Revue de presse Afrique
Direction la RDC, le Congo Brazzaville et le Niger : les trois pays de la tournée africaine de Nicolas Sarkozy… Le président français est attendu ce matin à Kinshasa. « Bienvenue Sarkozy » : c’est le titre de l’éditorial du Potentiel, qui insiste sur la portée économique de cette visite. « La composition de la délégation française donne à penser que le passage de Sarkozy à Kinshasa, si bref soit-il, devrait ouvrir la voie à d’heureuses perspectives économiques », estime Le Potentiel qui cite notamment les secteurs de l’uranium au Katanga ou encore le secteur des infrastructures avec la réhabilitation de l’aéroport de NDjili. De son côté, L’Observateur, autre quotidien congolais, rappelle que la France est le 3e fournisseur de la RDC derrière la Belgique et l’Afrique du Sud. Toutefois, remarque L’Observateur, les investissements français dans le pays restent très modestes : seulement 19 millions d’euros en 2006.
Objectif : conquérir des marchés…
Alors, seulement quelques heures en RDC, une nuit au Congo Brazza et une visite éclair au Niger… « Le temps sera-t-il suffisant pour échanger en profondeur autour des sujets qui intéressent la France et les pays visités ? », s’interroge Le Pays au Burkina Faso. Pour ce qui est de la RDC, remarque le quotidien burkinabè, « on se rappelle que le président français avait proposé la ‘restructuration’ de toute la région des Grands Lacs et surtout l’exploitation en commun par le Rwanda et la RDC des richesses du Nord Kivu. Nicolas Sarkozy précisera-t-il sa pensée à l’occasion de cette mission ? » s’interroge encore Le Pays. Le Pays qui remarque lui aussi que « la visite de Nicolas Sarkozy en RDC, au Congo Brazza et au Niger restera dominée par la conquête de marchés pour les entreprises françaises actuellement en crise. Les populations africaines qui aspirent à la démocratie peuvent encore patienter », note également le quotidien burkinabé.
« Une corvée vite expédiée ? »
Beaucoup de réactions également dans la presse française : « La politique africaine de Nicolas Sarkozy tarde à rompre avec une certaine opacité ». C’est le titre d’une analyse que nous propose Le Monde. « Depuis les indépendances, le marché n’a guère changé, remarque le quotidien : le soutien presque aveugle de la France en échange du maintien d’une influence économique, politique et diplomatique, en particulier à l’ONU. » Pour Libération, cette tournée africaine de Nicolas Sarkozy est destinée à « arrondir les angles. » Pour ce qui concerne la RDC, explique le journal, le président français « va s’employer à faire oublier un discours peu diplomatique, en janvier dernier où il avait évoqué un ‘partage’ de ‘l’espace’ et des ‘richesses’ entre le Rwanda et le Congo. » Pour le quotidien breton Le Télégramme, « cette visite éclair donne l’impression d’une corvée vite expédiée. Contrairement à Chirac, remarque le journal, Sarkozy a un faible intérêt pour les DOM-TOM comme pour l’Afrique. » Le Télégramme remarque également qu’Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, ne sera pas du voyage, de même que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, « dont l’image en Afrique, affirme Le Télégramme, a été écornée par les révélations du livre de Pierre Péan. »
Pas à l’ordre du jour !
On revient à Libération qui remarque qu’au cours de cette tournée de Nicolas Sarkozy, « le micmac judiciaire franco-africain devrait être passé sous silence. » Référence à l’affaire dite des biens mal acquis, « qui empoisonnent les relations entre d’une part Paris et le Gabon d’Omar Bongo et, d’autre part entre Paris et la République du Congo de Sassou-Nguesso, où se rend Nicolas Sarkozy cet après-midi. » Libération rapporte que « l’Elysée a prévenu : ‘ce sujet ne sera pas au centre des discussions avec le président congolais’. » Il faut dire que le dossier est gênant, voire troublant… Il s’agit, rappelons-le, de l’affaire de la plainte à Paris déposée par plusieurs ONG pour détournement de fonds publics contre les présidents Bongo et Sassou-Nguesso. Et en filigrane, il y a les habituels problèmes de corruption liés au pétrole.
A ce sujet, le quotidien La Croix rappelle la « mort suspecte » d’un militant franco-congolais anti-corruption, Bruno Ossebi. Ce journaliste de 45 ans « est mort brutalement le 2 février à Brazzaville. Deux semaines plus tôt, le 21 janvier, un incendie avait détruit sa maison, causant la mort de sa compagne et des deux enfants de cette dernière. » La Croix précise que malgré ses brûlures, Bruno Ossebi était dans un état grave mais pas critique : « Son état était jugé suffisamment bon pour permettre une évacuation sanitaire vers la France. Mais, la veille du jour prévu, Bruno Ossebi était trouvé mort dans la nuit. Et comme pour rendre ce décès plus suspect, poursuit La Croix, un incendie avait frappé ce même 21 janvier dernier la maison d’une autre figure de la société civile congolaise, cette fois en France, près d’Orléans. » Bref, une concomitance jugée « troublante » par un haut diplomate français, cité par La Croix. La Croix qui rappelle que Bruno Ossebi enquêtait sur le commerce pétrolier et son financement… Plusieurs ONG, poursuit le quotidien français, ont demandé à Nicolas Sarkozy d’aborder ce dossier au cours de sa visite. Réponse de l’Elysée citée par La Croix : « L’affaire Ossebi fera partie des thèmes que l’on abordera peut-être à un moment ou à un autre de cette visite d’amitié. »
par Frédéric Couteau
[26/03/2009]
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