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Zimbabwe

700 "squatters" chassés des fermes occupées<br> <br>

Pour la première fois depuis le début de la "guerre des fermes blanches", en février 2000, les forces de l'ordre ont évacué des terres occupées par des squatters ou des anciens combattants noirs, parfois avec l'aide des ouvriers noirs et des propriétaires blancs.
Robert Mugabe et le gouvernement issu des dernières élections ont décidé de passer aux actes, en demandant à la police de tout mettre en £uvre pour que certaines fermes illégalement occupées par des anciens combattants soient restituées à leurs propriétaires. "Les policiers ont mis le feu et ont tout détruit. Ils nous ont pris par surprise; c'est de la trahison", a déclaré une des occupantes de la ferme de Stoneridge (à Chitungwiza). "Ils nous ont tout pris, notre or, notre argent, même notre vêtements, et nous ont laissé en sous-vêtements. Ils ont aussi enlevé les foulards des musulmanes", ont déclaré d'autres "squatters".

Accusée d'inaction - sinon de complicité avec les occupants - la police, qui a visiblement reçu des ordres bien plus stricts que dans le passé, a mené des opérations commandos sur plusieurs fermes, près de la capitale Harare, mais aussi ailleurs, notamment à Waterfalls. Elle a systématiquement brûlé et détruit les huttes traditionnelles et les constructions en briques érigées par les anciens combattants. Elle a également arrêté des dizaines d'occupants, ainsi que des vétérans qui avaient érigés des barrages routiers dans le nord-est du Zimbabwe pour protester contre la lenteur de la reforme agraire en cours. Le gouvernement a récemment attribué des terres à plus de 1800 familles noirs dans le cadre de cette réforme controversée qui prévoie la saisie de plus de 3.000 fermes appartenant à des Blancs.

Ce durcissement a été justifié par le ministre de l'Intérieur John Nkomo dans des termes très explicites: "Etant donné que la redistribution des terres est en cours, a-t-il déclaré, aucune nouvelle manifestation sur les fermes ne sera tolérée, ni aucune distribution illégale de terres. Que toutes les personnes concernées prennent note que l'anarchie et les autres attitudes négatives seront traitées rapidement et fermement". En fait, les autorités zimbabwéennes semblent de plus en plus irritées par l'attitude des vétérans et surtout de leur leader Chenjerai Hunzvi, qui a appelé ses "milices" à poursuivre les occupations de fermes appartenant à des Blancs et à ériger des barrages routiers illégaux. Elles peuvent compter sur l'appui direct de la quasi totalité des ouvriers agricoles - souvent d'origine étrangère - dont le nombre est estimé de 500.000 à 700.000, et qui ont été les premières victimes des exactions des "squatters".

Ce premier revers pour les vétérans de Hunzvi pourrait profiter quelque peu au régime de Mugabe, souvent critiqué à la fois à l'intérieur du pays et à l'étranger, au moment où l'organisation non gouvernementale Transparence internationale estime à 800 millions de dollars le montant des fonds publics détournés depuis 1995 au Zimbabwe: des détournements qui ont des effets dévastateurs sur une économie déjà exsangue.



par Elio  Comarin

Article publié le 23/08/2000