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Iran / Nucléaire

Discussions techniques entre l’Iran et les Six

par Nicolas Falez

Article publié le 06/10/2009 Dernière mise à jour le 06/10/2009 à 07:25 TU

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (c), lors de l'inauguration d'une usine de combustible nucléaire à Isfahan, le 9 avril 2009.(Photo : AFP)

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (c), lors de l'inauguration d'une usine de combustible nucléaire à Isfahan, le 9 avril 2009.
(Photo : AFP)

Après 14 mois de paralysie complète, l’Iran et les Six pays en charge du dossier nucléaire (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont renoué le fil du dialogue le 1er octobre dernier. Tous ont convenu de se revoir d’ici la fin du mois pour poursuivre la discussion. D’ici là, Téhéran et les Six discuteront, à l’AIEA, de l’idée d’enrichir hors d’Iran une partie du stock d’uranium de ce pays. Et le 25 octobre, les inspecteurs de l’Agence pourront visiter le site d’enrichissement de Qom, dont l’existence a été récemment révélée.

Que (ne) sait-on (pas) de l’usine de Qom ?

Son existence a été révélée au monde le 25 septembre dernier. D’abord par l’AIEA, qui a annoncé avoir été avertie quelques jours plus tôt par les Iraniens. Puis quelques heures plus tard, en marge du sommet du G20 de Pittsburgh, par Barack Obama, Nicolas Sarkozy et Gordon Brown, tous trois solennels pour demander à l’Iran d’ouvrir les portes de ce site aux inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Et le Président américain de préciser que les caractéristiques de l’usine proche de Qom sont « incompatibles » avec un programme civil et pacifique.Les Iraniens assurent au contraire que ce site est légal et tout aussi pacifique que le reste de leur programme nucléaire.

Jacqueline Shire

Analyste à l’ISIS

« 25 kilos d’uranium hautement enrichi par an, c’est le genre de quantité dont vous auriez besoin pour un programme militaire »

06/10/2009 par Nicolas Falez

Décryptage de Jacqueline Shire, analyste à l’ISIS de Washington (Institute for Science and International Security http://www.isis-online.org/)) : « Si votre but est de produire du combustible nucléaire pour un réacteur, vous devez être capable de produire 20 000 ou 25 000 kilos d’uranium faiblement enrichi chaque année. Et nous savons qu’à Natanz, par exemple, où l’Iran dispose d’environ 5 000 centrifugeuses en action, ils n’ont réussi à produire que 1 500 kilos. Donc cette installation, proche de Qom, conçue pour n’abriter que quelques milliers de centrifugeuses, cela a tout de suite éveillé des soupçons. Parce que si votre objectif c’est seulement de produire 25 kilos d’uranium hautement enrichi par an, c’est le genre de quantité dont vous auriez besoin pour un programme militaire ».

Quel est l’objectif réel de cette usine ? A quel stade de construction se trouve-t-elle ? Combien de centrifugeuses (machine servant à enrichir de l’uranium) pourra-t-elle abriter ?... Autant de questions auxquelles les inspecteurs de l’Agence tenteront de répondre le 25 octobre prochain, date prévue pour leur première visite sur place.

De l’uranium iranien enrichi à l’étranger ?

Un programme civil nécessite de l’uranium enrichi à moins de 5%. L’Iran dispose aujourd’hui d’environ une tonne et demi de cette matière (d’après les inspections de l’AIEA) et rappelle qu’un programme militaire exige de l’uranium enrichi à 90% environ. Par ailleurs, l’Iran consomme aussi de l’uranium enrichi à 19,75% pour son réacteur de recherche de Téhéran, un engin permettant de fabriquer des produits à usage médical. Or, l’Iran arrive actuellement au bout du stock d’uranium enrichi à 19,75% que le Brésil lui avait vendu dans les années 90.

D’où cette idée, évoquée à Genève, lors de la rencontre du 1er octobre : l’Iran pourrait confier une partie de son stock d’uranium faiblement enrichi à un pays-tiers, qui se chargerait de porter son taux d’enrichissement à 19,75%. Avantage pour l’Iran : le réacteur expérimental de Téhéran pourrait continuer à fonctionner. Avantage pour la communauté internationale : l’Iran se séparerait ainsi d’une partie au moins de ce fameux stock d’uranium potentiellement transformable pour un usage militaire.

Bernard Sitt

CESIM

« un processus de livraison/récupération clés en main »

06/10/2009 par Nicolas Falez

Selon Bernard Sitt du Centre d’Etudes de Sécurité Internationale et de Maîtrise des Armements (CESIM http://www.cesim.fr/), ce scénario offre des garanties à condition d’avoir « un monitoring permanent et un processus de livraison/récupération  clés en main » pour éviter toute prolifération future de cet uranium enrichi. La formule est en cours de discussion, entre l’Iran et les Six, elle fera l’objet d’une réunion technique au siège de l’AIEA, le 18 ou le 19 octobre prochain.

La France et la Russie sont citées comme les pays qui pourraient prendre en charge cet enrichissement « délocalisé ». Une source proche de la diplomatie européenne confie que cette solution n’a de sens « que si l’Iran accepte de se défaire des trois-quarts de son stock d’uranium faiblement enrichi (1 200 kilos sur 1 500) » et seulement si le processus se met en place rapidement « car à quoi cela servirait-il si dans le même temps l’Iran enrichit autant d’uranium qu’il en expédie à l’étranger ? »