Sida
L'ONU et la bombe sida
Le Conseil de sécurité des Nations Unies va devoir se prononcer dans les jours qui viennent sur une résolution (la première) concernant directement le sida. L'épidémie est devenue, aux yeux des Américains notamment, un enjeu de sécurité internationale.
Au même titre que la prolifération des armes nucléaires ou chimiques, le sida met aujourd'hui en péril la sécurité dans le monde. C'est en tout cas l'analyse qu'en font les responsables de la diplomatie américaine. S'exprimant devant le Congrès à Washington, Richard Holbrooke, le représentant permanent des Etats-Unis auprès de l'ONU, a expliqué que " peu de problèmes menacent aussi gravement la prospérité économique et le développement mondial, la sécurité internationale et notre humanité commune que le spectre du VIH/sida ".
Depuis ce discours prononcé le 8 mars dernier, Richard Holbrooke martèle le même message. A l'occasion de la conférence de Durban, il a répété lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat américain que "parmi tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le monde aujourd'hui, le sida est le problème numéro un".
La prise de conscience est récente, mais le constat est désormais clair: le sida n'est plus seulement un problème de santé publique. La menace apparaît d'une telle ampleur et d'une telle urgence qu'elle s'apparente de plus en plus à une guerre. Les chiffres d'ailleurs en témoignent. En Afrique subsaharienne, le sida fait dix fois plus de victimes (2,6 millions de morts en 1999) tous les ans que tous les conflits armés du continent.
Un séisme démographique, économique et politique
Le sida est une véritable bombe capable de faucher des générations entières dans les pays les plus touchés, de remettre en cause le développement économique, de bouleverser les rapports de forces politiques ou ethniques. Le ministre sud-africain des affaires sociales, Zola Skeyiya, s'inquiétait, il y a quelques jours, que les ravages du sida puissent faire des Noirs une minorité au pays de Nelson Mandela.
Face à un séisme démographique (mais aussi politique et économique) de cette importance et qui ignore les frontières, les Nations Unies ont été longues à se mobiliser. La création d'Onusida n'est intervenue qu'en 1996 (l'organisme regroupe toutes les agences de l'ONU concernées par la lutte contre le sida) et le premier débat exclusivement consacré à la question du sida au Conseil de sécurité n'est intervenu que le 10 janvier 2000, soit 20 ans après le début de l'épidémie.
Le Conseil de sécurité devra se prononcer dans les jours qui viennent sur une première résolution ayant trait au sida. Le texte demande aux Etats membres d'encourager leurs casques bleus à effectuer des tests de dépistage de manière à ne pas faire d'eux des propagateurs de la maladie. Mais ce premier texte, d'une portée pourtant très limitée, suscite déjà des résistances de la part de certains pays membres.
La route qui conduit à une véritable mobilisation internationale des responsables politiques est encore pavée de multiples obstacles. En clôture de la conférence de Durban, Nelson Mandela a évoqué les difficultés à surmonter, en revenant sur la querelle qui oppose l'actuel président sud-africain, Thabo Mbeki, à la communauté scientifique internationale. "Beaucoup d'attention inutile est portée à une querelle qui, involontairement, détourne des vrais problèmes de vie et de mort auxquels nous sommes confrontés", a déclaré Mandela avant d'ajouter: "les gens ordinaires du continent, si on se souciait de leur demander leur avis, souhaiteraient que ces querelles soient surmontées et que l'on s'occupe de ceux qui souffrent et qui meurent".
Depuis ce discours prononcé le 8 mars dernier, Richard Holbrooke martèle le même message. A l'occasion de la conférence de Durban, il a répété lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat américain que "parmi tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le monde aujourd'hui, le sida est le problème numéro un".
La prise de conscience est récente, mais le constat est désormais clair: le sida n'est plus seulement un problème de santé publique. La menace apparaît d'une telle ampleur et d'une telle urgence qu'elle s'apparente de plus en plus à une guerre. Les chiffres d'ailleurs en témoignent. En Afrique subsaharienne, le sida fait dix fois plus de victimes (2,6 millions de morts en 1999) tous les ans que tous les conflits armés du continent.
Un séisme démographique, économique et politique
Le sida est une véritable bombe capable de faucher des générations entières dans les pays les plus touchés, de remettre en cause le développement économique, de bouleverser les rapports de forces politiques ou ethniques. Le ministre sud-africain des affaires sociales, Zola Skeyiya, s'inquiétait, il y a quelques jours, que les ravages du sida puissent faire des Noirs une minorité au pays de Nelson Mandela.
Face à un séisme démographique (mais aussi politique et économique) de cette importance et qui ignore les frontières, les Nations Unies ont été longues à se mobiliser. La création d'Onusida n'est intervenue qu'en 1996 (l'organisme regroupe toutes les agences de l'ONU concernées par la lutte contre le sida) et le premier débat exclusivement consacré à la question du sida au Conseil de sécurité n'est intervenu que le 10 janvier 2000, soit 20 ans après le début de l'épidémie.
Le Conseil de sécurité devra se prononcer dans les jours qui viennent sur une première résolution ayant trait au sida. Le texte demande aux Etats membres d'encourager leurs casques bleus à effectuer des tests de dépistage de manière à ne pas faire d'eux des propagateurs de la maladie. Mais ce premier texte, d'une portée pourtant très limitée, suscite déjà des résistances de la part de certains pays membres.
La route qui conduit à une véritable mobilisation internationale des responsables politiques est encore pavée de multiples obstacles. En clôture de la conférence de Durban, Nelson Mandela a évoqué les difficultés à surmonter, en revenant sur la querelle qui oppose l'actuel président sud-africain, Thabo Mbeki, à la communauté scientifique internationale. "Beaucoup d'attention inutile est portée à une querelle qui, involontairement, détourne des vrais problèmes de vie et de mort auxquels nous sommes confrontés", a déclaré Mandela avant d'ajouter: "les gens ordinaires du continent, si on se souciait de leur demander leur avis, souhaiteraient que ces querelles soient surmontées et que l'on s'occupe de ceux qui souffrent et qui meurent".
par Philippe Couve
Article publié le 14/07/2000