de l’attaque », à savoir, selon New Delhi, le groupe islamiste armé Lachkar-e-taïba. De son coté, l’ambassadeur d’Inde au Pakistan a lui, fourni, à Islamabad une liste de 20 terroristes dont New Delhi réclame l’extradition, dont notamment Hafeez Sayeed, le chef de Lachkar-e-taïba.

New Delhi reproche surtout au Pakistan de ne rien faire pour entraver les actions terroristes de groupes anti-indiens comme Lachkar-e-taïba, alors que ceux-ci sont officiellement interdits au Pakistan depuis 2002 ; cette interdiction avait était mise en place sous une forte pression américaine, il faut rappeler que Lachkar-e-taïba figure sur la « liste noire » de Washington des organisations terroristes.

Ce qui n’est pas dit publiquement, c’est que New Delhi soupçonne aussi fortement les services secrets pakistanais de soutenir ces groupes en coulisses. En d’autres termes, quand l’Inde accuse Lachkar-e-taïba, elle accuse indirectement Islamabad, même si de nombreux observateurs se posent des questions sur le niveau de contrôle dont dispose le gouvernement pakistanais sur ses propres services secrets, extrêmement puissants au sein de l’appareil d’Etat.

De son côté, Islamabad continue cependant de réclamer des preuves, avant d’agir. Le ministre des Affaires Eérangères, Shah Mehmood Qureshi, a par contre proposé de mettre à disposition, une équipe pour participer à l’enquête sur les attentats de Bombay.

Le renseignement américain avait averti les Indiens

C'était à la mi-octobre, soit il y a plus d'un mois. Les services du renseignement américains ont alors averti leurs collègues indiens d'une possible attaque venue de la mer contre des hôtels et des centres commerciaux à Bombay. L'hôtel Taj a même été cité parmi les établissements susceptibles d'être pris pour cible. D'ailleurs Ratan Tata, le président de la société propriétaire de l'hôtel, a reconnu qu'à un moment donné les mesures de sécurité entourant le Taj avait été accrues suite à un avertissement. Tout en estimant que cela n'aurait pas pu empêcher le carnage de la semaine dernière. Les services secrets américains restent aujourd'hui très actifs sur ce dossier. Depuis vendredi, ils étudient les appels passés avec les cartes des téléphones cellulaires retrouvés sur les terroristes, et d'après ABC, ce travail les aurait déjà conduits à un véritable trésor de pistes menant au Pakistan, et singulièrement au groupe Lashkar-e-taïba. Mais aussi éventuellement aux Etats-Unis dans la mesure où l'une des cartes SIM a peut-être été achetée sur le territoire américain. RFI