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Bioéthique

La découverte bénie de nouvelles cellules souches

par Dominique Raizon

Article publié le 09/01/2007 Dernière mise à jour le 09/01/2007 à 18:42 TU

Seules 1% des cellules du liquide amniotique disposent des deux plus importantes propriétés des cellules souches de l'embryon, à savoir polyvalence et capacité au renouvellement.(Photo: AFP)

Seules 1% des cellules du liquide amniotique disposent des deux plus importantes propriétés des cellules souches de l'embryon, à savoir polyvalence et capacité au renouvellement.
(Photo: AFP)

Il serait possible, d’après une équipe de scientifiques américains, d’isoler des cellules souches dans le liquide amniotique qui entoure le fœtus, sans pour autant porter atteinte à la vie de la mère ni à celle du bébé. Bien que l’importance de cette découverte soit loin de faire l’unanimité chez les chercheurs, elle pourrait ouvrir, selon certains, de nouvelles perspectives scientifiques très intéressantes. Pour l’heure, elle permet surtout d'offrir une issue au débat éthique : cette nouvelle avancée scientifique «ouvre des voies de recherche éthiquement admissibles», a déclaré le Vatican.

Testées sur des souris, des cellules souches dérivées du liquide amniotique apparaissent tout aussi prometteuses, en médecine régénérative, que des cellules souches prélevées sur des embryons : des chercheurs américains sont parvenus, à partir de ces cellules souches amniotiques, à créer des cellules de muscles, d’os, de vaisseaux sanguins, de graisse etc. La découverte réjouit l’Eglise qui a immédiatement saisi l’opportunité pour redéfinir sa position et s’est empressée de clamer qu’elle était favorable à l’avancée de ces travaux : «L’Eglise n’est pas obscurantiste, elle est toujours prête à accueillir les vrais progrès scientifiques, c’est-à-dire ceux qui ne menacent ni ne manipulent la vie», a déclaré le cardinal Javier Lozano Barragan, président du conseil pontifical pour la Santé au Vatican.

Les scientifiques mettent en avant tous les espoirs que représentent leurs travaux sur des cellules souches capables de créer des cellules et des tissus spécialisés (cellules nerveuses, d’os etc) pour sauver des vies humaines : «Notre espoir est que ces cellules puissent être un moyen de réparer des tissus et de fonctionner, en même temps, comme des organes», a déclaré Anthony Atala, directeur de l’Institut de médecine régénérative de l’université américaine de Wake Forest (Caroline du Nord) dont les travaux sont publiés par la revue Nature Biotechnology du 7 janvier 2007.

L’Eglise catholique, quant à elle, au nom du caractère sacré de la vie, refuse tout types de travaux qui impliqueraient la manipulation d’embryons humains. Le  Vatican est contre l’idée que la fin, si noble soit-elle, justifie les moyens envisagés par les scientifiques, pour réparer des organes malades, voire créer des organes de synthèse susceptibles de remplacer entièrement des organes malades. Récemment encore, à l’occasion du Téléthon, la polémique a été relancée à propos du clonage thérapeutique à partir de cellules souches, contre lequel l’Eglise reste vigoureusement opposée.

Pour mieux comprendre ce différend qui oppose l’Eglise aux scientifiques il faut revenir sur la préparation des cellules souches embryonnaires. Ces dernières sont prélevées sur des embryons produits in vitro, par procréation assistée. Une fois isolées, l’embryon est détruit et, aux yeux de l’Eglise, il s’agit tout simplement d’une atteinte à la vie dans sa forme la plus élémentaire. «L’embryon ne doit pas être traité comme un simple matériel d’expérimentation ou comme un objet de manipulations dans le cadre d’une ingénierie génétique qui ne respecterait pas la vie en tant que telle. En revanche, nous disons ‘oui’ à l’ingénierie génétique dès lors qu’elle respecte la vie», a expliqué le cardinal Javier Lozano Barragan.

Une solution pertinente en thérapie génique

La nouvelle avancée scientifique réside dans la découverte d’un nouveau type de cellules souches dont les caractéristiques sont propres à la fois aux cellules souches d’embryons et d’humains adultes. Leur prélèvement n’implique aucune manipulation de l’embryon et ne met aucunement en danger la mère et le fœtus. Il suffirait de prélever un peu de liquide amniotique lors d’examens prénataux, ou de placenta à la naissance, pour constituer une réserve de cellules souches amniotiques. L’équipe du professeur Atala souligne que si ces premiers tests s’avèrent prometteurs, les cellules souches amniotiques ne représentent qu’une infime partie, soit 1% de l’ensemble des cellules du liquide amniotique.

En si petit nombre soient-elles, ces cellules souches amniotiques offrent une solution pertinente à la thérapie génique. Elles disposent des deux plus importantes propriétés des cellules souches de l’embryon. Leur capacité de renouvellement est rapide : en laboratoire, leur nombre double toutes les 36 heures sans induire de risque de tumeur. En outre, ces cellules souches sont polyvalentes : elles sont capables de se différencier en un très grand nombre de tissus fonctionnels, ce qui feraient d’elles un outil idéal de thérapie cellulaire réparatrice. Pour exemple, transplantées dans un cerveau endommagé de souris, elles se sont avéré capables de croître et de repeupler la zone lésée du cerveau. Elles ont permis, de la même manière, de produire du tissus osseux.