par RFI
Article publié le 26/03/2009 Dernière mise à jour le 26/03/2009 à 19:35 TU
Le président français Nicolas Sarkozy (g) et son homologue congolais Joseph Kabila, au palais du Peuple à Kinshasa, le 26 mars 2009.
( Photo : Reuters)
Pour 48 heures, Nicolas Sarkozy s'est éloigné de la grogne sociale et des problèmes économiques de la France. Le chef de l'Etat était, jeudi matin, au Congo démocratique, première visite d'un président français dans le pays depuis 25 ans. À Kinshasa, le président français a évoqué avec son homologue Joseph Kabila la situation dans l'est de la RDC. Il a défendu notamment sa proposition de paix pour la région des Grands Lacs. Une proposition qui avait fortement irrité les dirigeants congolais. Nicolas Sarkozy avait estimé, en début d'année, que la RDC et le Rwanda devaient partager leurs richesses minières.
Avec notre envoyé spécial à Kinshasa, Christophe Boisbouvier
Devant le Parlement congolais, le chef de l'Etat a lancé un appel au bon voisinage entre les deux pays pour sortir des crises à répétition. « Le président Kabila a tendu la main au Rwanda pour coopérer », a lancé Nicolas Sarkozy devant les parlementaires et sénateurs congolais réunis au Palais du Peuple pour ajouter :« Je sais bien les difficultés, je sais bien votre colère, quelquefois. Mais là ce fut une décision courageuse ».
« La souveraineté du Congo est inaliénable. Les peuples d'Afrique centrale ne changeront pas d'adresse... »
À ce moment-là, on s’est demandé, un instant, si les députés et les sénateurs n’allaient pas huer l’orateur parce que, à Kinshasa, les élus réagissent au quart de tour. Et bien non, Nicolas Sarkozy a eu droit à des applaudissements polis. Et Vital Kamerhe, président de l’Assemblée démissionnaire, assis à la tribune, a même applaudi. En fait, le seul moment délicat pour l’orateur français a été le passage de son discours où il a dit : « Pour nous, les élus du peuple, c’est le devoir de rendre des comptes à ceux qui nous ont fait confiance ». À ce moment-là, des centaines de députés et de sénateurs se sont mis à lancer des huées dans la salle. C’était assez impressionnant.
Un contrecoup
Pour son quatrième voyage en Afrique, le président français Nicolas Sarkozy, se rend le 26 mars en RD-Congo et Congo-Brazzaville et au Niger le 27 mars.
(Carte : RFI)
Des huées qui ne s’adressaient pas à Nicolas Sarkozy mais, en fait, à Joseph Kabila qui était assis à la tribune, tout près du Français. C’était évidemment le contrecoup de la démission forcée du président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, mercredi après-midi à Kinshasa. Rappelons que l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) à laquelle il appartient lui reprochait ses déclarations sur l'entrée, le 20 janvier dernier, des troupes rwandaises sur le sol congolais pour faire la chasse aux rebelles du Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR). Ses propos avaient été qualifiés de « graves, affectant la sécurité et la cohésion nationale ».
Nicolas Sarkozy est parti ensuite pour Brazzaville, où il doit passer la nuit. Il sera l'hôte d'un des piliers de la « Françafrique », le très controversé président Sassou Nguesso. Plusieurs ONG dénoncent d'ailleurs ce voyage, y voyant le signe d’une « Françafrique » décomplexée, où les intérêts économiques priment sur les questions de démocratie et de droits de l’homme.
La dernière étape de Nicolas Sarkozy, au Niger, sera d'ailleurs essentiellement consacrée au contrat d'exploitation d'une nouvelle mine. Le Niger, l'un des pays les plus pauvres de la planète, est le principal fournisseur d'uranium pour Areva, le géant nucléaire français.
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