par Myriam Berber
Article publié le 26/01/2009 Dernière mise à jour le 26/01/2009 à 18:53 TU
« La crise alimentaire reste d’actualité et risque de s’aggraver », c'est avec ces mots que Jacques Diouf a ouvert la réunion de Madrid organisée par les Nations unies et le gouvernement espagnol. Le directeur général de la FAO, l’agence onusienne spécialisée dans l’agriculture et l’alimentation, estime que « les prix restent très volatils, et pourraient augmenter de nouveau. Les conséquences de la crise économique pourraient venir empirer cette situation ». « Le resserrement du crédit pourrait, en diminuant les investissements des agriculteurs, entraîner un rebond des cours dès la prochaine récolte 2009-2010 », prévient la Banque mondiale.
La baisse des prix des denrées de première nécessité et les bonnes récoltes 2008-2009 n’ont pas mis fin à la crise alimentaire dans les zones à faibles revenus, particulièrement en Afrique. Selon la Banque mondiale, les consommateurs ne bénéficient pas toujours de la baisse des matières premières. Un exemple : le maïs dont le cours mondial a chuté de 32% en un trimestre, n’a baissé que de 1% pour les consommateurs de Mombasa, au Kenya. D’autres facteurs orientent les prix à la hausse : la croissance démographique, l’augmentation de la consommation dans les pays émergents et la demande de biocarburants. Reste à mesurer l’impact de la crise économique.
Près d’un milliard d’individus sous-alimentés
La faim gagne du terrain. Selon la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 40 millions en 2008, passant à 963 millions. Sept pays rassemblent les deux tiers de ces personnes : Inde, Chine, République démocratique du Congo, Bangladesh, Indonésie, Pakistan et Ethiopie. En Afrique subsaharienne, une personne sur trois souffre de faim chronique. Face à cette situation, la communauté internationale a pris un certain nombre d’engagements. Lors du dernier sommet sur la crise alimentaire à Rome en juin dernier, des promesses financières ont été faites. Pour Action contre la Faim, comme de nombreuses ONG, le compte n’y est pas. Sur 12 milliards d’euros de promesses de dons, seul un milliard aurait été versé.
Des engagements ont également été pris en matière de développement agricole. En juin 2008, trois agences des Nations unies - le Programme alimentaire mondial, la FAO et le FIDA (Fonds international pour le développement de l’agriculture) - et l’AGRA (Alliance pour une révolution verte en Afrique) ont ainsi signé à Rome, un protocole en ce sens. Avec pour objectif d'aider les petits exploitants agricoles à se développer « pour qu'ils puissent nourrir plus de gens sur place ». L’Afrique est, en effet, le seul continent où la production agricole par habitant a diminué ces trente dernières années. Il y a plusieurs façons d’accroître la production agricole : l’augmentation des surfaces et celle des rendements.
Augmenter les rendements
Selon la FAO, près de 210 millions d’hectares sont cultivés en Afrique, alors que plus d'un milliard pourrait l’être, dont 400 millions d’hectares de très bonnes terres. Le but de cette révolution verte est d’augmenter les surfaces arables utilisées, et surtout d’en augmenter le rendement.Partant du constat que près de trois-quarts des terres africaines sont cultivés sans engrais ni semences améliorées, Jacques Diouf dans sa « révolution verte » table sur un usage accru des semences, des fertilisants, des engrais et des techniques d’irrigation plus performantes. A noter, à cette conférence de Madrid, la présence du groupe d'agrochimie américain Monsanto qui va participer à une table ronde sur les moyens à mettre en œuvre pour augmenter les rendements des terres en Afrique. Une présence qui ne fait pas l’unanimité, l’ONG britannique Oxfam militant pour la préservation d’une culture vivrière et familiale.