Russie : la démission de Boris Eltsine
Coup d'état de velours au Kremlin<br>
Longtemps on pensa que Boris Eltsine ne démissionnerait jamais, qu'il s'accrocherait au pouvoir par tous les moyens y compris avec les dents. On en était convaincu et on avait raison, car le démenti qui vient d'être administré par le vieux tsar n'est pas vraiment probant. C'est tout juste une ultime dérobade. Les pires épreuves ne l'avaient en effet jamais empêché de se menotter au trône avec l'énergie du désespoir. Lors de son quintuple pontage coronarien, il n'avait consenti à se séparer de son sceptre, c'est-à-dire de la valise nucléaire, que pendant les quelques heures que dura l'opération à c£ur ouvert. Le pouvoir était ce qui maintenait en vie ce grand malade. C'était son obscur objet de tous les désirs, sa drogue, son élixir de jouvence. Personne n'imaginait donc qu'il puisse un jour y renoncer volontairement. On était même persuadé qu'il serait difficile de déloger cet homme qui avait sérieusement envisagé, malgré sa maladie, de prolonger son pouvoir, y compris par des moyens anticonstitutionnels.
Il a donc fallu un moteur exceptionnellement puissant pour que Boris Eltsine accepte de raccourcir son mandat ne serait-ce que de 6 mois, alors qu'aucune raison de santé ne l'y poussait comme il l'a lui-même reconnu. Il n'y a qu'une seule chose qui puisse pousser un tel homme à accepter un tel sacrifice : la peur ! La peur panique du déshonneur pour lui-même et de la prison pour ses proches lorsque sonnerait le glas, l'heure de rendre des comptes. Les commentateurs les plus indulgents estiment qu'Eltsine a réussi sa sortie, que son coup d'éclat lui assure une place dans l'histoire. Rien n'est plus faux. Loin d'être un départ de héros, c'est une fuite la queue basse, une simple habileté politicienne destinée à mettre en orbite son successeur et garde du corps, dont l'unique tâche est de garantir l'immunité à lui et à la famille, c'est-à-dire à tous ceux qu'il a nommés milliardaires.
Les adieux piteux du président demandant pardon aux Russes pour les " erreurs ", les " échecs " et les " espoirs déçus " sont d'ailleurs éloquents. Mais c'est un petit peu trop simple de s'en tirer par des excuses pour solde de tout compte. Boris Eltsine mérite d'être jugé, et pas seulement par le tribunal de l'histoire. Car il laisse en héritage un régime monstrueux, corrompu, mafieux, népotique, coupable du gigantesque hold-up des privatisations et des crimes de guerre en Tchétchénie. Le transfert de pouvoir qui vient de se dérouler à Moscou a beau être constitutionnellement correct, ce n'est ni plus ni moins qu'un putsch de velours.
Il a donc fallu un moteur exceptionnellement puissant pour que Boris Eltsine accepte de raccourcir son mandat ne serait-ce que de 6 mois, alors qu'aucune raison de santé ne l'y poussait comme il l'a lui-même reconnu. Il n'y a qu'une seule chose qui puisse pousser un tel homme à accepter un tel sacrifice : la peur ! La peur panique du déshonneur pour lui-même et de la prison pour ses proches lorsque sonnerait le glas, l'heure de rendre des comptes. Les commentateurs les plus indulgents estiment qu'Eltsine a réussi sa sortie, que son coup d'éclat lui assure une place dans l'histoire. Rien n'est plus faux. Loin d'être un départ de héros, c'est une fuite la queue basse, une simple habileté politicienne destinée à mettre en orbite son successeur et garde du corps, dont l'unique tâche est de garantir l'immunité à lui et à la famille, c'est-à-dire à tous ceux qu'il a nommés milliardaires.
Les adieux piteux du président demandant pardon aux Russes pour les " erreurs ", les " échecs " et les " espoirs déçus " sont d'ailleurs éloquents. Mais c'est un petit peu trop simple de s'en tirer par des excuses pour solde de tout compte. Boris Eltsine mérite d'être jugé, et pas seulement par le tribunal de l'histoire. Car il laisse en héritage un régime monstrueux, corrompu, mafieux, népotique, coupable du gigantesque hold-up des privatisations et des crimes de guerre en Tchétchénie. Le transfert de pouvoir qui vient de se dérouler à Moscou a beau être constitutionnellement correct, ce n'est ni plus ni moins qu'un putsch de velours.
par Jacques Rozenblum
Article publié le 03/01/2000