Irak
Mission impossible pour l'ONU ?
Kofi Annan a choisi un de ses meilleurs spécialistes pour le représenter en Irak. Le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Sergio Vieira de Mello devrait arriver à Bagdad au plus tard lundi prochain, pour coordonner l'aide humanitaire, aider à la reconstruction et favoriser l'émergence d'un gouvernement provisoire. «La question de l'ordre est prioritaire», assure-t-il.
New York (Nations unies), de notre correspondant
Lorsqu'il foulera le sol irakien, lundi prochain au plus tard, Sergio Vieira de Mello sera immédiatement confronté à de nombreuses difficultés. Le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme le sait, mais il accepté de devenir pour une période transitoire de quatre mois le représentant spécial de l'ONU pour l'Irak. «La première priorité sera d'établir des contacts très rapides avec toutes les personnalités représentatives des grands courants politiques et de pensée de la société irakienne», explique Sergio Vieira de Mello à RFI. «Cela prendra du temps, mais c'est fondamental. On ne peut pas avancer sans connaître le point de vue et les aspirations du peuple irakien». Pour Sergio Vieira de Mello, se faire accepter des Irakiens relève du défi. C'est un pays qu'il connaît mal, et lui-même n'est pas musulman. Il devra notamment prouver qu'il n'est pas l'homme des Américains.
Les Etats-Unis ont poussé pour la nomination de Sergio Vieira de Mello, en qui ils voient un homme efficace et suffisamment ambitieux pour ne pas s'opposer frontalement à la première puissance mondiale. Les autres pays du Conseil de sécurité reconnaissent toutefois les grandes compétences de cet homme de terrain, qui a fait ses preuves au Kosovo ou au Timor Oriental. Ils estiment par ailleurs qu'il est doté d'une indépendance suffisante par rapport aux forces d'occupation. «Travailler avec l'Autorité (terme désignant pudiquement les Etats-Unis et la Grande Bretagne dans la dernière résolution de l'ONU, NDLR) fait partie des règles du jeu, se contente de commenter Sergio Vieira de Mello. Ils sont responsables de l'administration du pays jusqu'à nouvel ordre et nous espérons tous que ce nouvel ordre arrivera bientôt car il est impératif que les Irakiens prennent entre leurs mains les destinées de leur pays». Qu'il l'admette ou non, Sergio Vieira de Mello devra déployer des trésors de tact pour se dégager une marge de manœuvre, dans l'ombre des puissances occupantes.
«Les Irakiens doivent se gouverner»
Pour remplir sa mission, le diplomate brésilien devra surmonter un mandat particulièrement vague, qui cantonne l'ONU à un rôle flou, surtout consultatif, et sans réelle autorité ou moyens. Officiellement, Sergio Vieira de Mello sera chargé de coordonner l'aide humanitaire, d'aider au retour des réfugiés, d'assister à la reconstruction d'un système judiciaire, d'une force de police civile ou encore de superviser la situation des droits de l'homme. La partie la plus significative de son mandat sera sans doute de favoriser l'émergence d'un gouvernement représentatif. «Il faudra passer à la deuxième étape, la définition du processus politique qui devrait nous amener à la formation de cette autorité transitoire irakienne avec laquelle il faudra travailler au plus vite, et à laquelle, je l'espère, le pouvoir pourra être délégué dans les meilleurs délais. Ce sont les Irakiens qui doivent se gouverner», assure Sergio Vieira de Mello. Mais la résolution 1482 du 22 mai qui lui donne mandat est un texte de compromis, particulièrement ambigu sur la portée réelle du rôle de l'ONU et de son articulation avec les puissances occupantes. «L'emploi de certains termes et de certains verbes relativement vagues est également une opportunité pour que nous définissions un rôle constructif et déterminant dans le processus politique et de reconstruction de la société irakienne», préfère relever le diplomate onusien.
Autre problème : la sécurité. Le représentant spécial de Kofi Annan l'admet, tant que l'ordre n'est pas rétabli, il est impossible de construire des institutions démocratiques. «La question de l'ordre et du respect de la loi est prioritaire. Tant que la sécurité n'a pas été entièrement rétablie, il est impossible de construire des institutions démocratiques, une véritable culture des droits de l'homme et un processus politique qui permette aux Irakiens de se gouverner au plus tôt». Mais dans ce domaine, l'ONU est complètement soumise au bon vouloir des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Il en est de même pour la gestion de l'argent du pétrole irakien, qui sera déboursé comme les puissances occupantes l'entendent. Dans ce domaine aussi, Sergio Vieira de Mello devra faire preuve de sens politique pour se faire entendre.
En acceptant ce poste, même pour quatre mois, Sergio Vieira de Mello pourrait également nuire à la fonction qu'il occupe depuis moins d'un an, en tant que Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme. «Plus que jamais, la situation globale des droits de l'homme nécessite la pleine attention d'une Haut commissaire faisant figure d'autorité, ce qui ne peut être assuré par des arrangements provisoires, quelles que soient les capacités personnelles de celui qui occupera le poste pendant cette période», estime Amnesty International, au diapason de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme. «Nommer un Haut commissaire en poste comme mon représentant en Irak sur une base temporaire a été pour moi une décision plutôt difficile, d'autant plus que les droits de l'homme ont été en tête de mon propre agenda», a admis Koffi Annan. «Pour s'organiser et devenir opérationnel et efficace immédiatement, j'ai besoin de quelqu'un qui peut démarrer sur les chapeaux de roue et nous aider à mettre en place nos opérations dans leurs premiers stages», a-t-il toutefois expliqué. Si il est un homme dans le système onusien capable de remplir cette mission délicate, beaucoup de diplomates estiment qu'il s'agit du Haut commissaire aux droits de l'homme.
