Irak
L’armée irakienne n’est plus
Après avoir annoncé il y a une dizaine de jours la dissolution du parti Baas qui dominait depuis 1968 la scène politique, les autorités américaines ont ordonné vendredi le démantèlement des forces armées irakiennes ainsi que celui des différents organes de sécurité grâce auxquels Saddam Hussein a tenu le pays d’une main de fer. Cette décision intervient quelques heures après le vote au Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution sur l’après-guerre en Irak qui donne de larges prérogatives aux Américains et aux Britanniques pour la gestion de la reconstruction du pays. Elle intervient également au moment où les critiques se multiplient notamment aux Etats-Unis pour dénoncer la situation de chaos qui règne encore en Irak six semaines après la chute de Bagdad.
Les autorités américaines semblent bien décidées à éradiquer toutes les structures civiles et militaires qui ont constitué l’ossature de la dictature de Saddam Hussein pendant 24 ans. Quelques heures après avoir reçu le soutien des Nations unies en ce qui concerne la gestion de la reconstruction du pays, Paul Bremer, l’administrateur civil américain, a en effet annoncé le démantèlement non seulement de l’armée régulière irakienne mais également de la Garde républicaine, ce corps d’élite présenté comme dévoué au dictateur irakien et qui n’a pourtant pas résisté à l’assaut des troupes américano-britanniques. «Ces mesures participent d’une campagne vigoureuse destinée à montrer aux Irakiens que c’en est fini du régime de Saddam, qui ne reviendra jamais», a notamment déclaré l’administration américaine dans un communiqué. Paul Bremer a également annoncé sa décision de dissoudre les ministères de la Défense et de l’Information ainsi que les cours martiales et les cours de sûreté, deux juridictions d’exception qui, des décennies durant, ont fait la loi en Irak, écrasant toute velléité d’opposition en envoyant notamment les dissidents croupir dans les geôles du pays.
Cette décision de dissoudre les forces armées irakiennes frappe quelque 400 000 militaires et fonctionnaires. Certains d’entre eux pourraient avoir droit à une prime de départ équivalent à un mois de salaire. Mais cette mesure ne devrait toucher qu’une infime partie du personnel militaire. Cette décision risque en outre d’être difficile à appliquer, l’administration américaine devant faire face au mécontentement de plusieurs centaines de milliers de personnes se retrouvant du jour au lendemain sans emploi et sans fonction dans la société. En début de semaine déjà, quelque 300 officiers et soldats avaient manifesté à Bagdad pour réclamer le paiement de leur solde. Ils avaient même menacé de reprendre les armes si aucun versement n’était effectué.
Une armée déjà quasi-inexistante
Si l’administration américaine en Irak ne cache pas sa détermination à en finir avec l’ère Saddam Hussein, elle essaie également de ménager les susceptibilités d’une population fière de son passé et de plus en plus excédée par la mainmise des forces de la coalition sur son pays. L’équipe de Paul Bremer a ainsi annoncé la prochaine formation d’une nouvelle armée irakienne. «L’autorité de transition de la coalition projette de créer, dans un proche avenir, un nouveau corps irakien», a-t-elle notamment déclaré en précisant qu’il s’agira d’«un premier pas vers la formation d’un potentiel d’autodéfense national pour un Irak libre». Ce nouveau corps sera placé sous contrôle civil et sera, selon l’administration américaine, «professionnel, apolitique, militairement efficace et représentant tous les Irakiens».
Si la décision de Paul Bremer de démanteler les forces armées irakiennes touche dans les faits plusieurs centaines de milliers de personnes, elle ne frappe en réalité qu’une armée qui n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même. Qualifiée depuis 1991 par la propagande américaine de quatrième armée du monde (après celle des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine), elle n’a en fait jamais résisté aux assauts des forces de la coalition. Et c’est sans combattre que Bagdad est tombé le 9 avril dernier entraînant avec elle la chute du régime de Saddam Hussein.
L’armée irakienne comptait quelque 400 000 personnes avant le déclenchement de la guerre le 20 mars dernier. Mais les opérations sur le terrain ont très vite montré qu’elle était désorganisée et que ces équipements étaient totalement dépassés face à ceux des troupes américano-britanniques. Il est vrai que les forces de Saddam, affaiblies par huit années de guerre avec l’Iran de 1980 à 1988, avaient déjà subi une défaite sans appel en 1991. A l’époque l’aviation et la marine irakiennes avaient été anéanties. Le potentiel militaire du régime de Bagdad avaient ensuite été sérieusement mis à mal par 13 années d’embargo décrété au lendemain de l’invasion du Koweït et également par les inspections de l’ONU qui se sont poursuivies jusqu’en 1998, avant de reprendre trois mois avant le déclenchement de la guerre.
Cette décision de dissoudre les forces armées irakiennes frappe quelque 400 000 militaires et fonctionnaires. Certains d’entre eux pourraient avoir droit à une prime de départ équivalent à un mois de salaire. Mais cette mesure ne devrait toucher qu’une infime partie du personnel militaire. Cette décision risque en outre d’être difficile à appliquer, l’administration américaine devant faire face au mécontentement de plusieurs centaines de milliers de personnes se retrouvant du jour au lendemain sans emploi et sans fonction dans la société. En début de semaine déjà, quelque 300 officiers et soldats avaient manifesté à Bagdad pour réclamer le paiement de leur solde. Ils avaient même menacé de reprendre les armes si aucun versement n’était effectué.
Une armée déjà quasi-inexistante
Si l’administration américaine en Irak ne cache pas sa détermination à en finir avec l’ère Saddam Hussein, elle essaie également de ménager les susceptibilités d’une population fière de son passé et de plus en plus excédée par la mainmise des forces de la coalition sur son pays. L’équipe de Paul Bremer a ainsi annoncé la prochaine formation d’une nouvelle armée irakienne. «L’autorité de transition de la coalition projette de créer, dans un proche avenir, un nouveau corps irakien», a-t-elle notamment déclaré en précisant qu’il s’agira d’«un premier pas vers la formation d’un potentiel d’autodéfense national pour un Irak libre». Ce nouveau corps sera placé sous contrôle civil et sera, selon l’administration américaine, «professionnel, apolitique, militairement efficace et représentant tous les Irakiens».
Si la décision de Paul Bremer de démanteler les forces armées irakiennes touche dans les faits plusieurs centaines de milliers de personnes, elle ne frappe en réalité qu’une armée qui n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même. Qualifiée depuis 1991 par la propagande américaine de quatrième armée du monde (après celle des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine), elle n’a en fait jamais résisté aux assauts des forces de la coalition. Et c’est sans combattre que Bagdad est tombé le 9 avril dernier entraînant avec elle la chute du régime de Saddam Hussein.
L’armée irakienne comptait quelque 400 000 personnes avant le déclenchement de la guerre le 20 mars dernier. Mais les opérations sur le terrain ont très vite montré qu’elle était désorganisée et que ces équipements étaient totalement dépassés face à ceux des troupes américano-britanniques. Il est vrai que les forces de Saddam, affaiblies par huit années de guerre avec l’Iran de 1980 à 1988, avaient déjà subi une défaite sans appel en 1991. A l’époque l’aviation et la marine irakiennes avaient été anéanties. Le potentiel militaire du régime de Bagdad avaient ensuite été sérieusement mis à mal par 13 années d’embargo décrété au lendemain de l’invasion du Koweït et également par les inspections de l’ONU qui se sont poursuivies jusqu’en 1998, avant de reprendre trois mois avant le déclenchement de la guerre.
par Mounia Daoudi
Article publié le 23/05/2003