Cyclisme
Affaire Festina : suite et fin
par Gérard Dreyfus
Article publié le
22/12/2000
Dernière mise à jour le
21/12/2000 à 23:00 TU
Le cycliste Richard Virenque relaxé, le soigneur Willy Voet condamné à dix mois de prison avec sursis et Bruno Roussel, l'ex-directeur sportif, condamné à un an avec sursis, c'est l'épilogue de l'«affaire Festina» prononcé vendredi par le tribunal correctionnel de Lille.
Le président du tribunal de Lille, Daniel Delegove, a écrit le mot «fin» au dossier Festina qui, depuis plus de deux ans, avait empoisonné le monde du cyclisme français et international. Plus qu'un jugement, connu dans ses grandes lignes à l'issue du réquisitoire, il restera des onze jours d'audience qu'aura connu le procès de neuf prévenus la confirmation que le dopage est une pratique notoirement généralisée dans ce sport, mais aussi dans les autres grandes disciplines, et depuis longtemps. Ne l'ignoraient que ceux qui voulaient bien fermer les yeux. Pour une fois, on a lavé son linge sale en public et c'est sûrement mieux ainsi. Pour autant le procès Festina peut-il être qualifié d'exemplaire ?
Il l'aurait été si les prévenus avaient été plus nombreux. Ceux qui se sont trouvé sur le banc des accusés ne représentaient qu'un simple échantillon de l'ensemble des coupables et, à cet égard, on est en droit de se demander s'ils doivent payer pour tous les autres. On sent bien que le tribunal de Lille a pris conscience, au moment du verdict, de l'injustice qu' il y aurait eu à condamner sévèrement quelques individus, certes coupables, en lieu et place de tout le peloton.
Il l'aurait été si on avait senti que la pratique du dopage avait régressé depuis l'éclatement du scandale, au mois de juillet 1998. Or, selon tous les experts, il est patent que le recours à des produits illicites pour améliorer sans cesse les performances n'a pas cessé.
«Pas vu, pas pris»
Il l'aurait été s'il avait permis une prise de conscience collective du milieu cycliste. Or, il y a tout lieu de croire qu'on en est resté au «pas vu, pas pris». Finalement, le grand public sait, le monde du vélo sait, mais il semble que ce dernier continue de faire mine de ne pas savoir.
Le procès Festina ne s'est pas voulu, par la volonté des magistrats, un acte de répression mais davantage un rendez-vous d'information et de prévention. Les aveux et la contrition de Richard Virenque, seul coureur parmi les prévenus, auront permis de dépassionner cette affaire. Il reste à espérer qu'il y aura un après procès et qu'en particulier les institutions en charge du sport ne persévèreront pas dans leur mutisme complice. N'oublions pas que, sans la volonté des politiques, on aurait continué à se voiler la face, à ne pas entendre et à ne pas parler, à faire comme si rien ne se passait. Mais le mal du dopage est très profondément enraciné et il faudra sans doute bien des années pour parvenir à éradiquer ce fléau, véritable cancer du monde sportif.