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Réchauffement climatique

L’Afrique serait le continent le plus vulnérable

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 25/08/2008 Dernière mise à jour le 28/08/2008 à 10:30 TU

L'Afrique souffre cruellement du manque d’eau à cause de la pollution, de la sécheresse, et de l’insuffisance et l’inadéquation des infrastructures. DR

L'Afrique souffre cruellement du manque d’eau à cause de la pollution, de la sécheresse, et de l’insuffisance et l’inadéquation des infrastructures.
DR

Les experts participant à une conférence de l'organisation des Nations unies sur le climat à Accra, au Ghana, déplorent que l’Afrique ne bénéficie pas suffisamment d'investissements dans des projets respectueux de l'environnement. Cette rencontre onusienne, qui aura duré une semaine et doit se terminer mercredi 27 août 2008, constitue le dernier grand rendez-vous international sur le climat avant la conférence ministérielle de Poznan, en Pologne, fin décembre 2008, où les pays riches devront annoncer la portée de leurs engagements futurs.

« De nombreux négociateurs africains ont fait part de leur inquiétude sur le fait que l'actuel système n'apporte que peu de vrais bénéfices pour le continent », a déclaré Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC). « Un rapide coup d'oeil au nombre de projets dans le cadre des mécanismes de développement propre (MDP) qui est appliqué en Afrique semble le confirmer », a-t-il ajouté.

Un <em>commiphora africana&nbsp;</em>mort, retourné sur sa couronne, dans la vallée de l'Azawagh au Niger.&nbsp;© IRD

Un commiphora africana mort, retourné sur sa couronne, dans la vallée de l'Azawagh au Niger. 
© IRD


Les MDP permettent aux pays développés de compenser une partie de leurs émissions en investissant dans un projet « propre » au sud portant sur l'énergie, les déchets, les industries lourdes particulièrement émettrices de gaz à effet de serre ou, dans une moindre mesure la reforestation. Ce mécanisme est prévu par le Protocole de Kyoto contre le changement climatique, conclu en 1997.

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« Les MDP bénéficient plus aux économies émergentes »

« La valeur totale des projets en Afrique financés par le Fonds pour l'environnement mondial au cours des dix-sept dernières années est de 378 millions de dollars, alors que la valeur des projets à l'échelle du monde est de plus de 2,4 milliards de dollars, ce qui reflète le manque de subventions pour le continent », a noté Yvo de Boer.

Dans la région de Geladid (photo), dans le sud-ouest éthiopien, des nomades en quête d'eau.(Photo : AFP)

Dans la région de Geladid (photo), dans le sud-ouest éthiopien, des nomades en quête d'eau.
(Photo : AFP)

« Seulement 2% des projets CDM dans le monde se trouvent en Afrique, ce qui est inacceptable, contre 45% en Chine, 16% en Inde et 13% au Chili », a affirmé de son côté Ewah Otu Eleri, qui dirige le Centre international pour l'énergie, l'environnementet le développement, basé au Nigeria. « Les règles pour accéder aux MDP sont trop rigoureuses pour les pays africains », a-t-il estimé.

Paul Watkinson de la délégation française a aussi reconnu que « les MDP bénéficient plus aux économies émergentes comme la Chine et l'Inde qu'à l'Afrique en raison de leur taux rapide de développement et des conditions stables des investissements ».

Gambie, Nigeria, Burkina Faso et Ghana au hit des pays les plus vulnérables

Pourtant, soulignent les experts, l’Afrique est directement menacée par les effets du réchauffement climatique qui contribue, par exemple, à l’élévation du niveau des océans, un phénomène qui va redessiner d'ici la fin du siècle les côtes ouest-africaines sur quatre mille kilomètres, du Sénégal au Cameroun, menaçant de disparition des villes.

Le lac Tchad est entrain d'être gagné par la sécheresse( Photo : AFP )

Le lac Tchad est entrain d'être gagné par la sécheresse
( Photo : AFP )

Selon les experts, « les pays les plus menacés sont la Gambie, le Nigeria, le Burkina Faso et le Ghana », a déclaré Stefan Cramer, spécialiste de la géologie marine et responsable de la fondation écologiste allemande Heinrich Boll au Nigeria. Ce géologue a expliqué qu’« une hausse du niveau de la mer de 2 centimètres par an (*) suffirait à dévaster de vastes bandes de terre dans les zones côtières fragiles d'Afrique de l'Ouest, surtout dans les deltas densément peuplés ».

Parmi les villes les plus menacées, figureraient Banjul, la capitale de la Gambie, et Lagos, la capitale économique du Nigeria, où habitent plus de 15 millions de personnes. Certaines parties de cette ville, situées en-dessous du niveau de la mer, sont déjà fréquemment inondées.

Progression des eaux marines à l’intérieur des terres cultivées

Les installations pétrolières situées dans le delta du Niger, dans le sud du Nigeria, sont aussi particulièrement vulnérables: au Ghana, « 1 000 km² de terres arables ont déjà été perdues dans le delta de la rivière Volta du fait de la montée de l'océan », a rappelé Yvo de Boer, un phénomène amplifié par les tempêtes tropicales de plus en plus violentes.

(Domaine public)

(Domaine public)

Autre menace sérieuse, la progression des eaux marines, salées, à l'intérieur des terres agricoles fertiles. « Cela va rendre l'eau non potable et inutilisable pour l'agriculture, contribuant à l'insécurité alimentaire dans la région », a souligné George Awudi, coordinateur du programme des Amis de la terre au Ghana. Pour faire face à la menace, les experts excluent la possibilité de construire des digues, une option jugée inefficace et trop coûteuse : « Le plus judicieux serait de se déplacer vers les terres plus élevées, mais ce serait vraiment difficile, spécialement pour le Nigéria parce que cela implique qu'il renoncerait à ses centres économiques à Lagos et à ses exploitations pétrolières dans le delta », a commenté Stefan Cramer. Il faut s'attaquer à la racine du problème plutôt que de réfléchir à la façon de s'adapter à ses conséquences, a-t-il jugé : « Les pays industrialisés doivent prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) » a-t-il conclu.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites suivants :

http://www.ipcc.ch/languages/french.htm

http://www.careclimatechange.org/careclimatechange.org/adaptation

http://www.greenfacts.org/fr/changement-climatique-re4/index.htm

(*) Le Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (Giec), mandaté par les Nations unies, tablait initialement sur une montée du niveau de la mer comprise entre 18 cm et 59 cm d'ici la fin du siècle par rapport à 1990, mais il a renoncé dans son dernier rapport publié en novembre 2007 à Valence (Espagne) à donner une valeur limite à la hausse prévisible du niveau des océans.

Ils  estiment que, même en réduisant de façon drastique les émissions de CO2, les experts estiment que le niveau des océans continuerait de monter pendant encore 50 à 100 ans.

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