par RFI
Article publié le 25/03/2009 Dernière mise à jour le 26/03/2009 à 12:09 TU
En février 2008 devant le Parlement sud-africain, Nicolas Sarkozy avait prôné la refondation des relations franco-africaines.
(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy entame ce jeudi à Kinshasa son quatrième voyage en Afrique. Le président français qui est accompagné par plusieurs ministres et responsables d’entreprises entend démontrer, par cette tournée éclair, les liens rénovés qu'il veut avoir avec le continent noir. Il espère notamment contribuer à la stabilisation de la région des Grands Lacs.
En République démocratique du Congo (RDC) Nicolas Sarkozy devrait saluer les " risques " pris par le président Joseph Kabila pour trouver une issue aux hostilités avec le Rwanda et mettre un terme aux violences dans la province orientale du Kivu. Il devrait également s'employer à clarifier, auprès du président congolais, sa position au sujet du " partage des richesses " entre la RDC et le Rwanda, une idée qui avait été évoquée en janvier dernier.
La voie libre de Vital Kamerhe |
Nicolas Sarkozy a de la chance. Jusqu’ici, on pensait qu’en venant s’exprimer devant le Parlement de Kinshasa, il allait se jeter dans la gueule du loup, tant le conflit s’était durci ces derniers temps entre le chef de l’Etat Joseph Kabila et le président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, et puis d’un seul coup, hier après-midi, le conflit s’est réglé : il a suffi d‘un seul mot de Vital Kamerhé à la tribune de la Chambre, «je démissionne sans débat et sans vote» . Joseph Kabila a donc gagné, et ce matin c’est en vainqueur qu’il pourra accompagner Nicolas Sarkozy au Palais du peuple, face aux députés et aux sénateurs ; cela dit, le président congolais n’est sans doute pas débarrassé de son rival. Vital Kamerhe quitte le perchoir en gardant des troupes à l’Assemblée comme dans sa région natale, au Sud-Kivu. Désormais, il le dit lui-même, il devient un homme libre, un coup il vote avec la majorité et un coup, avec l’opposition et quand on lui fait remarquer que depuis l’arrestation de Jean-Pierre Bemba, il y a un an, il y a un grand fauteuil vide à la tête de l’opposition congolaise, Vital Kamerhe se fend d’un grand sourire. |
Dans cette visite, le président français est accompagné de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, du ministre du Travail Brice Hortefeux, ainsi que des secrétaires d'Etat chargés des Droits de l'homme, Rama Yade, et de la Coopération et de la francophonie, Alain Joyandet. Rama Yade a organisé une soirée de mobilisation, mardi à Paris, en faveur des femmes victimes de viols dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, en présence de la Première dame Carla Bruni Sarkozy. La secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme s'est rendue à deux reprises dans l'Est de la RDC.
Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme
« Ce que j'ai vu là-bas, je ne l'ai vu nulle part ailleurs. Ce qui m'a choquée, c'est l'ampleur et la violence des crimes. Le viol est utilisé là-bas comme une arme de guerre. »
Un état des droits de l'homme désespérant |
La région la plus ravagée est bien sûr l’Est du Congo. Depuis la reprise des combats, en coût dernier, les atrocités se sont multipliées, notamment contre les femmes et les jeunes filles, tout le monde est coupable, l’armée comme les rebelles comme, et pratiquement personne n’est arrêté, c’est l’impunité. Mais si les prisons de l’est du pays sont vides, celles de Kinshasa sont trop pleines. Partisans de Jean-Pierre Bemba, syndicalistes, ou simples commerçants qui refusent d’être rackettés par les militaires, ils sont plusieurs dizaines de Congolais, quelques étrangers aussi, des Belges, des Ougandais aussi, qui croupissent dans les geôles de Kinshasa en l’absence de toute procédure judiciaire. Ceux qui séjournent à la prison de Makala ont la chance de recevoir des visites de leur famille ou de leur avocat, mais ceux qui sont enfermés dans les cellules de la police à Kin Mazière et surtout dans les cachots secrets des militaires de l’ANR ou autres corps particuliers, ceux-là sont soumis à l’arbitraire le plus total. Quand l’un de ces prisonniers est convoqué par un juge, il arrive même que ses geôliers refusent de le laisser comparaître. Le rapporteur spécial de l’ONU Walter Kälhin dénonce la situation « déplorable » de la justice congolaise : c’est un euphémisme. |
Pour en savoir plus : site web de la mission de l'ONU en RDC : http://www.monuc.org/Home.aspx?lang=fr
Le Congo et le Niger
Lors de son escale à Brazzaville, jeudi soir, Nicolas Sarkozy doit s'entretenir avec le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso. Il y rencontrera aussi des représentants de l'opposition. L'élection présidentielle y aura lieu en juillet prochain. Le président congolais a été critiqué pour la gestion des richesses pétrolières de son pays et ses investissements immobiliers à l'étranger, notamment en France.
Nicolas Sarkozy se rendra vendredi au Niger, où il rencontrera le président Mamadou Tandja. Les discussions devraient porter sur la démocratie mais aussi sur l'uranium. Le numéro un mondial du nucléaire le français Areva vient de signer un contrat pour l'exploitation du gisement d'Imouraren, dans le Nord du pays. Le Niger deviendra ainsi le deuxième producteur mondial d'uranium.
A écouter
« La Françafrique recouvre des réalités certaines condamnables, et d'autres extrêmement intéressantes... Si la France n'est pas là dans certaines circonstances, ce sont les populations africaines qui en souffriront... Ce serait une erreur de se désintéresser de ce qui se passe en Afrique »
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« Je crois que l'idée est de dire : on s'est engagé à défendre les gouvernements y compris contre leur propre rue, il est évident que tout ça doit disparaître. »
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