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Timor-oriental

Le Timor oriental face à son destin

Le Timor oriental a tourné la page sombre de l'occupation indonésienne. Les Timorais sont libres. Le dernier soldat indonésien est parti. Les députés de l'archipel ont déchiré l'acte d'annexion de cette ancienne colonie portugaise de I976. Les Timorais sont libres, mais à quel prix ? L'armée indonésienne a laissé derrière elle un champ de ruines. Elle a appliqué une politique systématique de la terre brûlée. Nombre des Timorais sont tombés sous les coups de machette des milices, même si les exactions de ces deux derniers mois, n'ont pas revêtu, comme on le craignait, l'ampleur d'un génocide.

Les Timorais sont libres. Leur leader charismatique, Xanana Gusmao est revenu à la maison, sept ans après avoir été capturé par les Indonésiens. Mais au-delà de l'allégresse, ils ont quelques raisons d'avoir le vertige tant la tâche est immense.

Les quelques deux cent cinquante mille personnes déportées au Timor occidental, sont loin d'être rentrées au bercail. Et en attendant des jours meilleurs, il faut nourrir une population dans le dénuement le plus total, usée par des semaines passées dans la jungle. En quelque sorte, les Timorais sont des réfugiés sur leur propre terre. Ils survivent grâce à l'aide internationale.

Pour trois ans, leur destin est entre les mains des Nations Unies. Une autorité provisoire administrera ce territoire de 800 000 habitants pour le conduire à l'indépendance. Et l'ONU ne lésinera pas sur les moyens. Pas moins de 11 000 casques bleus veilleront sur la sécurité du nouveau-né. Ce sera l'une des opérations les plus coûteuses de l'ONU depuis celle de la reconstruction du Cambodge en I991-1993.

Seule consolation : après avoir tant souffert, le Timor oriental bénéficie d'une conjonction favorable. La figure de proue de la lutte pour l'indépendance, Xanana Gusmao, est animé d'une volonté de paix plutôt que d'un esprit de revanche. Il a proposé de se rendre à Djakarta. Et le nouveau président indonésien, Abdurahman Wahid, est dans les même dispositions à l'égard du nouvel état. Sa bienveillance est une condition nécessaire pour tenter d'empêcher les terribles milices, réfugiées au Timor occidental, de harceler leur voisin.

Trop soucieuse du respect de la souveraineté indonésienne, la communauté internationale n'avait pas su protéger les Timorais des risques de représailles des adversaires de l'indépendance. Aujourd'hui, elle se doit de réparer les méfaits de cet accouchement national dans la douleur.



par Hélène  Mendes Da Costa

Article publié le 02/11/1999