par Myriam Berber
Article publié le 09/01/2009 Dernière mise à jour le 09/01/2009 à 17:06 TU
Au total, les trois groupes américains ont vu leur part collective du marché tomber au-dessous de 50% pour la première fois dans l’histoire. Le reste étant des voitures étrangères. A titre de comparaison, en 2004, ils se taillaient encore 60% du marché et le pourcentage était de 71% il y a dix ans. Le salon de Detroit ne devrait pas comme chaque année être l’occasion de présenter les nouveaux modèles. « On vient de sortir d’une des pires années depuis des décennies et 2009 ne parait pas beaucoup plus souriant. On va moins parler des produits que de la façon dont Detroit va survivre à 2009 », affirment bon nombre de spécialistes.
Des aides publiques
Le numéro un américain General Motors (GM), dont les ventes de voitures ont chuté de 41% en novembre, a annoncé une perte d’exploitation de 2,5 milliards de dollars sur le seul troisième trimestre 2008 et a déjà gelé le paiement des frais médicaux pour ses retraités. A court d’argent, GM va vendre aux enchères plus de 200 voitures de son parc historique, espérant obtenir 5 millions de dollars. Cette somme devrait s’ajouter à l’aide de l’Etat américain de 13,4 milliards de dollars, dont 9,4 milliards déjà versés. GMAC, la société qui finance les achats de voitures construites par General Motors, devrait, elle aussi, recevoir 6 milliards de prêts.
Son concurrent Chrysler dont les ventes ont chuté de 53% par rapport à décembre 2007, se bat également pour sa survie. Au bord de la cessation de paiements, le plus petit constructeur de Detroit qui a déjà supprimé plus de 35 000 postes depuis le début 2007, va devoir se séparer de 25% de ses cols blancs. Chrysler a reçu, pour sa part, un prêt fédéral de 4 milliards de dollars. Pour pousser les ventes en 2009, le constructeur compte notamment sur de grosses opérations promotionnelles, y compris des prêts à taux zéro sur six ans pour certains modèles. Ford, seul constructeur de Detroit, à ne pas avoir fait appel à des financements publics d'urgence, n'est pas pour autant optimiste. Pour lui, les premiers chiffres de ventes de 2009 risquent bien de prolonger la tendance noire qui a marqué l'année qui vient de s'écouler. Selon le Center for Automobile Research (CAR), la faillite des trois constructeurs nationaux pourrait coûter entre 2,5 et 3,5 millions d'emplois, directs et indirects, aux Etats-Unis, avec des conséquences désastreuses sur l'économie américaine.
Fermetures d’usines et licenciements
Dans le sillage de l’industrie automobile, toute la sous-traitance (métaux, chimie, électronique ou encore informatique) est affectée. Dans le Michigan, le principal Etat d’implantation des usines de montage, les fermetures d’usines se multiplient et nombre d'entre elles ont du se résoudre à des mesures de chômage technique, de congés forcés voire de suppressions d'emplois. Selon le CAR, le dépôt de bilan d'un des trois grands constructeurs l'an prochain se traduirait par un manque à gagner de plus de 150 milliards de dollars en rémunérations salariales aux Etats-Unis.
Les Américains ne sont pas les seuls concernés, les constructeurs japonais et européens, comme Toyota, Nissan, Renault, Fiat et Volvo, connaissent les mêmes problèmes. Ils ont également vu leur production s’effondrer en 2008. Pour des raisons d’économies, Nissan, Mitschubishi, Land Rover et Rolls-Royce ont d’ailleurs annulé leur venue à Detroit.