Revue de presse Afrique du 2 avril 2009

Frédéric Couteau
(Photo RFI)

Les grands de ce monde se retrouvent donc ce jeudi à Londres pour tenter de se mettre d’accord sur des solutions durables, afin de sortir de la crise. Pour El Watan, en Algérie, ce sommet du G20 « aura à prendre des mesures salvatrices et pertinentes pour juguler les effets de la crise sur les pays les plus riches, mais aussi sur ceux les plus nombreux qui sont en attente d’aides de la part des institutions financières mondiales. » Pour le quotidien algérien, « dans des moments aussi difficiles pour l’économie mondiale, ce n’est pas le seul devenir de l’Occident qui est sur la table des négociations. » Il y a, et c’est le titre de l’éditorial d’El Watan, « un enjeu de solidarité ».

« Très peu pour l’Afrique »

Seulement voilà, les commentateurs du continent ne se font guère d’illusions. Le Républicain au Mali l’annonce tout de go : «  Le G20 fera très peu pour l’Afrique. (…) Le G20, explique-t-il, ne peut pas grand-chose pour une Afrique dont la crise n’est pas de subprimes, mais une préoccupation plus terre à terre : le ventre. (…) Le continent a structurellement faim, poursuit le quotidien malien. (…) De plus, c’est le plus pauvre et le moins alphabétisé de la planète. » D’après Le Républicain, tout ce que pourrait faire le G20 pour l’Afrique, c’est maintenir l’aide au développement et rééchelonner la dette… quant au reste, il ne faut rien attendre.

Au Burkina Faso, le quotidien Le Pays renchérit : « Au cours de ce G20, l’Afrique sera marginalisée. Sa participation sera prise pour quantité négligeable, déjà au regard du nombre de participants et de leur poids. En effet, remarque le quotidien burkinabè, sur l’ensemble des 53 pays du continent, seule l’Afrique du Sud sera représentée en tant que pays émergent. »

Plus de volontarisme !

Et puis, sur le fond, rien de nouveau… « Depuis l’éclatement de la crise, constate Le Pays, l’Afrique a été exclue des différentes étapes de négociation qui ont eu lieu ça et là. Il est fort à parier qu’à ce sommet aussi, sa voix ne sera pas très audible. Les Chinois, les Européens ou les Américains seront certainement plus préoccupés à sauver leurs économies en récession et leurs sociétés en proie à la faillite, qu’à se soucier du sort des autres, notamment de celui de l’Afrique, dont on sait que la participation à l’économie mondiale est négligeable. »

Du coup, Le Pays estime que l’Afrique doit faire preuve de plus de volontarisme : « Les Africains devraient d’abord compter sur eux-mêmes, écrit-t-il. Plus que jamais, la question de l’intégration est urgente. »

Analyse à peu près similaire pour Le Potentiel au Congo Démocratique : « L'Afrique est consciente que tous ‘ces plans de sauvetage’ ne concernent nullement le continent africain, et que les promesses brandies par les pays industrialisés n’ont jamais été tenues. Alors, que dire et que faire ? », se demande le quotidien congolais. Réponse : là aussi, se prendre en charge : « Cesser de se victimiser en jetant la pierre aux pays industrialisés, pendant que les propres fils de l’Afrique se livrent à des crimes économiques les plus abominables. (…) Sortir des sentiers de la mal gouvernance, de cette stupide politique de main tendue, et prendre conscience de nos véritables potentialités, tant humaines que naturelles. »

Vive émotion en Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo, le visage en larmes… La photo du président est à la une de tous les journaux ivoiriens, ce jeudi. A l’occasion de la journée d’hommage national aux victimes du stade Houphouët-Boigny - le drame a fait 19 morts et 132 blessés, rappelons-le - le président ivoirien est intervenu ce mercredi. « Gbagbo fond en larmes, le public aussi », s’exclame Soir Info. Même titre pour Fraternité Matin. « Honneurs militaires dignes de véritables héros ou martyrs. La cérémonie d’hommage aux victimes des événements du 29 mars dernier, écrit le journal, restera longtemps dans la mémoire des Ivoiriens. Le président Laurent Gbagbo, très attendu sur la question de ces incidents, n’a pu dérouler son discours. Il a fondu en larmes… »

Remaniement ministériel ou sanctions directes ?

Et puis, conséquence politique de ces événements, plusieurs journaux abidjanais, notamment L’inter, annoncent que le gouvernement pourrait démissionner. Le scénario serait à peu près le même que celui du scandale des déchets toxiques en 2006 : « Il s’agira pour le Premier ministre, explique L’inter, de donner la démission de son gouvernement au président, qui reconduira alors son chef de gouvernement, avec l’instruction de former une nouvelle équipe dans laquelle ne figureraient plus les premiers responsables des départements impliqués dans le drame. »

Ainsi, poursuit L’inter, Guillaume Soro ferait d’une pierre deux coups : faire amende honorable devant l’opinion, et se donner une marge de manœuvre pour purger son équipe des têtes dont il voulait se séparer. Mais, reconnait le quotidien ivoirien, cette option n’aurait pas les faveurs de Laurent Gbagbo, qui, lui, pencherait plutôt pour « la sanction directe de ceux qui ont fauté. »

par Frédéric  Couteau

[02/04/2009]