Guinée
Cinq ans de prison pour Alpha Condé
L'opposant guinéen Alpha Condé a été condamné lundi à cinq ans de réclusion criminelle par la Cour de sûreté de Conakry, pour atteinte à l'autorité de l'Etat.L'opposant guinéen Alpha Condé a été condamné lundi à cinq ans de réclusion criminelle par la Cour de sûreté de Conakry, pour atteinte à l'autorité de l'Etat. Le verdict est clément, au regard de la perpétuité réclamée par le procureur. Mais le leader du RPG n'en reste pas moins emprisonné pour des faits qu'il nie catégoriquement.
Après cinq mois d'un procès qualifié par ses partisans de «farce judiciaire», Alpha Condé a finalement été condamné à cinq années d'emprisonnement, lundi soir, par la Cour de sûreté de Conakry. Sept de ses co-accusés écopent de peines de 18 à trois mois de prison, alors que quarante autres ont bénéficié d'un non lieu ou ont été acquittés «au bénéfice du doute».
Le verdict de ce tribunal militaire entièrement acquis au régime du président Lansana Conté n'a surpris que par sa relative clémence. Si personne ne s'attendait à ce que l'opposant soit relaxé, la peine prononcée contre l'opposant et sept de ses co-accusés est largement inférieure à la perpétuité réclamée par le procureur. Sauf que pour ses nombreux partisans, comme pour la majorité des observateurs, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), emprisonné depuis décembre 1998, n'est coupable d'aucun des faits qui lui sont reprochés.
Une déclaration magistrale
Arrêté dans le sud du pays, au lendemain de l'élection présidentielle fortement contestée du 14 décembre 1998, il a ensuite été accusé d'avoir tenté de quitter le pays pour organiser depuis l'extérieur un coup d'Etat contre Lansana Conté. Depuis le début de son procès, le 12 avril dernier, Alpha Condé avait toujours refusé de s'expliquer sur des accusations qualifiées de «fantaisistes». Mais hier, l'opposant est sorti de son mutisme dans une déclaration magistrale. «Je maintiens, persiste et signe que tout ce que l'on m'impute est faux. Je n'ai jamais voulu fuir le pays. Tous les témoins à charges sont des faux témoins», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «Je suis un intellectuel, mon combat est un combat d'idées et mes armes, la plume et la parole». Alpha Condé a ensuite répondu à l'acharnement des autorités guinéennes, en assurant n'avoir «ni haine, ni revanche». «Si je dois être cet homme voué aux souffrances et à l'injustice pour permettre demain l'accès de notre pays à la démocratie, au bonheur et à la prospérité, c'est un sort que j'accepte avec fierté», a-t-il ajouté.
Il s'est ensuite adressé aux avocats commis d'office. Désignés par le tribunal, après qu'un collectif de défenseurs se fut retiré pour ne pas cautionner un procès politique, l'opposant les avait immédiatement récusés. Mais il leur a rendu un hommage appuyé. «Vous êtes aujourd'hui la fierté de la Guinée. Tout a été fait pour vous ridiculiser, vous humilier parce que récusés, mais vous avez fait honneur à votre robe», a-t-il lancé à leur attention. Bien que désignés arbitrairement, dans un contexte politique de surcroît très sensible, ces derniers n'ont pas ménagés leurs efforts pour démonter l'accusation et obtenir l'acquittement d'Alpha Condé.
Il reste maintenant à savoir quel va être le sort de l'opposant dans les prochains jours. Pour ses proches, le verdict de la cour de sûreté est une preuve supplémentaire de l'inconsistance du dossier de l'accusation. Certains évoquent d'ailleurs une éventuelle grâce présidentielle. Elle permettrait de mettre un terme à un affaire qui n'a fait que renforcer l'image dictatoriale de la Guinée. Mais dans ce pays à part, la décision reste entre les mains d'un «général-président» peu soucieux des critiques et des pressions extérieures.
Le verdict de ce tribunal militaire entièrement acquis au régime du président Lansana Conté n'a surpris que par sa relative clémence. Si personne ne s'attendait à ce que l'opposant soit relaxé, la peine prononcée contre l'opposant et sept de ses co-accusés est largement inférieure à la perpétuité réclamée par le procureur. Sauf que pour ses nombreux partisans, comme pour la majorité des observateurs, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), emprisonné depuis décembre 1998, n'est coupable d'aucun des faits qui lui sont reprochés.
Une déclaration magistrale
Arrêté dans le sud du pays, au lendemain de l'élection présidentielle fortement contestée du 14 décembre 1998, il a ensuite été accusé d'avoir tenté de quitter le pays pour organiser depuis l'extérieur un coup d'Etat contre Lansana Conté. Depuis le début de son procès, le 12 avril dernier, Alpha Condé avait toujours refusé de s'expliquer sur des accusations qualifiées de «fantaisistes». Mais hier, l'opposant est sorti de son mutisme dans une déclaration magistrale. «Je maintiens, persiste et signe que tout ce que l'on m'impute est faux. Je n'ai jamais voulu fuir le pays. Tous les témoins à charges sont des faux témoins», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «Je suis un intellectuel, mon combat est un combat d'idées et mes armes, la plume et la parole». Alpha Condé a ensuite répondu à l'acharnement des autorités guinéennes, en assurant n'avoir «ni haine, ni revanche». «Si je dois être cet homme voué aux souffrances et à l'injustice pour permettre demain l'accès de notre pays à la démocratie, au bonheur et à la prospérité, c'est un sort que j'accepte avec fierté», a-t-il ajouté.
Il s'est ensuite adressé aux avocats commis d'office. Désignés par le tribunal, après qu'un collectif de défenseurs se fut retiré pour ne pas cautionner un procès politique, l'opposant les avait immédiatement récusés. Mais il leur a rendu un hommage appuyé. «Vous êtes aujourd'hui la fierté de la Guinée. Tout a été fait pour vous ridiculiser, vous humilier parce que récusés, mais vous avez fait honneur à votre robe», a-t-il lancé à leur attention. Bien que désignés arbitrairement, dans un contexte politique de surcroît très sensible, ces derniers n'ont pas ménagés leurs efforts pour démonter l'accusation et obtenir l'acquittement d'Alpha Condé.
Il reste maintenant à savoir quel va être le sort de l'opposant dans les prochains jours. Pour ses proches, le verdict de la cour de sûreté est une preuve supplémentaire de l'inconsistance du dossier de l'accusation. Certains évoquent d'ailleurs une éventuelle grâce présidentielle. Elle permettrait de mettre un terme à un affaire qui n'a fait que renforcer l'image dictatoriale de la Guinée. Mais dans ce pays à part, la décision reste entre les mains d'un «général-président» peu soucieux des critiques et des pressions extérieures.
par Christophe Champin
Article publié le 12/09/2000