Pétrole
L'Opep augmente sa production
Les onze ministres du pétrole de l'Opep ont décidé dimanche 10 septembre de relever de 800 000 barils/jour leur plafond de production. Un geste des pays pétroliers envers les pays consommateurs mais dont l'effet reste à évaluer.
Les marchés ont réagi prudemment lundi matin à la décision prise la veille par les ministres du pétrole de l'Opep d'augmenter de 800 000 barils/jour le plafond de production. A l'ouverture de l'International Petroleum Exchange de Londres, le baril de Brent (Mer du Nord) s'échangeait à 32,20 dollars contre 32,78 dollars à la clôture vendredi après avoir dépassé 35 dollars quelques jours plus tôt.
Cette augmentation est peut-être inférieure à l'attente des pays consommateurs, mais elle est supérieure aux chiffres de 500 000 ou 700 000 qui étaient évoqués avant la réunion de Vienne. En outre, selon le ministre saoudien du Pétrole Ali al Nouaïmi, le cartel pétrolier peut déclencher «n'importe quand» le mécanisme d'ajustement qui permet une augmentation de la production de 500 000 barils/jour au cas où les cours dépassent 28 dollars pendant plus de vingt jours consécutifs. Enfin, les ministres du Pétrole de l'Opep doivent se retrouver le 12 novembre pour faire le point, ce qui permettra un ajustement de la production à la situation sur les marchés.
Nombreux sont les spécialistes qui estiment que le cours d'équilibre se situe actuellement autour de 25 dollars le baril. Mais la décision des pays exportateurs ne garantit pas que les prix vont tomber durablement à ce niveau. D'une part, à l'approche de l'hiver, les pays consommateurs doivent reconstituer leurs stocks, ce qui constitue un facteur de hausse, d'autre part, une baisse légère, mais significative du prix du brut peut encourager les compagnies à acheter massivement, ce qui pourrait non seulement freiner la baisse des cours, mais même les faire repartir, à la hausse. Enfin, troisième facteur susceptible d'influer sur la décision de l'Opep et sur les prix: la situation politique. L'or noir n'est en effet pas une marchandise comme les autres, c'est une denrée éminemment élastique à la conjoncture internationale. D'ici au 12 novembre, on connaîtra le nom du nouveau président américain et la situation au Proche-Orient se sera décantée, soit dans le sens du blocage, soit dans le sens de la paix.
Le paradoxe, dans la situation actuelle, est que la planète n'est aucunement menacée d'une quelconque pénurie d'approvisionnement, ni à court, ni à moyen terme, comme le fait remarquer le directeur de la revue Pétrostratégies, Pierre Terzian. Et à long terme, le gaz naturel, dont les réserves prouvées sont considérables, devrait progressivement se substituer au pétrole.
Pour autant, on ne devrait pas assister à une résurgence de la guerre des prix telle que l'on a pu en faire l'expérience en 1974 et 1979, lors des deux premiers chocs pétroliers. Il y a tout d'abord une raison politique. A l'époque, le cartel pétrolier était divisé entre les «durs» (Algérie, Iran, Irak) et les pro-occidentaux (essentiellement les monarchies pétrolières) que la politique moyen-orientale obligeait à suivre les premiers. Désormais, le paysage diplomatique est apaisé et nul ne songe plus à faire du pétrole une arme politique, pas même l'Irak qui souhaite au contraire élargir son quota de production.
En second lieu, la logique économique commande aux pays producteurs de ne pas casser la croissance des pays industrialisés. L'une des cuisantes leçons des deux premiers chocs est que le renchérissement outrancier du prix de l'énergie a brisé la croissance de ces derniers, provoquant une récession qui s'est traduite par une baisse de la consommation de pétrole, et donc un marasme durable du marché pétrolier. Aujourd'hui, il n'est pas exagéré de dire que pays exportateurs et importateurs de pétrole ont, dans une large mesure, les mêmes intérêts.
