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Tchad / Centrafrique

L'Eufor passe le relais à la Minurcat dans un contexte tendu

par  RFI

Article publié le 15/03/2009 Dernière mise à jour le 15/03/2009 à 13:57 TU

La cérémonie a lieu à Abéché ce jour : la force européenne déployée depuis mars 2008 dans le nord-est de la Centrafrique et à l'est du Tchad, l'Eufor, destinée à sécuriser les populations, et dont la moitié des hommes sont fournis par la France, cède la place à une mission des Nations unies, la Minurcat. Le contexte est tendu, avec côté soudanais des bruits de bottes et un afflux probable de réfugiés du Darfour.

Lors d'une répétition des cérémonies de ce 15 mars, des soldats irlandais de l'Eufor revêtent le béret bleu de l'ONU. Plus de 2 000 soldats de l'Eufor resteront encore plusieurs mois sur place pour bien passer le relais à la Minurcat, ils vont simplement changer de casquette.( Photo : Philippe Huguen/AFP)

Lors d'une répétition des cérémonies de ce 15 mars, des soldats irlandais de l'Eufor revêtent le béret bleu de l'ONU. Plus de 2 000 soldats de l'Eufor resteront encore plusieurs mois sur place pour bien passer le relais à la Minurcat, ils vont simplement changer de casquette.
( Photo : Philippe Huguen/AFP)

Les diplomates de l’ONU l’admettent : « La situation n’est pas bonne, la Minurcat va prendre le relais de l’Eufor à un moment délicat », affirme un haut responsable des Nations unies.

Il y a des bruits de bottes côté soudanais, des concentrations de rebelles tchadiens sont signalés, qui disposent de matériels neufs : un millier de véhicules, selon plusieurs sources.

De l’autre côté de la frontière, l’armée tchadienne a concentré des troupes pour faire face à une éventuelle attaque : « Nous avons pris toutes les dispositions pour défendre notre pays », a déclaré le chef de la diplomatie tchadienne.

L’expulsion de plusieurs ONG du Soudan, à la suite du mandat d’arrêt contre le président el-Bechir, inquiète les humanitaires. Côté tchadien, un nouvel afflux de réfugiés soudanais au Tchad n’est pas exclu. Les agences des Nations unies, et notamment le HCR, s’y préparent ; et c’est dans ce contexte tendu que la force européenne Eufor va céder la place aux Casques bleus.

La France, première contributrice en nombre d'hommes, représentée par Bernard Kouchner à la cérémonie

La cérémonie se déroulera ce dimanche 15 mars à Abéché, en présence de Bernard Kouchner qui va la présider. Le ministre français des Affaires étrangères réfute les critiques de certaines ONG sur le bilan de l’Eufor : « La sécurité est revenue dans les camps, les populations s’en trouvent bien, et de nombreux déplacés vont retrouver, dans des endroits réputés dangereux, une vie normale...  C’est le résultat de ce que nous avons fait pour protéger et sécuriser les populations, pas la frontière et pas la situation politique

Les autorités tchadiennes réticentes au début ont finalement accepté le déploiement de l’Eufor et sa transformation en force onusienne. Pour Moussa Faki, le chef de la diplomatie, « il ne s’agit pas de défendre les frontières tchadiennes, il s’agit de protéger les réfugiés, les déplacés, et les humanitaires. Pour ce qui est de la protection de notre territoire nous nous en chargeons et nous le faisons bien ».

Sur les 3 300 soldats européens, 2 300 resteront sur place, mais sous mandat des Nations unies, avant d’être remplacés, dans les semaines à venir, par des Népalais, des Ghanéens et des Togolais.

Déclarations

« Nous avons apporté un environnement plus sûr, a estimé vendredi le commandant sur le terrain de l'Eufor, le général français Jean-Philippe Ganascia.Je le dis en toute modestie: nous avons amélioré la sécurité à l'Est. Nous avons contribué à apporter un environnement plus serein, plus sûr à la population dont nous avons la charge, aux humanitaires et à nos camarades de la Minurcat »

- « Nous sommes tous d'accord pour dire que malgré les conditions exigeantes, et parfois extrêmes, ça a été une mission à succès », a déclaré la ministre tchèque de la Défense Vlasta Parkanova.

-  « Alors que l'Eufor quitte le pays, il est indispensable de crier haut et fort que l'insécurité demeure très répandue (...) les habitants continuent de vivre dans la peur et l'insécurité au Tchad, assure Pauline Ballaman, d'Oxfam International, les violences sexuelles augmentent et les groupes armés continuent de recruter des enfants soldats en toute liberté ».

Avec AFP