Lorsqu'il foulera le sol irakien, lundi prochain au plus tard, Sergio Vieira de Mello sera immédiatement confronté à de nombreuses difficultés. Le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme le sait, mais il accepté de devenir pour une période transitoire de quatre mois le représentant spécial de l'ONU pour l'Irak. «La première priorité sera d'établir des contacts très rapides avec toutes les personnalités représentatives des grands courants politiques et de pensée de la société irakienne», explique Sergio Vieira de Mello à RFI. «Cela prendra du temps, mais c'est fondamental. On ne peut pas avancer sans connaître le point de vue et les aspirations du peuple irakien». Pour Sergio Vieira de Mello, se faire accepter des Irakiens relève du défi. C'est un pays qu'il connaît mal, et lui-même n'est pas musulman. Il devra notamment prouver qu'il n'est pas l'homme des Américains.
Les Etats-Unis ont poussé pour la nomination de Sergio Vieira de Mello, en qui ils voient un homme efficace et suffisamment ambitieux pour ne pas s'opposer frontalement à la première puissance mondiale. Les autres pays du Conseil de sécurité reconnaissent toutefois les grandes compétences de cet homme de terrain, qui a fait ses preuves au Kosovo ou au Timor Oriental. Ils estiment par ailleurs qu'il est doté d'une indépendance suffisante par rapport aux forces d'occupation. «Travailler avec l'Autorité (terme désignant pudiquement les Etats-Unis et la Grande Bretagne dans la dernière résolution de l'ONU, NDLR) fait partie des règles du jeu, se contente de commenter Sergio Vieira de Mello. Ils sont responsables de l'administration du pays jusqu'à nouvel ordre et nous espérons tous que ce nouvel ordre arrivera bientôt car il est impératif que les Irakiens prennent entre leurs mains les destinées de leur pays». Qu'il l'admette ou non, Sergio Vieira de Mello devra déployer des trésors de tact pour se dégager une marge de manœuvre, dans l'ombre des puissances occupantes.
«Les Irakiens doivent se gouverner»
Pour remplir sa mission, le diplomate brésilien devra surmonter un mandat particulièrement vague, qui cantonne l'ONU à un rôle flou, surtout consultatif, et sans réelle autorité ou moyens. Officiellement, Sergio Vieira de Mello sera chargé de coordonner l'aide humanitaire, d'aider au retour des réfugiés, d'assister à la reconstruction d'un système judiciaire, d'une force de police civile ou encore de superviser la situation des droits de l'homme. La partie la plus significative de son mandat sera sans doute de favoriser l'émergence d'un gouvernement représentatif. «Il faudra passer à la deuxième étape, la définition du processus politique qui devrait nous amener à la formation de cette autorité transitoire irakienne avec laquelle il faudra travailler au plus vite, et à laquelle, je l'espère, le pouvoir pourra être délégué dans les meilleurs délais. Ce sont les Irakiens qui doivent se gouverner», assure Sergio Vieira de Mello. Mais la résolution 1482 du 22 mai qui lui donne mandat est un texte de compromis, particulièrement ambigu sur la portée réelle du rôle de l'ONU et de son articulation avec les puissances occupantes. «L'emploi de certains termes et de certains verbes relativement vagues est également une opportunité pour que nous définissions un rôle constructif et déterminant dans le processus politique et de reconstruction de la société irakienne», préfère relever le diplomate onusien.
Autre problème : la sécurité. Le représentant spécial de Kofi Annan l'admet, tant que l'ordre n'est pas rétabli, il est impossible de construire des institutions démocratiques. «La question de l'ordre et du respect de la loi est prioritaire. Tant que la sécurité n'a pas été entièrement rétablie, il est impossible de construire des institutions démocratiques, une véritable culture des droits de l'homme et un processus politique qui permette aux Irakiens de se gouverner au plus tôt». Mais dans ce domaine, l'ONU est complètement soumise au bon vouloir des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Il en est de même pour la gestion de l'argent du pétrole irakien, qui sera déboursé comme les puissances occupantes l'entendent. Dans ce domaine aussi, Sergio Vieira de Mello devra faire preuve de sens politique pour se faire entendre.
En acceptant ce poste, même pour quatre mois, Sergio Vieira de Mello pourrait également nuire à la fonction qu'il occupe depuis moins d'un an, en tant que Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme. «Plus que jamais, la situation globale des droits de l'homme nécessite la pleine attention d'une Haut commissaire faisant figure d'autorité, ce qui ne peut être assuré par des arrangements provisoires, quelles que soient les capacités personnelles de celui qui occupera le poste pendant cette période», estime Amnesty International, au diapason de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme. «Nommer un Haut commissaire en poste comme mon représentant en Irak sur une base temporaire a été pour moi une décision plutôt difficile, d'autant plus que les droits de l'homme ont été en tête de mon propre agenda», a admis Koffi Annan. «Pour s'organiser et devenir opérationnel et efficace immédiatement, j'ai besoin de quelqu'un qui peut démarrer sur les chapeaux de roue et nous aider à mettre en place nos opérations dans leurs premiers stages», a-t-il toutefois expliqué. Si il est un homme dans le système onusien capable de remplir cette mission délicate, beaucoup de diplomates estiment qu'il s'agit du Haut commissaire aux droits de l'homme.
par Philippe Bolopion
Article publié le 28/05/2003