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Guinée

Dadis Camara annonce des mesures pour une «transition apaisée»

par  RFI

Article publié le 01/10/2009 Dernière mise à jour le 01/10/2009 à 15:00 TU

Dans un communiqué diffusé sur les ondes de la radio et télévision nationale, le capitaine Moussa Dadis Camara a annoncé mercredi une série de mesures pour calmer les esprits. Des mesures, dit-il, pour « mener une transition apaisée », selon ses propres mots. Le chef de la junte fait des propositions, notamment la nomination d'un président africain qui ferait office de sage pour mener la médiation en Guinée.

Le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara lors d'une réunion à Conakry, le 30 septembre.(Photo : Seyllou/AFP)

Le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara lors d'une réunion à Conakry, le 30 septembre.
(Photo : Seyllou/AFP)


Le capitaine Moussa Dadis Camara propose d'abord la nomination d'un président africain qui ferait office de sage pour mener la médiation en Guinée. Il n'en dit pas plus sur ce sujet.

Il se dit prêt à mettre en place une commission d'enquête en collaboration avec l'ONU. Commission qui se pencherait sur les événements de lundi, et sur ceux de janvier 2007. A l'époque, une manifestation avait été durement réprimée, par les mêmes militaires dans un contexte de grève générale. Le pays était alors dirigé par Lansana Conté.

Dans une interview accordée à RFI, Moussa Dadis Camara précise ce qu'il entend par commission d'enquête :

Moussa Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée

« Cette manifestation allait m'emporter, car c'était le plan qui était prévu. Cette enquête devra porter d'abord sur les hommes qui ont mené cette manifestation, pourquoi ils ont violé la loi, pourquoi ils n'ont pas évité que cette marée humaine s'attaque aux véhicules et aux édifices de la sécurité pour se saisir des armes... »

01/10/2009 par Laurent Correau


Le chef de la junte propose enfin de mettre en place un gouvernement d'union nationale qui intègre l'ensemble des partis politiques. Ce gouvernement serait chargé de gérer la transition avant la présidentielle prévue en janvier.

Il s'agit là de mesures urgentes selon la junte, qui a exprimé ce soir sa compassion aux familles des victimes.

L'ampleur de la condamnation internationale inquiète manifestement le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD).

Les leaders de l'opposition qui étaient présents à la manifestation ont tous dénoncé l'implication directe des proches du capitaine Moussa Dadis Camara dans la sanglante répression, menée par l'armée. Une armée que le chef de la junte affirme ne pas contrôler :

Moussa Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée

 « Je suis confronté à une situation difficile. [...] L'armée, qui n'est pas structurée, m'a pris en otage. Les militaires disent que si je laisse le pouvoir, ils le prennent. L'armée n'est pas unie sur ma candidature mais elle a du respect pour moi. »

01/10/2009 par Laurent Correau


Les réactions internationales se sont multipliées suite à cette sanglante répression. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mercredi les violences et appelé les membres de la junte à ne pas se porter candidats aux prochaines élections. L'ONU apporte également son soutien aux initiatives régionales consécutives à ces événements, notamment celle de la CEDEAO (Communauté économique d'Afrique de l'ouest) et de l'Union africaine.

Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU et présidente du Conseil de sécurité

« Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur extrême inquiétude à la suite des tueries du 28 septembre, et condamnent ces violences, ainsi que les autres violations des droits de l'Homme [...] Ils accueillent favorablement la demande de la CEDEAO d'une enquête internationale sur les événements en Guinée. »

01/10/2009 par Philippe Bolopion


Par ailleurs, selon Reporters sans frontières (RSF), au moins deux journalistes guinéens travaillant pour des médias étrangers font l'objet de menaces de mort. Il s'agit du correspondant de RFI et de l'AFP, Moktar Bah, et de celui de la BBC, Amadou Diallo.

Ambroise Pierre, responsable du bureau Afrique à RSF

« Les militaires, qui seraient mécontents de leur façon de traiter l'actualité guinéenne depuis 48h, seraient à leur recherche. Nous disons à la junte qu'elle doit avoir un certain contrôle sur les militaires. Les journalistes doivent pouvoir faire leur travail... »

01/10/2009 par Pierre Pinto


L’ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, blessé lundi par des militaires au cours de la sanglante répression de manifestations, a été empêché mercredi de quitter la Guinée pour la France, a affirmé à l'AFP son épouse, Alimatou Diallo. Les passeports du couple Diallo auraient été bloqués à l’aéroport. L'ancien Premier ministre, leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG) et candidat à l'élection présidentielle prévue en janvier, a été renvoyé dans la clinique où il était soigné depuis deux jours.

A écouter

Conakry : témoignage d'un militaire qui a participé à la répression

« Nos hommes, y compris moi avons reçu l’ordre de mater les opposants, leur faire comprendre qu’il y a qu’une seule autorité. Mais franchement, Il y a eu tellement de morts que l’on ne pouvait pas les compter et dans la nuit de lundi à mardi, on nous a dit d’aller récupérer les corps ».

01/10/2009

Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la Coopération

« La constitution d'un gouvernement d'union nationale me paraît tout à fait intéressante [...] La médiation, si elle doit avoir lieu, doit être pilotée par les instances internationales officielles. »

01/10/2009