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Archéologie

La France, présente et active en Afghanistan

par Constance de Bonnaventure

Article publié le 14/11/2007 Dernière mise à jour le 14/11/2007 à 13:50 TU

 Un archéologue français de la Délégation Archéologique Francaise en Afghanistan avec son équipe de fouilles, à Balkh.(Photo : Constance de Bonnaventure/ RFI)

Un archéologue français de la Délégation Archéologique Francaise en Afghanistan avec son équipe de fouilles, à Balkh.
(Photo : Constance de Bonnaventure/ RFI)

Fondée en 1922, la DAFA, Délégation Archéologique Française en Afghanistan, reste pendant de longues années, la seule mission archéologique active dans le pays. Après 20 ans de fermeture à cause des nombreuses guerres, la DAFA rouvre en 2003. Depuis, l’Afghanistan voit arriver chaque année une dizaine d’archéologues français qui, malgré l’insécurité, continuent à fouiller ce pays aux mille et uns trésors.

« Etudier, protéger et sauvegarder le patrimoine archéologique et monumental dans le cadre de programmes de terrain », telle est la mission remplie par la DAFA, explique Roland Besenval, son directeur depuis 2003, « un travail [qui] se fait en collaboration avec les Afghans », ajoute ce fin connaisseur du pays. Une dizaine d’archéologues français actuellement en mission en Afghanistan travaillent sur plusieurs chantiers de fouilles archéologiques.

Explorations, sondages, inventaires et classements, tous les moyens sont réquisitionnés pour découvrir Balkh, une cité antique située à quelques kilomètres de la grande ville du nord de l’Afghanistan, Mazar-e-Sharif. Avec l’institut d’archéologie d’Afghanistan, les Français effectuent des recherches scientifiques sur l’histoire de l’agglomération de Balkh, ville clé pour les conquêtes d’Alexandre et cité du royaume Kuchan (IIe-IIIesiècles après JC.), depuis les origines jusqu’à la période islamique.

Fouilles … et protection du patrimoine

Non loin de cette cité, la mosquée d’Hadji Piyada, découverte par hasard à la fin des années 1960, fait partie des programmes prioritaires. « Il va falloir s’en occuper très sérieusement compte tenu de son état » insiste Roland Besenval, qui recherche des fonds pour, en tout premier lieu, consolider les colonnes puis financer les fouilles et restaurer les décors de cette mosquée du 9e siècle. Un bâtiment exceptionnel pour l’histoire de l’architecture islamique ancienne et pour lequel la DAFA joue essentiellement un rôle de protection du patrimoine.

La DAFA se penche également sur trois autres chantiers afghans.  A Herat, un chantier d’étude de la ville pré-islamique se déroule chaque année en août et septembre, autour d’un programme franco-allemand. Les chercheurs profitent des chantiers de construction moderne dans cette ville  pour faire des sondages.

A Bamiyan, cité mondialement connue pour ses bouddhas détruits en 2001 par les taliban, la mission du professeur Tarzi, ancien directeur des antiquités d’Afghanistan, travaille sur la ville royale, ancien grand centre de pèlerinage. Ce chantier s’ouvre en juillet et aout prochains. Mais parfois, des événements rappellent que l’Afghanistan reste un pays instable. Ainsi, les fouilles sur le site d’Aghata dans le Wardak, à quelques kilomètres au sud de Kaboul ont été récemment suspendues à cause de la montée récente de l’insécurité dans cette zone.

Vestiges de la mosquée Hadji Piyada, datant du 9ième siècle de notre ère.(Photo : Constance de Bonnaventure/ RFI)

Vestiges de la mosquée Hadji Piyada, datant du 9ième siècle de notre ère.
(Photo : Constance de Bonnaventure/ RFI)


Le pillage des sites, « un cauchemar »

A Kaboul enfin, la capitale afghane, la DAFA collabore avec l’institut national d’archéologie et le musée d’Afghanistan. Dans le cadre de ses missions, la délégation française forme de jeunes archéologues afghans. « Nous souhaitons aussi les faire venir en France  pour leur apprendre des techniques nouvelles auxquelles ils n’ont pas accès en Afghanistan. C’est un point que nous souhaitons développer très sérieusement. Mais pour ca, il faut des moyens» explique Roland Besenval. 

Tous ces sites souffrent d’un même problème, le pillage. Pendant les 25 années de guerre, les chantiers ont été abîmés, saccagés et même pillés. « C’est un cauchemar pour la restitution de l’histoire de l’Afghanistan, et  malgré la volonté et les efforts du gouvernement afghan, la situation continue » déplore Roland Besenval.

« C’est passionnant de travailler ici, même si la zone est difficile, car peu de choses ont été écrites. Mais les sites sont énormes et il y en a encore beaucoup qui sont enterrés, à découvrir », s’enthousiasme David Jurie, âgé d’une trentaine d’années, a fait le choix de s’installer ici depuis 2003. Malgré les tensions qui agitent le pays en ce moment, les archéologues français poursuivent avec passion leurs missions. La DAFA peine cependant à faire venir de nouveaux candidats dans ce pays qui n’a pas bonne presse. Mais la magie du pays et la perspective de découvrir un nouveau site majeur de l’histoire de la route de la Soie nourrissent la motivation de ces archéologues.

Entre la France et l’Afghanistan, des liens anciens

L’histoire des liens entre la DAFA et l’Afghanistan remonte à 1922 : la France, grâce à ses relations avec le monde islamique et sa bonne expertise culturelle, se voit proposer la mise en place d’une délégation archéologique. Suite à un accord avec les autorités afghanes de l’époque, les Français ont alors le quasi-monopole des fouilles archéologiques en Afghanistan. Ajoutons à cela, que les deux pays se partageaient la totalité des trouvailles.

Après la Seconde Guerre mondiale, la recherche archéologique s’ouvre aux autres nationalités. Mais les Français restent les seuls, et ce, encore aujourd’hui,  à avoir une mission permanente en Afghanistan. Le pouvoir soviétique ordonne la fermeture de la DAFA en 1982, qui ne rouvrira qu’en 2003. Aujourd’hui, trois archéologues vivent en permanence à Kaboul. Pour la France, c’est un intérêt scientifique que le Ministère des Affaires Etrangères continue à entretenir.