Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Zimbabwe

Un pas décisif vers l'alternance

Le paysage politique du Zimbabwe est nettement partagé en deux, depuis les élections législatives des 24 et 25 juin 2000. La ZANU-PF, le parti du président Robert Mugabe - dont le mandat expire en 2002 - a conservé de justesse la majorité absolue au parlement, en remportant 62 des 120 sièges à pourvoir (sur un total de 150); mais le parti d'opposition MDC, dirigé par le syndicaliste Morgan Tsvangirai, s'est assuré 57 sièges, alors qu'il n'existe que depuis moins d'un an, et contrôle désormais largement les deux principales villes du pays: Harare (17 sur 19 sièges) et Bulawayo, où il s'est arrogé les huit postes de députés.
a ZANU-PF conserve néanmoins la majorité au Parlement, grâce notamment à vingt sièges supplémentaires, qui sont attribués par le Président, tandis que les dix restants sont réservés aux chefs traditionnels. Mais le parti au pouvoir ne dispose plus de la majorité des deux tiers, ce qui limitera sa marge de man£uvre. Quant à Robert Mugabe, il subit un deuxième revers consécutif, après celui de février dernier, lors d'un référendum constitutionnel qui s'est soldé par la victoire du "non" prôné par le MDC. A deux ans de la fin de son mandat, le vieux président devrait désormais préparer une succession qui s'annonce d'ores et déjà difficile. .

La ZANU-PF conserve néanmoins la majorité au Parlement, grâce notamment à vingt sièges supplémentaires, qui sont attribués par le Président, tandis que les dix restants sont réservés aux chefs traditionnels. Mais le parti au pouvoir ne dispose plus de la majorité des deux tiers, ce qui limitera sa marge de man£uvre. Quant à Robert Mugabe, il subit un deuxième revers consécutif, après celui de février dernier, lors d'un référendum constitutionnel qui s'est soldé par la victoire du "non" prôné par le MDC. A deux ans de la fin de son mandat, le vieux président devrait désormais préparer une succession qui s'annonce d'ores et déjà difficile. Pour l'heure, Mugabe devra former un gouvernement capable de faire face à une opposition forte de 58 parlementaires, alors que jusque là elle n'en comptait que trois, et qui se dit prête à participer à un gouvernement de coalition. Une opposition désormais bien structurée, qui peut compter sur la bienveillance des médias internationaux et des Occidentaux, mais aussi sur son implantation en milieu urbain, et notamment dans la capitale Harare, où elle ne manquera pas de se manifester, à l'intérieur comme à l'extérieur du Parlement. On verra aussi si le MDC - une alliance presque contre nature entre syndicalistes et petits et grands patrons, ouvertement soutenue par la minorité blanche - a la capacité de conserver son unité, en dépit de la défaite personnelle de son leader, Morgan Tsvangirai, qui a été battu dans sa circonscription de Harare. Celui-ci a néanmoins remporté un important succès personnel et a aussitôt décidé de se présenter aux élections présidentielles de 2002. Un rendez-vous qui devrait marquer le début de l'après-Mugabe.

Le vieux président peut toujours compter sur les zones rurales, où l'opposition n'a pas pu faire campagne partout où elle le souhaitait, en raison du climat de violences et d'intimidations instauré par les partisans de la ZANU-PF. Mugabe a axé sa campagne électorale sur la question cruciale de la redistribution des terres contrôlées par les Blancs, ce qui lui a vraisemblablement permis de limiter les dégâts, grâce aux voix des centaines de milliers de paysans dont le niveau de vie ne s'est guère amélioré depuis l'indépendance, en 1980. Le chef des anciens vétérans de la guerre de libération, Chenjerai 'Hitler' Hunzvi, qui a dirigé le mouvement d'occupation de plus de 1.500 fermes de Blancs, a été élu dans sa circonscription et pourrait songer lui aussi à la présidentielle de 2002, en cas de désistement de Mugabe, aujourd'hui âgé de 76 ans. Il devra cependant se méfier de deux autres dauphins de Mugabe: Emmerson Munangagwa, ministre de la justice, qui a perdu son siège de député, et Sydney Sekeremayi, ministre de la sécurité, qui l'a conservé avec une soixantaine de voix d'avance.

Le principal vainqueur de ce scrutin historique demeure néanmoins le peuple du Zimbabwe qui, en dépit des violences enregistrées durant la campagne électorale, s'est rendu massivement aux urnes, comme en 1979, à la veille de l'indépendance. Dans le calme mais avec détermination il s'est divisé en deux camps presque égaux. Autant dire que l'alternance est désormais possible, sinon probable.



par Elio  Comarin

Article publié le 27/06/2000