France

Le frelon d’Asie, «viandard» et mangeur de pommes !

par Dominique Raizon

Article publié le 21/01/2009 Dernière mise à jour le 01/07/2009 à 13:46 TU

Un plan de destruction des nids de "vespa velutina" a été mis en place en Dordogne (France, sud-ouest).
(Photo : Dordogne.pref.gouv.fr)

Pour 2008, la production française de miel est estimée à 20 000 tonnes, soit 2 000 tonnes de plus qu'en 2007, mais cette augmentation aurait du être plus importante en raison de conditions climatiques plus favorables. Tandis que de fortes mortalités hivernales ont réduit le nombre de colonies d'abeilles, l’expansion du frelon d’Asie -qui lui s’adapte fort bien- inquiète terriblement les apiculteurs. L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) déplore «le manque de réactivité des pouvoirs publics» face à ce fléau et demande que l’espèce soit classée comme « nuisible ».

Le Vespa velutina mesure environ 3 centimètres de long et les reines de la même espèce, plus grosses, peuvent mesurer entre 4 et 4,5 centimètres. Il est donc un peu plus petit que son cousin d’Europe de l’Ouest, le Vespa crabo, la seule espèce de frelon représentée dans nos régions jusqu’en novembre 2004, date à laquelle Vespa velutina a été repéré dans le Lot-et-Garonne (France, sud-ouest).

Tête noire et face jaune orangé, thorax brun noir velouté aux segments abdominaux bruns, bordés d'une fine bande jaune orangé, pattes brunes, et jaunes à l'extrémité, Vespa velutina prolifère à un rythme inquiétant. Prédateur redoutable pour les populations des autres hyménoptères sociaux, c’est-à-dire les guêpes et les abeilles, il guette sa proie en se postant devant la ruche en vol stationnaire, puis il la saisit entre ses pattes avant de la décortiquer pour en faire des boulettes afin de nourrir son couvain. « A partir de 5 à 6 frelons devant une ruche, cela devient catastrophique pour les abeilles », souligne Henri Clément, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf).

Le développement de Vespa velutina s'est accéléré en Aquitaine à partir de 2007. Il a colonisé les Landes, la plus grande forêt d’Europe, où il construit ses nids sphériques -de l’ordre d’environ 80 centimètres de diamètre et une hauteur d’au moins un mètre -à très grande hauteur dans les pins. La sous-espèce arrivée en France, nigrithorax, vit naturellement au Bhoutan, dans le nord de l’Inde, en Chine, dans des régions où l’hiver est marqué et le climat assez comparable à celui du sud de la France, explique Claire Villemant, spécialiste des hyménoptères au Muséum national d’histoire naturelle.

« Vespa velutina commence à envahir les marchés en plein air »

Taux de reproduction élevé et absence de prédateurs … cet hiver, « l’espèce non seulement s’est très bien acclimatée, mais s’est aussi terriblement multipliée ». « Vespa velutina remonte d'une centaine de kilomètres par an et, d'ici deux ans, il sera à Paris », estime Henri Clément, qui dénonce « le manque de réactivité des pouvoirs publics » face au fléau : « On ne sait toujours pas quel est le ministère qui gère ce problème ».

Or, « ce frelon est également un ‘viandard ‘qui commence à envahir les marchés en plein air, faisant fuir la clientèle », souligne Raymond Saunier, président du syndicat apicole de Gironde, qui ajoute que « sa piqûre est particulièrement douloureuse ». Les scientifiques, à l’instar de Claire Villemant, précisent néanmoins que les dangers présentés par le nouveau venu sont essentiellement d’ordre écologique car il existe un risque sérieux que l’espèce vienne supplanter l’espèce autochtone, et d’ordre économique pour les dégâts causés aux ruchers.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites suivants

-         de Jacques Blot, expert pour l'association pour le développement apicole en Aquitaine

-         de l’Unaf

-         Rapport 2008 pour une filière apicole durable 

-         de l’Inra sur la pollinisation et l’écologie des abeilles

-          de Bernard Vaissière sur les conséquences de la disparition des abeilles      

Pour visionner la vidéo Combat entre frelons et abeilles, se rendre sur le site de la Chaîne verte