par RFI
Article publié le 27/01/2009 Dernière mise à jour le 28/01/2009 à 03:37 TU
Les forces de sécurité de l'État, le 27 janvier 2009, devant un bâtiment appartenant à la famille du président malgache, Marc Ravalomanana, pillé et brûlé la veille, à Antananarivo.
(Photo : AFP)
Avec nos correspondants et envoyés spéciaux
La situation est toujours instable à Madagascar. Et le bilan des émeutes du lundi 26 janvier à Antananarivo, la capitale, est lourd : 25 corps calcinés ont été retrouvés dans les décombres d’un grand magasin incendié de la capitale. « Les corps sont tellement brûlés qu’ils seront difficiles à identifier », a déclaré un responsable des pompiers à l’agence Reuters. Les victimes auraient été prises au piège dans le brasier, au plus fort des pillages de la nuit dernière. Elles se trouvaient dans un magasin de vêtements sur une artère perpendiculaire à l’avenue de l’Indépendance.
Un couvre-feu a été instauré. Il s’agit là encore d’un autre signe de la volonté des pouvoirs publics, clairement affichée aujourd’hui, de rétablir l’ordre dans la capitale. Des unités de 20 soldats ou de policiers sont postées devant la plupart des superettes ou autres enseignes susceptibles d’être pillées.
Dans les quartiers des ministères aux abords du lac Anoussi, des citoyens armés de bâtons montent la garde derrière des barrages de fortune pour protéger leurs quartiers. Par ailleurs, un détenu a été tué et dix autres blessés dont trois grièvement à la prison d’Antanimora. Ce mardi, en milieu d’après-midi, ils ont entamé une mutinerie qui a été réprimée.
En province aussi, on a signalé des incidents ce mardi. Des magasins Magro, propriété du président Ravolamanana ont été pillés dans la plupart des grandes villes du pays. Les pillards ont pris d’assaut également d’autres enseignes. Les premières villes touchées par ces pillages, cantonnés à un ou deux quartiers, sont Mahajanga sur la côte ouest, Tuléar plus au sud, Antsirabe sur les Hauts-Plateaux. On a relevé aussi des incidents plus tard dans la journée à Fianarantsoa et enfin à Tamatave sur la côte est. En revanche, point d'incident à Diego-Suarez et à Fort-Dauphin.
Comment sortir de cette épreuve de force ? |
Le président Marc Ravalomanana a renouvelé son appel au dialogue. Il est intervenu deux fois à la radio ce mardi, le matin et en début de soirée. Il a appelé à l’unité nationale et promis que les troubles s’arrêteraient rapidement si les deux parties arriveraient à se rapprocher. Pour cela, il a d’ailleurs demandé la médiation de la communauté internationale et des églises. Et pour le reste, il est très difficile d’avoir des informations fiables et on ne sait même pas précisément où était Marc Ravalomanana aujourd’hui, à Antannanarivo ou en province ? Un conseil des ministres se serait tenu ce soir .Mais aucune communication officielle à ce sujet. Le maire Andry Rajoelina est lui aussi intervenu à la radio mais brièvement, sur la place du 13 Mai, le lieu de rassemblement des manifestants. Il y a une certaine confusion. Il ne s’est pas rendu ce matin à une réunion avec la communauté internationale, craignant, selon ses proches, un traquenard initié par les autorités. Andry Rajoelina rappelle aussi qu'il veut avant toute discussion avec le gouvernement, le jugement de l'agent de sécurité responsable de la mort de l'un de ses partisans, lundi, et le départ des mercenaires qui seraient dans le pays. Bref, la situation est encore très confuse au niveau politique, et on ne sait pas encore quand aura lieu ce fameux dialogue qui pourrait permettre une sortie de crise. |
Parmi les raisons possibles de la grogne des Malgaches contre l'administration Ravalomana, on trouve ce projet de convention que les Sud-coréens de Daewoo voudraient passer avec Madagascar :
« Daewoo propose ce projet pharaonique de 1,3 milliard d'hectares pour délocaliser ses productions de maïs et d'huile de palme. Mais la réforme foncière prévoit le maintien des droits ancestraux... »
A écouter
« C'est surtout des jeunes qui s'en prennent aux commerces... Les forces de l'ordre ont vite calmé le jeu... Sans les militaires ç'aurait été le chaos total....»
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« Des citoyens ont fait des comités de vigilance, pour aider les policiers... Les pillages ne font pas partie du mouvement populaire...»
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« La grande majorité de l'empire industriel de Marc Ravalomana a été brûlé et saccagé lundi et mardi. Quant à son pouvoir politique, il est trop tôt pour dire ce qui en restera... »
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