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Pétrole

La France craint la panne sèche

Le «geste» fiscal du gouvernement français en direction des professionnels les plus touchés par l'envolée des prix du carburant n'aura pas suffi. Alors que les marins-pêcheurs, satisfaits d'un allégement de charges destiné à compenser la hausse du gazole, libéraient l'accès aux ports, les routiers entamaient le blocage des dépôts de carburants.
Soutenus par les agriculteurs, ambulanciers, taxis, professions dépendantes des prix du carburant, les routiers ont bloqué, au cours du week-end, de nombreuses raffineries et dépôts de carburants, semant la panique chez les automobilistes. De longues files d'attentes s'alignaient devant les stations-services, créant d'elles-mêmes la pénurie.

La négociation entre les organisations patronales de transporteurs routiers et le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, lundi et mardi, s'est centrée sur un allégement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), qui s'élève, en France, à 2,57 FF par litre de gazole. Une partie de cette taxe est déjà remboursée aux routiers mais ceux-ci souhaitent voir l'allégement porté à 0,50 FF, sachant que les taxes françaises sont les plus lourdes d'Europe, après la Grande-Bretagne, soit environ 77% pour le gazole, tandis que le gouvernement n'est prêt à aller que jusqu'à 0,25 FF.

Forts des avantages obtenus, vendredi dernier, par les marins-pêcheurs, les transporteurs routiers semblaient déterminés à prolonger, jusqu'à la conclusion d'un accord avec le gouvernement, le blocus des raffineries et dépôts de carburants.

La crainte de la panne sèche s'est aussitôt emparée des automobilistes, qui, se ruant pour faire le plein ont entraîné rapidement l'épuisement des réserves. Dans certains départements particulièrement touchés par cette psychose, des stations-services ont été réquisitionnées pour alimenter, en priorité, les pompiers, services de santé et d'urgence.

La grogne s'étend également à l'Espagne où un boycottage des stations-services du premier groupe pétrolier du pays, Repsol, a été décidé par des organisations de transporteurs, agriculteurs, pêcheurs et des associations de consommateurs.

Les pouvoirs publics commencent à s'inquiéter de la situation, à quelques jours de la réunion ministérielle de l'Opep, et la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, AnneGazeau-Secret, a estimé préoccupante la volatilité des cours du pétrole, alors que leur stabilité serait nécessaire aux pays consommateurs comme aux pays producteurs.

Loyola de Palacio, commissaire européenne chargée des transports et de l'énergie devait inviter, mercredi, les membres de l'Union européenne à définir une position commune, afin de peser sur les décisions du cartel pétrolier.



par Francine  Quentin

Article publié le 05/09/2000