par Myriam Berber
Article publié le 05/01/2009 Dernière mise à jour le 13/01/2009 à 15:26 TU
Le secteur de l’automobile est touché de plein fouet par la crise financière mondiale. Les constructeurs multiplient les suspensions de production dans les usines.
( Photo : Reuters )
Du jamais vu au pays du soleil levant ! 3,1 millions de véhicules vendus au Japon en 2008, le plus mauvais score depuis 1974. Après les Américains, c’est au tour des constructeurs automobiles japonais de voir leur production s’effondrer en 2008. Les immatriculations de véhicules neufs (hors minivoitures) ont reculé de 6,5% en 2008 par rapport à 2007. Chez Toyota, les ventes ont chuté de 7%, celle de Nissan de 5,8% et celles de Mitsubishi Motors de 21,8%. Honda tire mieux son épingle du jeu, ses ventes ont progressé de 6,4%. Et les professionnels du secteur s'attendent à encore pire en 2009.
Au brutal ralentissement économique mondial provoqué par la crise financière s’est ajoutée une saturation du marché nippon. L’automobile arrive au troisième rang des préoccupations des jeunes Japonais, très loin derrière le téléphone portable et les lecteurs MP3. Même la presse automobile est victime de ce désamour pour la voiture, sa diffusion est en baisse de 50%. La mévente dans l’Archipel joue certes son rôle, mais deux autres facteurs expliquent ces mauvais résultats.
Une chute des exportations
Les constructeurs japonais sont victimes d’un affaiblissement de la demande dans les pays occidentaux durement touchés par la crise. Les exportations à destination des Etats-Unis sont notamment en chute libre. Malgré des modèles peu gourmands en carburant, les ventes de Toyota ont plongé de 34% en novembre aux Etats-Unis, son premier débouché. Elles ont également baissé de 33% en Europe et donnent de sérieux signes de faiblesse dans les pays émergents. Chez Nissan, les exportations se sont repliées de près de 50% pour les véhicules à destination des Etats-Unis. Même Honda a vu ses exportations baisser de près de 10%.
Autre facteur qui explique ces mauvais résultats: le renchérissement du yen. La monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, a atteint son niveau le plus haut face au dollar et à l’euro et cette envolée du yen menace sévèrement les constructeurs automobiles, en tant qu’entreprises exportatrices. En conséquence, les groupes nippons ont décidé de ralentir fortement leurs investissements. Toyota a ainsi annoncé le gel de plusieurs projets d’accroissements des capacités, comme notamment la mise en route d’une usine dans le Mississippi. Les groupes nippons prévoient également des coupes dans leurs effectifs. Après Nissan qui a annoncé en octobre la suppression de 3500 emplois dans le monde, le numéro un mondial Toyota a décidé, en décembre de supprimer 3 000 postes temporaires dans l’Archipel et de réduire de 10% les bonus des cadres dirigeants.
Les effets de « la prime à la casse » pas encore chiffrés
En Europe, la situation apparait moins préoccupante. Mais les constructeurs du Vieux continent sont également fragiles face à la crise financière et au resserrement du crédit. L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) a confirmé une chute de 25,8% en décembre sur un an. L’Espagne et l’Italie sont particulièrement touchées par une forte baisse de la demande. Les ventes de voitures neuves ont chuté de près de 50% sur le marché espagnol et de 13% sur le marché italien.
Dans ce contexte, la France résiste cependant mieux que d’autres. Les ventes de voitures particulières en France ont baissé de 15,8% en décembre, mais sont parvenues à limiter leur baisse à 0,7% sur l’ensemble de l’année 2008. Selon le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), ces chiffres de décembre n’intègrent pas encore les effets de « la prime à la casse » proposée par le gouvernement français depuis le 4 décembre. Cette ristourne s’élève à 1000 euros pour l’acquisition d’un véhicule émettant moins de 160 grammes de CO2, à condition de se séparer d’un ancien modèle de plus de dix ans. Selon le CNPA, ce coup de pouce devrait avoir un effet sur les ventes dans les prochains mois. Les chiffres précis seront connus en février et mars, quand les préfectures auront enregistré les nouvelles immatriculations.
Le marché français a également été soutenu toute l'année 2008 par le bonus-malus en faveur des voitures moins polluantes. Au total, sur l'ensemble de l'année, les ventes de Renault ont progressé de 1,6%, celles de Peugeot-Citroen de 1%. Afin d’éviter le gonflement des stocks, les constructeurs français ont multiplié, ces derniers mois, les annonces de chômage partiel dans leurs usines. Leurs concurrents européens ont font autant. Comme les français Renault et PSA, l’italien Fiat et le suédois Volvo ont multiplié les arrêts momentanés de production. L’Allemagne ne fait pas exception. L’industriel haut de gamme BMW et le numéro un des poids lourds Daimler, ont annoncé respectivement la suppression de 8 100 postes dans le monde et de 3 500 emplois en Amérique du Nord.