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Pétrole

La France modère son appétit fiscal

Le gouvernement français tente de limiter les conséquences de l'envolée du prix du pétrole, pour les professionnels et les particuliers, en modérant son propre appétit fiscal et en mettant à contribution les compagnies pétrolières, grandes bénéficiaires de la situation. En revanche, la France n'a guère de prise sur les décisions qui devraient être prises, en septembre, à Vienne puis à Caracas, par les membres de l'Opep.
Depuis quelques semaines, en France, les professionnels dépendants des prix du gazole et du fioul, marins-pêcheurs, agriculteurs, routiers, marquaient un mécontentement croissant devant les prix des carburants: blocages des ports ou des raffineries, menaces de manifestations sur les routes. Les particuliers, quant à eux, s'inquiétaient du montant de leur facture de fioul de chauffage, l'hiver prochain et faisaient la grimace dans les stations-services, en faisant le plein de leur voiture.

Le gouvernement Jospin, par la voix de son ministre des Finances Laurent Fabius, et celle de Jean Glavany, ministre de l'Agriculture, ont annoncé jeudi une série de mesures atténuant les répercussions de la hausse du baril, actuellement au-dessus de 30 dollars.

En présentant son plan d'allègement des impôts entre 2001 et 2003, Laurent Fabius a reconnu que, par le biais de la fiscalité pétrolière, l'Etat s'enrichissait au détriment des consommateurs, dans les périodes de hausse des prix. C'est pourquoi, les taxes prélevées sur les carburants seront limitées et modulées afin de neutraliser leur effet sur les prix. Par un jeu de compensation, la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) sera réduite à hauteur de l'augmentation du produit de la taxe à la valeur ajoutée (TVA), liée mécaniquement au prix du baril. De même, les augmentations de la TIPP prévues pour 2001 sur l'essence sans plomb et le gazole sont suspendues.

Les marins-pêcheurs, particulièrement touchés par l'augmentation du prix du carburant, bénéficieront d'allégements temporaires des charges sociales, tandis que les routiers et les réseaux de transports en commun seront partiellement remboursés des taxes perçues sur le gazole. Les particuliers, qui ne peuvent espérer à court terme, une diminution sensible du prix de l'essence trouvent une légère compensation dans la disparition de la "vignette", impôt «provisoire» créé il y a 44 ansà

Le Budget de l'Etat n'entend cependant pas être le seul à faire des sacrifices. Pour compenser la réduction de 30% de la taxation sur le fioul domestique, soit 3,5 milliards de FF, les compagnies pétrolières présentes en France, TotalfinaElf, Exxon-Mobil, Shell et BP devront passer par une contribution exceptionnelle du même montant. Leurs protestations, immédiates, ou les menaces de délocalisations ne peuvent occulter l'insolente santé dont ces compagnies pétrolières font preuve lors de la publication régulière de leurs résultats financiers.

En revanche, l'avenir de l'évolution du prix du baril reste largement entre les mains de l'Opep dont les ministres se réunissent le 10 septembre à Vienne, avant le sommet du 40è anniversaire de l'Organisation, fin septembre, au Venezuela.



par Francine  Quentin

Article publié le 01/09/2000