par Myriam Berber
Article publié le 23/06/2009 Dernière mise à jour le 23/06/2009 à 15:54 TU
Trois mois de débats seront lancés, à partir du 1er juillet, avec le Parlement, les partenaires sociaux et les acteurs économiques de la culture, de la recherche et de l’éducation. Et pour financer cette politique ambitieuse d’investissement public, Nicolas Sarkozy a annoncé le lancement d’un grand emprunt « soit auprès des Français, soit auprès des marchés financiers ». Les modalités de cet emprunt seront définies à l’automne.
Une solution coûteuse pour le budget de l’Etat
Lancer un grand emprunt national. Une thèse séduisante. Pas si sûr. Le grand emprunt, c’est bien de la dette supplémentaire qu’il faudra rembourser un jour, comme le rappelle bon nombre d’experts. S’il est lancé sur les marchés financiers, l’emprunt Sarkozy pourra s’apparenter aux obligations régulièrement émises par l’Agence France Trésor. Leur rémunération varie en fonction de leur durée : 2,10% sur 2 ans, 4,45% sur 5 ans.
Emprunter auprès des épargnants particuliers est une alternative. Mais au final cette solution peut s’avérer plus coûteuse pour le budget de l’Etat et donc pour le contribuable. Pour attirer le grand public, il faut, en effet, proposer un taux attractif et donc supérieur à d’autres produits d’épargne, ce qui grève d’autant les finances de l’Etat. Aujourd’hui sur les marchés, le particulier emprunte à 3% sur 5 ans. Pour attirer l’épargne des Français, l’Etat devra proposer davantage. Mais avant tout, l’emprunt Sarkozy est un test politique. Il s’agit d’associer les Français à un programme de dépenses pour faire face à la crise et financer les investissements à venir.
L’emprunt Balladur pas rentable pour l’Etat
La dernière expérience en date, l’emprunt Balladur en 1993, s’est ainsi révélé une mauvaise affaire pour l’Etat. En 1993, alors que la France était comme cette année en récession et en proie à d’importants déficits publics, le gouvernement d’Edouard Balladur avait lancé un emprunt auprès des particuliers pour lever des fonds. Rémunéré à 6% par an et d’une durée de quatre ans, il avait été souscrit à 110 milliards de francs, 13 milliards d’euros. Remboursé en titres d’entreprises publiques privatisées, cet emprunt s’est révélé coûteux pour l’Etat. Outre les commissions de placement, le ministère des Finances a évalué à 2,2 milliard de francs la perte de recettes fiscales liées aux réductions d’impôt offertes pour faciliter le placement de l’emprunt.
Etrenné en France en 1825 par le duc de Richelieu, l’emprunt public a été plusieurs fois utilisé au XXème siècle, et notamment en 1950 par le président du Conseil Antoine Pinay ou bien encore en 1973 par Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances.