Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France: présidentielle 2002

Charles Pasqua officiellement candidat

Le président du Rassemblement pour la France (RPF) a officiellement annoncé, le 28 janvier, qu’il se présentait à l’élection présidentielle, malgré plusieurs mises en examen dans des affaires politico-financières. Une situation qui risque de ternir sérieusement sa campagne.
Le pas est franchi. Charles Pasqua a décidé d’entrer en campagne pour briguer l’Elysée. C’est à Paris que l’ancien ministre de l’Intérieur a fait son annonce en lisant une déclaration solennelle et en se gardant bien de répondre aux questions des journalistes. Cette déclaration n’est qu’une confirmation. En effet, il avait annoncé en janvier 2001 qu’il serait présent au rendez-vous de 2002. Voilà qui est fait ! Son mot d’ordre pour les prochaines échéances électorales «Retrouvons nos couleurs, celles de notre patrie».

Il a fustigé la cohabitation et renvoyé dos-à-dos Jacques Chirac et Lionel Jospin: «leur politique commune et leurs programmes interchangeables se satisfont du déclin dont ils sont les responsables. Ils n’ont qu’un seul souci : eux-mêmes. Un seul objectif: la pérennité du pouvoir stérile, mais absolu, de leurs partis». Puis Charles Pasqua a dressé un tableau sombre de la situation française: «Malgré sa modernité et sa vitalité, la France n’est plus respectée. La fonction présidentielle est diminuée. L’Etat est déliquescent. La société se décompose de façon alarmante». L’un des thèmes centraux de la campagne, l’insécurité, n’a pas été oublié: «Laisserons-nous sans réagir se développer l’insécurité et l’anarchie dans nos villes et nos campagnes, ou engagerons-nous vigoureusement la nécessaire répression des crimes et des délits ?». A son programme: «retrouver l’Etat», «retrouver les valeurs républicaines», «retrouver l’autorité», «retrouver notre identité», «retrouver nos couleurs, celles de notre patrie». L’ancien ministre de l’Intérieur dévoilera son projet pour la France, le 12 février prochain, à Paris, lors de son premier meeting de campagne puis fera ensuite plusieurs déplacements à travers toute la France.

Le handicap des affaires

Depuis plusieurs mois, le président du conseil général des Hauts-de-Seine est confronté à des désertions massives : la plupart de ses lieutenants, élus députés européens sur sa liste: William Abitbol, Florence Kuntz et Paul-Marie Couteaux sont partis rejoindre le «pôle républicain» de Jean-Pierre Chevènement. De plus, le départ de Philippe de Villiers en juillet 2000 de leur courant politique commun -constitué spécialement pour les élections européennes de 1999- a considérablement amoindri les moyens financiers du RPF. Ainsi pour trouver des fonds et financer sa campagne, Charles Pasqua va devoir lancer une souscription. Deux difficultés qui ont, d’après son entourage, renforcé sa détermination à sa présenter. «Cela l’a plutôt boosté» a déclaré Jean-Jacques Guillet, vice-président du RPF.

Un autre handicap va également peser et ternir sa campagne. Sa présumée implication et ses mises en examen dans plusieurs affaires politico-financières : celle du financement politique illégal de sa campagne électorale pour les européennes de 1999, celle du trafic d’armes vers l’Angola -encore appelée Angolagate- où les juges d’instruction ont demandé la levée de son immunité parlementaire, actuellement à l’étude au Parlement européen de Strasbourg, enfin celle de l’affaire Elf, où il est soupçonné d’avoir utilisé des avions financés par le groupe pétrolier français.

Apparemment la candidature de Charles Pasqua ne semble pas inquiéter la droite. Nicolas Sarkozy, député-maire de Neuilly-sur-Seine a qualifié cette candidature de «choix digne» ajoutant qu’il n’avait pas d’inquiétude sur le report des voix de Charles Pasqua au second tour : «il me paraît assez normal qu’au deuxième tour, il se rassemble sur le candidat qui sera sorti en tête». Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR a souhaité «bienvenue dans le camp des candidats» au nouveau prétendant, avant d’ajouter non sans ironie: «L’essentiel, c’est que tout le monde se retrouve au second tour à droite autour de Jacques Chirac».

Le principal souci de Charles Pasqua, dans les semaines qui viennent, va être de convaincre l’électorat souverainiste de voter pour lui et non pour Jean-Pierre Chevènement. Un pari loin d’être gagné si l’on se réfère aux récents sondages qui créditent l’ancien ministre de l’Intérieur de 1 à 3% des intentions de vote. Un score loin d’égaler celui de Jean-Pierre Chevènement qui recueillerait 10% des suffrages.

Lire également :
Pasqua : le dernier combat
(L’éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 30/01/2002