Article publié le 17/07/2009 Dernière mise à jour le 17/07/2009 à 21:57 TU
Charles Taylor devant la Cour pénale internationale de La Haye le 13 juillet 2009.
(Photo : Robin van Lonkhuijsen/Reuters)
La présidente du Libéria sur la sellette
Dès les premiers jours de son témoignage, qui doit s’étendre sur cinq semaines, Charles Taylor a pointé l’implication de l’actuelle présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf. « Ellen est une vieille révolutionnaire » explique-t-il, membre fondatrice du Front national patriotique du Libéria (NPFL), qui allait porter au pouvoir Charles Taylor. « Ellen devait lever de l’argent pour nous (…) Si je ne me trompe pas, elle travaillait dans une banque quelque part à Washington et elle avait d’importants contacts. Nous l’avons utilisé comme notre contact diplomatique à l’extérieur et pour lever des fonds ». Des faits que la présidente du Libéria a elle-même avoués lors de son audition par la Commission vérité et réconciliation, chargée de faire la lumière sur les crimes commis dans le pays. Fin juin, cette commission recommandait que les personnalités politiques impliquées dans la guerre, parmi lesquelles Ellen Johnson-Sirleaf, soient interdites de toute activité officielle pendant 30 ans.
Kadhafi, « un héros africain »
En 1986, après son évasion d’une prison du comté de Plymouth, aux Etats-Unis, avec la complicité de la CIA, explique-t-il, Charles Taylor avait rejoint l’organisation Mataba, en Libye. « Mataba était une organisation spécialement mise en place pour soutenir la révolution panafricaine ». Accueillis par Mouammar Kadhafi, des dizaines de soldats - essentiellement d’Afrique de l’Ouest, mais « il y avait aussi des membres de l’Armée républicaine irlandaise » - s’entraînent, tandis que les chefs planifient la révolution. « Vous deviez établir que vous aviez le titre de révolutionnaire. Vous deviez montrer que vous aviez la capacité, le pouvoir d’accomplir cela », raconte-t-il. Le chef d’Etat libyen, « un héros africain (…) n’a jamais embrassé le communisme (…) et si nous devions lire le livre vert, nous n’étions pas obligés d’y adhérer ». Soutenu par son « ami », Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, Charles Taylor peu préparer sa révolution. Il puise dans la diaspora libérienne, en Côte d’Ivoire notamment, pour mettre en place ses troupes. En décembre 1989, raconte-t-il, il obtient le feu vert des Américains et peut prendre le pouvoir à Monrovia.
Son témoignage se poursuit, devant le tribunal spécial. Mais Charles Taylor n’a jusqu’ici pas écorné la démonstration du procureur, même s’il a nié avoir participé aux horreurs commises en Sierra Leone. Le « seigneur de guerre » affirme qu’il n’avait pas d’influence sur les hommes du Front révolutionnaire uni (RUF), à la tête de la rébellion dans le pays voisin.
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