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Guinée

La mobilisation se poursuit autour d'Alpha Condé

Après la condamnation d'Alpha Condé à cinq années d'emprisonnement, la mobilisation se poursuit pour sa libération. Le collectif qui milite pour la libération de l'opposant guinéen et le parti socialiste français dénoncent le verdict et réclament l'élargissement de l'opposant guinéen.
Au lendemain du verdict de la cour de sûreté de Conakry, qui a condamné lundi soir Alpha Condé à cinq années de prison, les nombreux proches et personnalités de tous bords mobilisés depuis de longs mois pour sa libération ne désarment pas. «Le verdict qui vient de tomber a corroboré le fait que le dossier d'accusation est vide. Quant un citoyen est accusé d'avoir mobilisé des forces extérieures et intérieures pour renverser le chef de l'Etat, je ne pense pas que le verdict soit conforme aux lourdes charges qui pèsent sur Alpha Condé», a estimé Biro Diallo, président de l'Assemblée nationale guinéenne de passage à Paris. Membre fondateur et ex-secrétaire général du parti au pouvoir, ce vétéran de la politique guinéenne a tenu à joindre sa voix au collectif pour la libération d'Alpha Condé, qui se réunissait, mardi après midi, à l'Assemblée nationale. Aux côtés de Bâ Mamadou et Siradiou Diallo, deux des principaux leaders de l'opposition au régime de Lansana Conté, il a réitéré une position qui lui a valu l'exclusion de son parti: «Dès le départ j'ai dit que j'étais contre le procès car notre constitution reconnaît l'immunité parlementaire. Aucun député ne peut-être arrêté sauf en cas de flagrant délit qui n'a pas été établi en ce qui concerne Alpha Condé.»

L'appel du Parti socialiste français

Plusieurs hommes politiques, avocats et amis de l'opposant ont également tenu à condamner fermement le «verdict inique" du tribunal militaire et ont appelé à la poursuite de la mobilisation pour son élargissement et sa réhabilitation. Pour Robert Dossou, le doyen du collectif des avocats qui avaient pris sa défense, le verdict du tribunal confirme la justesse de sa décision de quitter le prétoire. «Si nous restions nous allions servir d'alibi", a fait remarquer l'avocat béninois. Pierre-André Wiltzer, député français (UDF) et président de la commission politique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), condamne quant à lui un verdict «qui a prouvé le vide de l'accusation» et doit être «un stimulant pour demander la libération d'Alpha Condé». Réitérant la position des parlementaires francophones en faveur de l'isolement du régime de Conakry adoptée en juillet, le député a une nouvelle fois appelé le gouvernement français à «prendre ses responsabilités.»

L'appel a été entendu par le Parti socialiste français qui a réclamé mardi «l'isolement du régime au pouvoir»en Guinée. «Il s'agit d'un procès politique dont le dossier d'accusation était à l'évidence vide»et dont le but était «d'écarter de la vie politique un des principaux leaders de l'opposition», estime le secrétariat international du mouvement dans communiqué. Pour sa part, le gouvernement français souhaite que «la Guinée retrouve la voie du dialogue entre les forces politiques», mais n'évoque pas encore de sanctions contre le régime de Conakry.

La situation en Guinée continue en tous cas à inquiéter les pays de la région. Hier, le président malien Alpha Oumar Konaré s'est rendu à Conakry pour une mission de médiation dans le différend qui oppose ce pays au Libéria et à la Sierra Leone. Le régime guinéen affirme que des incursions militaires, menées depuis leurs territoires, ont fait au moins 80 morts et une dizaine de disparus depuis le 1er septembre. Le week-end dernier, les forces de sécurité s'étaient livrées à des rafles de grande ampleur parmi les Libériens et les Sierra-Léonais installés en Guinée, après les déclarations du président Lansana Conté accusant les étrangers de soutenir les agresseurs.



par Christophe  Champin

Article publié le 13/09/2000