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Madagascar

Les assises nationales commencent dans un climat encore tendu

par  RFI

Article publié le 02/04/2009 Dernière mise à jour le 02/04/2009 à 06:29 TU

L'armée, principal atout du président de transition Andry Rajoelina( Photo : Siphiwe Sibeko / Reuters )

L'armée, principal atout du président de transition Andry Rajoelina
( Photo : Siphiwe Sibeko / Reuters )

Après ses premiers grands bains de foule en province, ce mercredi à Fianarantsoa et Tuléar, Andry Rajoelina va diriger aujourd'hui et demain les Assises nationales à Antananarivo. Un rendez-vous important pour régler le fonctionnement de la Transition, mais qui intervient alors que le pouvoir de Andry Rajoelina n'est pas encore reconnu par la Communauté internationale et que les partisans de l'ancien président de la République Marc Ravalomanana continuent de manifester.

Depuis son arrivée au pouvoir, Andry Rajoelina fait cavalier seul ; en témoignent ses décisions unilatérales de nommer le gouvernement et la quarantaine de personnes qui siègent à la Haute autorité de transition. Les assises nationales sont également organisées à l'initiative et sous le contrôle du nouveau régime malgache.

Dans ces conditions, ceux qui comptaient sur cette grande réunion pour définir le cadre et les objectifs de la transition ont peu de chance d'obtenir gain de cause.

Le TIM, le parti de l'ancien président est pratiquement le seul à avoir choisi l'option du boycot et a même décidé de tenir des contre-assises.

Andry Rajoelina tire profit de l'atomisation des partis. La plupart des formations politiques qui pèsent sur l'échiquier sont aujourd'hui divisées, même chose dans les rangs de la société civile. Le débauchage n'en est donc que plus facile...

Mais l'atout majeur dont dispose l'ancien maire de Tananarive, c'est l'armée, qui lui a donné les pleins pouvoirs sans que l'on sache d'ailleurs s'il existe une contrepartie. En tout cas, les militaires qui se sont mutinés peuvent difficilement faire marche arrière. Même si certains en privé s'interrogent sur les capacités du nouveau dirigeant, le spectre d'un retour de l'ancien président se traduirait probablement par des sanctions.

Jusqu'à présent Andry Rajoelina et son équipe ne semblent guère sensibles aux condamnations internationales et à la décision de l'Union africaine et de la SADC d'exclure Madagascar de leurs instances.

Les assises nationales, échéance importante pour Madagascar... et pour Andry TGV.

Le centre international d’Ivato devait accueillir en juillet prochain le sommet de l’Union africaine, mais la crise est passée par là : l’événement est annulé.

Le  bâtiment  flambant neuf va malgré tout être le théâtre d’un moment important pour la vie de la nation : les Assises nationales. Andry Rajoelina les avait refusées quant il était dans l’opposition, il les organise, maintenant qu’il est à la tête de la transition.

Constitution et lois, code électoral et élection, et enfin réconciliation nationale : le menu des deux jours est copieux.

La communauté internationale qui rechigne à reconnaître le nouveau régime devrait être absente, le TIM, le parti de Marc Ravalomanana, ne participera pas non plus au débat, comme le dit ce cadre : « Nous pensons que ces questions-là sont encore prématurées, il faut d’abord discuter sur la sortie de crise, la crise n’est pas encore terminée ». Le parti de l’ancien président de république va même plus loin, en annonçant  des contre-assises pour vendredi : « On va donc faire un brainstorming, on va sortir plusieurs scénarios de sortie de crise   pour que les gens puissent d’ores et déjà réfléchir. »

Le nouveau régime ne se formalise pas de cette opposition, qui continue en outre de descendre dans la rue chaque jour.

Sûr de sa force et de sa légitimité, Andry Rajoelina met en place les nouvelles institutions. Il a 24 mois pour tenir ses promesses, et prouver qu’il peut vraiment faire progresser la démocratie à Madagascar.