Reste la satisfaction pour l'Opep d'avoir retrouvé un rôle moteur dans la gestion des cours, après une éclipse de plus de quinze ans. Le président vénézuélien Hugo Chàvez, qui a habilement su utiliser une conjoncture favorable, pourra accueillir triomphalement ses collègues à Caracas à la fin du mois, lors du sommet de l'Organisation, le second depuis sa création au début des années soixante.
Cette augmentation est peut-être inférieure à l'attente des pays consommateurs, mais elle est supérieure aux chiffres de 500 000 ou 700 000 qui étaient évoqués avant la réunion de Vienne. En outre, selon le ministre saoudien du Pétrole Ali al Nouaïmi, le cartel pétrolier peut déclencher «n'importe quand» le mécanisme d'ajustement qui permet une augmentation de la production de 500 000 barils/jour au cas où les cours dépassent 28 dollars pendant plus de vingt jours consécutifs. Enfin, les ministres du Pétrole de l'Opep doivent se retrouver le 12 novembre pour faire le point, ce qui permettra un ajustement de la production à la situation sur les marchés.
Nombreux sont les spécialistes qui estiment que le cours d'équilibre se situe actuellement autour de 25 dollars le baril. Mais la décision des pays exportateurs ne garantit pas que les prix vont tomber durablement à ce niveau. D'une part, à l'approche de l'hiver, les pays consommateurs doivent reconstituer leurs stocks, ce qui constitue un facteur de hausse, d'autre part, une baisse légère, mais significative du prix du brut peut encourager les compagnies à acheter massivement, ce qui pourrait non seulement freiner la baisse des cours, mais même les faire repartir, à la hausse. Enfin, troisième facteur susceptible d'influer sur la décision de l'Opep et sur les prix: la situation politique. L'or noir n'est en effet pas une marchandise comme les autres, c'est une denrée éminemment élastique à la conjoncture internationale. D'ici au 12 novembre, on connaîtra le nom du nouveau président américain et la situation au Proche-Orient se sera décantée, soit dans le sens du blocage, soit dans le sens de la paix.
Le paradoxe, dans la situation actuelle, est que la planète n'est aucunement menacée d'une quelconque pénurie d'approvisionnement, ni à court, ni à moyen terme, comme le fait remarquer le directeur de la revue Pétrostratégies, Pierre Terzian. Et à long terme, le gaz naturel, dont les réserves prouvées sont considérables, devrait progressivement se substituer au pétrole.
Pour autant, on ne devrait pas assister à une résurgence de la guerre des prix telle que l'on a pu en faire l'expérience en 1974 et 1979, lors des deux premiers chocs pétroliers. Il y a tout d'abord une raison politique. A l'époque, le cartel pétrolier était divisé entre les «durs» (Algérie, Iran, Irak) et les pro-occidentaux (essentiellement les monarchies pétrolières) que la politique moyen-orientale obligeait à suivre les premiers. Désormais, le paysage diplomatique est apaisé et nul ne songe plus à faire du pétrole une arme politique, pas même l'Irak qui souhaite au contraire élargir son quota de production.
En second lieu, la logique économique commande aux pays producteurs de ne pas casser la croissance des pays industrialisés. L'une des cuisantes leçons des deux premiers chocs est que le renchérissement outrancier du prix de l'énergie a brisé la croissance de ces derniers, provoquant une récession qui s'est traduite par une baisse de la consommation de pétrole, et donc un marasme durable du marché pétrolier. Aujourd'hui, il n'est pas exagéré de dire que pays exportateurs et importateurs de pétrole ont, dans une large mesure, les mêmes intérêts.
Reste la satisfaction pour l'Opep d'avoir retrouvé un rôle moteur dans la gestion des cours, après une éclipse de plus de quinze ans. Le président vénézuélien Hugo Chàvez, qui a habilement su utiliser une conjoncture favorable, pourra accueillir triomphalement ses collègues à Caracas à la fin du mois, lors du sommet de l'Organisation, le second depuis sa création au début des années soixante.
par Olivier Da Lage
Article publié le 11/09/2000