Guinée
Procès Condé: une farce judiciaire<br>
Le procès d'Alpha Condé a repris mercredi 23 août à Conakry. Après le réquisitoire du procureur, qui avait réclamé la réclusion à perpétuité pour l'opposant guinéen et ses co-accusés le 16 août, les avocats de la défense ont commencé leurs plaidoiries, alors que de plus en plus de voix réclament des sanctions contre le régime de Lansana Conté.
La semaine dernière, le procureur Yves William Aboly avait détaillé les charges qui pèsent sur l'opposant et ses co-accusés, dont celle d'«atteinte à l'autorité de l'Etat et à l'intégrité du territoire», et avait surtout requis l'emprisonnement à perpétuité contre Alpha Condé et 40 autres personnes. Mercredi en fin de matinée, c'était au tour de la défense de commencer sa plaidoirie dans un procès unanimement considéré comme une «farce judiciaire». Les avocats d'Alpha Condé n'en ont pas moins annoncé qu'ils récuseraient point par point les arguments du procureur. «Nous allons tout simplement démonter l'acte d'accusation et prouver qu'il est monté de toute pièce», a expliqué sur RFI, Paul Yomba-Kourouma, l'un des sept avocats du leader du RPG.
Tous sont commis d'office. Peu après l'ouverture du procès, le 12 avril dernier, le collectif d'avocats guinéens et étrangers initialement chargé du dossier avait en effet décidé de se retirer pour ne pas cautionner ce qu'il considère comme une «parodie de justice». Préférant témoigner hors du prétoire, il a néanmoins fortement contribué à mobiliser l'opinion africaine et internationale autour d'une affaire suivie de près dans les pays de la région.
De fait, l'affaire Alpha Condé provoque des réactions de plus en plus nombreuses à l'extérieur. Avocats, intellectuels, députés ou chefs d'Etats: la liste des personnalités qui réclament la libération du célèbre opposant s'allonge chaque jour. Fin juillet, l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), majoritairement composée de députés africains, a ainsi purement et simplement réclamé «la suspension des aides de toute nature accordées au gouvernement guinéen jusqu'à ce qu'il accepte de libérer Alpha Condé».
L'attentisme de la France
Lors de son passage en Guinée, en juillet 1999, Jacques Chirac s'était entretenu du cas Condé avec le président Lansana Conté, de même que le ministre délégué à la Coopération, Charles Josselin, quelques mois plus tard. Mais un nombre croissant de voix s'élève pour demander à la France, principal bailleur de fonds de la Guinée, d'accentuer la pression en adoptant des sanctions contre le régime de Conakry. Début août, deux membres du gouvernement sénégalais avaient même reproché à Paris de soutenir Lansana Conté. «Si la France ne soutenait pas ce dictateur aux petits pieds, il y a longtemps que le changement serait intervenu» à Conakry, avait déclaré le ministre de l'Urbanisme, Amath Dansokho. En France, le député Pierre-André Wiltzer (UDF), qui préside la commission politique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, a également critiqué l'attitude de la France à l'égard du régime guinéen. A Paris, on assure préférer les actions discrètes au coup d'éclat. En Afrique en tous cas, où l'on ne manque pas de rappeler la récente prise de position de Charles Josselin sur la Côte d'Ivoire, la France est clairement perçue comme la plus à même de faire plier l'homme fort de Conakry.
Tous sont commis d'office. Peu après l'ouverture du procès, le 12 avril dernier, le collectif d'avocats guinéens et étrangers initialement chargé du dossier avait en effet décidé de se retirer pour ne pas cautionner ce qu'il considère comme une «parodie de justice». Préférant témoigner hors du prétoire, il a néanmoins fortement contribué à mobiliser l'opinion africaine et internationale autour d'une affaire suivie de près dans les pays de la région.
De fait, l'affaire Alpha Condé provoque des réactions de plus en plus nombreuses à l'extérieur. Avocats, intellectuels, députés ou chefs d'Etats: la liste des personnalités qui réclament la libération du célèbre opposant s'allonge chaque jour. Fin juillet, l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), majoritairement composée de députés africains, a ainsi purement et simplement réclamé «la suspension des aides de toute nature accordées au gouvernement guinéen jusqu'à ce qu'il accepte de libérer Alpha Condé».
L'attentisme de la France
Lors de son passage en Guinée, en juillet 1999, Jacques Chirac s'était entretenu du cas Condé avec le président Lansana Conté, de même que le ministre délégué à la Coopération, Charles Josselin, quelques mois plus tard. Mais un nombre croissant de voix s'élève pour demander à la France, principal bailleur de fonds de la Guinée, d'accentuer la pression en adoptant des sanctions contre le régime de Conakry. Début août, deux membres du gouvernement sénégalais avaient même reproché à Paris de soutenir Lansana Conté. «Si la France ne soutenait pas ce dictateur aux petits pieds, il y a longtemps que le changement serait intervenu» à Conakry, avait déclaré le ministre de l'Urbanisme, Amath Dansokho. En France, le député Pierre-André Wiltzer (UDF), qui préside la commission politique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, a également critiqué l'attitude de la France à l'égard du régime guinéen. A Paris, on assure préférer les actions discrètes au coup d'éclat. En Afrique en tous cas, où l'on ne manque pas de rappeler la récente prise de position de Charles Josselin sur la Côte d'Ivoire, la France est clairement perçue comme la plus à même de faire plier l'homme fort de Conakry.
par Christophe Champin
Article publié le 23/08/2000