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Alliance Microsoft-Yahoo

Google entre dans la bataille

par Myriam Berber

Article publié le 04/02/2008 Dernière mise à jour le 04/02/2008 à 17:55 TU

Google contre-attaque à l’offre de rachat du portail internet Yahoo! par son rival Microsoft. Un tel rachat, selon Google, menacerait la concurrence et l’innovation. Le leader de la recherche sur le Net se propose d’épauler Yahoo pour résister à l’offensive de Microsoft. Une offre de rachat colossale motivée par l’attrait du juteux marché de la publicité en ligne. L’OPA de Microsoft est déjà observée de près par les autorités américaines.

Les dirigeants de Google ne pouvaient pas rester les bras croisés. Sur le blog officiel de Google, l’un des vice-présidents et son principal responsable pour les questions juridiques, David Drummond, dénonce «l’offre hostile» de Microsoft qu’il accuse de vouloir « exercer la même influence illégale et inappropriée sur l’Internet qu’il a eue sur les micro-ordinateurs ». Pour Google, la course à l’innovation sur l’internet serait mise en danger en cas de rachat de Yahoo par Microsoft.

Google s’inquiète notamment du risque de monopole dans le domaine de la messagerie instantanée, du courrier électronique et des portails web. Selon des informations rapportées par le site web du quotidien américain Wall Street Journal, le PDG de Google, Eric Schmidt aurait également appelé celui de Yahoo, Jerry Yang, pour lui offrir l’aide de son groupe, dans le but de contrer l’offre de Microsoft. Google qui domine le marché de la recherche en ligne avec près de 75% des revenus, s’inquiète, en effet, de cette possible fusion entre Yahoo et Microsoft.

Le soutien de Google pourrait faire monter les enchères pour Yahoo. Pour l’heure,  Microsoft est prêt à débourser 44,6 milliards de dollars (30 milliards d’euros), payables en cash et en actions, pour s’emparer du portail. Une offre que les dirigeants de Yahoo jugent aujourd’hui sous-évaluée. Pour sa part, la direction de Microsoft la qualifie de                 « généreuse » et déclare espérer une réponse « rapidement ». Les fondateurs de Yahoo, Jerry Yang et David Filo, disent réfléchir à l'offre et insistent sur le fait que cette offre est « une option parmi d'autres ».

Une bataille pour la manne de la publicité en ligne

Si elle se réalise, ce sera la plus importante acquisition jamais réalisée par Microsoft. Véritable serpent de mer, cela fait plusieurs mois que les analystes spéculent sur un rapprochement entre le numéro un mondial des logiciels et le portail le plus fréquenté de la Toile, avec plus de 500 millions de visites mensuelles. En mai dernier, la presse américaine révélait déjà les rumeurs selon lesquelles Microsoft envisageait de débourser 50 milliards de dollars pour un partenariat avec le portail Yahoo.

Malgré des milliards de dollars investis depuis ces dernières années, le groupe fondé par Bill Gates, spécialisé dans les systèmes d’exploitation pour ordinateur (Windows) et les applications bureautiques (Office, Word), est toujours distancé par Google sur le Web. Selon le cabinet d’études comScore, Google détient 77% des recherches internet mondiales, contre 16% pour Yahoo et 3,7% pour Microsoft (propriétaire du portail MSN et du moteur Live Search).

Le Congrès américain s’inquiète

Une fusion Yahoo-Microsoft créerait un challenger de poids dans la recherche sur internet. Le nouvel ensemble pourrait ainsi capter une part plus importante des revenus de la publicité en ligne. Un marché à l’heure actuelle de 40 milliards de dollars mais qui devrait passer à 80 milliards en 2010. Pionnier des publicités ciblées via des mots-clés (à travers son système des fameux «Adwords »), Google engrange aujourd’hui entre 30 et 40% des recettes publicitaires. En 2006, le chiffre d’affaires publicitaire en ligne cumulé de Microsoft et Yahoo a atteint 6,8 milliards de dollars aux Etats-Unis, contre 7,3 milliards pour le seul Google.

Pour Yahoo!, le portail emblématique de l’internet des années 90, il y a également urgence. Au fil des dix dernières années, la montée en puissance de Google s’est faite au détriment du moteur jadis préféré des internautes. Côté services en ligne, le groupe Yahoo! dont le produit phare est la messagerie, a dû également ravaler ses prétentions. Début juillet 2006, il a abandonné sa première place de portail mondial au profit du portail communautaire MySpace, propriété du magnat australien Rupert Murdoch. Enfin, la semaine dernière, le portail américain a annoncé, pour la huitième fois consécutive, une chute de son bénéfice net, de 23% au quatrième trimestre 2007 et la suppression de 1000 postes.

Compte tenu de l’ampleur de l’opération, un rapprochement avec Google ou Microsoft pourrait poser des problèmes de concurrence. L’OPA de Microsoft est déjà observée par près par les autorités américaines. La Commission des affaires judiciaires du Congrès a annoncé, vendredi, qu’elle organiserait une audition le 8 février pour examiner l’offre de rachat de Microsoft.