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Zimbabwe

Une économie dans le rouge

En dépit d'un important potentiel, l'économie du Zimbabwe est en train de régresser dangereusement, contribuant à la frustration d'une population vivant en majorité dans la précarité.

Depuis quelques années, rien ne va plus pour l'économie zimbabwéenne. Celle-ci est pourtant l'une des plus diversifiées et les mieux structurées du continent africain. L'économie du Zimbabwe repose essentiellement sur l'agriculture, qui génère la majorité des exportations. Pendant les quinze années environ qui ont suivi l'indépendance du pays en 1980, le Zimbabwe était en quelque sorte le grenier d'Afrique australe. Ce pays demeure toujours, bon an mal an, le premier ou second exportateur mondial de tabac.

Le Zimbabwe dispose également d'un important potentiel minier, notamment de l'or, du platine, et du chrome. L'exploitation de la mine de platine de Hartley au maximum de ses capacités devrait permettre à ce pays de se hisser au deuxième rang mondial en terme de production. Par ailleurs, le Zimbabwe possède de grands gisements de charbon et un immense potentiel hydroélectrique.

L'industrie manufacturière occupe la deuxième place en Afrique sub-saharienne derrière l'Afrique du Sud, et génère un peu plus de 30 % des exportations. Enfin, le tourisme est l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie. Le Zimbabwe est la troisième destination des touristes européens sur le continent, hors Maghreb, après le Kenya et l'Afrique du Sud.

En dépit de ses atouts, le Zimbabwe traverse une crise économique sans précédent dans son histoire. L'inflation a atteint un pic de 60 %, le déficit budgétaire a été de 7,5 % en 1999, alors que le gouvernement tablait sur un chiffre de 6,4 %, et la croissance du produit intérieur brut (PIB) a chuté de 7,3 % en 1996 à 1 % en 1999.

Par ailleurs, le Zimbabwe a une dette multilatérale de 4,5 milliards de dollars, qu'elle ne peut honorer à cause d'un manque de devises. Pour ne rien arranger, le Fonds monétaire international (FMI) a suspendu toute aide depuis l'an dernier pour manifester son désaccord sur le processus d'expropriation des terres des fermiers blancs ainsi que sur l'engagement du Zimbabwe en République démocratique du Congo (RDC). Une intervention qui coûte cher à l'Etat, 25 millions de dollars par mois environ, et qui n'est pas du goût des bailleurs de fonds. Pour aider son voisin, l'Afrique du Sud à offert à Harare un crédit d'urgence de 800 millions de rands (820 millions de FF) en février. Un ballon d'oxygène qui ne devrait pas sauver l'économie zimbabwéenne du désastre.

Sur le plan social, à cause notamment de la crise des terres qui ne permet pas d'effectuer les récoltes dans les conditions habituelles, la pénurie frappe les produits de base, comme le maïs ou les pommes de terre, dont les prix se sont envolés. L'essence s'est raréfiée, la compagnie nationale de pétrole, la Noczim, étant quasiment en situation de faillite avec une dette de plus de 200 millions de dollars auprès de ses fournisseurs. Le manque d'essence a considérablement affecté les activités industrielles. Les usines de séchage de tabac fonctionnent au ralenti. Déjà, les planteurs ont annoncé des pertes de 2,6 millions de dollars dans ce secteur.

Pour les Zimbabwéens, dont 50 % sont au chômage et 25 % vivent en dessous du seuil minimum de pauvreté, c'est un sentiment généralisé de frustration qui domine. Une frustration bien légitime si l'on considère par ailleurs l'impéritie et la corruption qui règnent dans le gouvernement.



par Philippe  TRIAY

Article publié le 23/06/2000